Est-ce que les efforts de Giorgia Meloni contre l’immigration illégale sont sabotés?

La Première ministre italienne doit faire face seule à la crise migratoire

Par Rocco Loiacono
22 septembre 2023 17:19 Mis à jour: 22 septembre 2023 17:19

Le week-end dernier, la crise de l’immigration clandestine qui frappe l’Europe a atteint de nouveaux sommets lorsque plus de 6000 personnes sont arrivées par bateau sur la petite île italienne de Lampedusa, à mi-chemin entre la Tunisie et l’Italie.

Cela porte le nombre total d’arrivées illégales à plus de 100.000 cette année, soit le double du nombre enregistré à la même période l’année dernière.

En octobre 2022, Giorgia Meloni, la Première ministre du gouvernement de centre droit italien, a été élue sur la base d’un programme visant à mettre un terme à ces arrivées illégales, mais elle s’est heurtée à une opposition farouche de la part de ses adversaires politiques en Italie et dans l’Union européenne.

Mme Meloni sait qu’une fois que les migrants ont posé le pied dans votre pays, il est pratiquement impossible de les renvoyer où que ce soit.

Sa politique vise donc à les empêcher d’arriver en Italie.

Comme je l’ai écrit dans Epoch Times l’année dernière, lors d’une interview télévisée Mme Meloni a révélé : « La solution n’est donc pas de prendre les Africains et de les amener en Europe. La solution, c’est de libérer les Africains de certains Européens qui les exploitent et de permettre à ces gens de vivre de ce qu’ils ont. »

Depuis son élection, la Première ministre italienne a tenté de faire comprendre aux autres dirigeants européens que la crise de l’immigration illégale ne pouvait être résolue par un seul État. Le Royaume-Uni est confronté à un problème similaire : des dizaines de milliers de personnes ont traversé la Manche par bateau depuis la France cette année.

Dans le cas de l’Italie, les arrivées par bateau proviennent de Tunisie, un pays en faillite et au bord de l’effondrement. Son président, Kaïs Saïed, élu en 2019, a suspendu la démocratie en 2021 et gouverne par décrets.

Comme tout État en faillite, la Tunisie est donc un terrain propice pour le crime organisé et, dans ce cas, pour les passeurs.

Des immigrés illégaux se rassemblent devant le centre « Hotspot » sur l’île italienne de Lampedusa, le 14 septembre 2023. (Alessandro Serrano/AFP via Getty Images)

Pas de changement sur le terrain

En juillet dernier, Giorgia Meloni a organisé un sommet à Rome. Grâce à ses efforts, l’Union européenne (UE), en présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a signé un accord à Tunis avec le président Saïed, dans lequel elle s’engageait à verser 105 millions d’euros à la Tunisie pour arrêter les bateaux transportant des migrants illégaux.

L’UE a également accordé à la Tunisie une aide de 150 millions d’euros – première tranche d’un programme d’aide et d’investissement d’un milliard d’euros.

Peu après, Mme Meloni s’est adressée à un sommet de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Rome, déclarant : « Notre objectif est de garantir le droit de chacun de ne pas émigrer, c’est-à-dire à vivre en paix sur sa propre terre. »

Pourtant, les bateaux de migrants n’ont pas cessé de circuler. Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, Tunis n’a pas encore reçu un seul euro des fonds promis par l’UE.

Comme le rapporte le quotidien italien Il Giornale, les députés européens de gauche à Bruxelles jouent des jeux politiques, bloquant les fonds, déclarant que l’accord constitue une tentative inutile d’essayer de contrôler les frontières extérieures et que le blocage des départs de migrants depuis la Tunisie constitue « une violation des droits de l’homme ».

La Première ministre italienne Giorgia Meloni (à g.) serre la main de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d’une réunion au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 3 novembre 2022. (Valeria Mongelli/AFP via Getty Images)

Est-ce que le trafic de la misère humaine via des traversées maritimes périlleuses et mises en place par le crime organisé ne mériterait donc pas d’être condamné ?

En réalité, comme l’a écrit Nicholas Farrell dans The Spectator, les arrivées de migrants illégaux ne proviennent pas des zones de guerre en Afrique. Les trois premiers pays à cet égard sont la Guinée, la Côte d’Ivoire et la Tunisie.

En même temps, sans les fonds promis, la Tunisie ne peut pas payer les membres de ses garde-côtes et d’autres forces de sécurité chargées de faire respecter les accords de sécurité conclus avec l’Italie pour arrêter les bateaux.

S’agit-il de sabotage ?

Paolo Gentiloni, ancien Premier ministre italien de gauche et actuel commissaire aux affaires économiques et monétaires de Mme Von der Leyen, est l’un des principaux acteurs de cette débâcle.

En d’autres termes, les adversaires politiques de Mme Meloni font tout leur possible pour retarder la mise en œuvre, voire saboter l’accord avec la Tunisie, afin de nuire à la Première ministre italienne.

N’oublions pas les paroles prononcées par Mme Von der Leyen elle-même avant la victoire électorale de Mme Meloni l’année dernière. Elle a martelé que Bruxelles « punirait un gouvernement italien qui violerait le consensus de l’UE en matière de politique sociale ».

Giorgia Meloni lors de la conférence de presse donnée avec le Premier ministre letton lors de leur rencontre à Riga, le 10 juillet 2023. (Gints Ivuskans/AFP via Getty Images)

Malgré les efforts de la gauche italienne et de ses alliés de l’UE, les Tunisiens ont tout de même réussi à stopper environ 40.000 arrivées de migrants cette année, contre seulement 15.000 pour l’ensemble de l’année 2022.

Un autre facteur qui ne peut être ignoré est la résistance tenace d’autres États membres de l’UE, en particulier la France et l’Allemagne.

Bien que les Français laissent les bateaux avec des migrants traverser la Manche vers le Royaume-Uni (si les Tunisiens peuvent les stopper, pourquoi pas les Français ?), ils ne veulent pas assumer la responsabilité des arrivées illégales du côté italien.

Les Français viennent d’annoncer qu’ils renforcent les mesures visant à empêcher l’arrivée des migrants illégaux depuis l’Italie. La police française les arrête dans la ville de Menton – la première grande ville après la frontière avec l’Italie – et les renvoie de l’autre côté de la frontière, dans la ville de Vintimille, laissant à l’Italie le soin de s’en occuper.

De même, l’Allemagne n’a accueilli cette année que 1022 migrants, contre 120.000 pour l’Italie.

Pourtant, le commissaire Gentiloni et ses larbins gardent le silence sur ces abus commis sous la surveillance d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz.

Le fait est qu’en 2017, sous Matteo Renzi – le prédécesseur de Paolo Gentilon également de gauche – un accord similaire à celui avec la Tunisie a été signé avec la Libye, ce qui a permis de réduire les flux de migrants illégaux.

Comme l’a expliqué Mme Meloni elle-même, des membres de la gauche italienne et européenne, pour des raisons idéologiques ou, pire, politiques, font de l’obstruction et mettent tout en œuvre pour faire échouer le travail entrepris par son gouvernement. Leur souhait est de rendre inévitable l’immigration illégale de masse.

Les prochaines élections législatives européennes sont prévues en mai 2024. La gauche sait que si Giorgia Meloni réussit à stopper l’immigration illégale, ses chances de gagner ces élections, ou toutes autres, sont fortement diminuées.

C’est pourquoi la gauche fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la Première ministre italienne n’y parvienne pas.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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