Une étudiante dénonce la tactique des autorités chinoises pour l’enlever

Par Gu Xiaohua
11 juin 2020 16:49 Mis à jour: 11 juin 2020 16:49

Une étudiante chinoise en Australie dénonce les menaces et le harcèlement que sa famille a subis en Chine de la part des autorités, après qu’elle a participé à des activités de défense des droits de la personne à l’étranger. Elle utilise le pseudonyme « Zoo » pour protéger son identité.

Zoo a commencé à étudier en Australie en juin dernier. Elle a organisé deux commémorations à Melbourne pour Li Wenliang, le médecin lanceur d’alerte qui a publié les premières informations sur l’épidémie en décembre 2019 et qui a finalement succombé au virus du PCC* (Parti communiste chinois) peu après. En octobre dernier, elle s’est jointe aux manifestations de Hong Kong pour protester contre le controversé projet de loi sur l’extradition avant qu’il ne soit officiellement retiré plus tard au cours du mois.

Son père harcelé en Chine

En avril, le bureau de la Sécurité intérieure, une force policière chargée de « neutraliser » ceux que le Parti communiste chinois considère être une menace politique, a convoqué le père de Zoo au milieu de la nuit. Ils lui ont dit que sa fille aurait commis les crimes d’inciter les Chinois d’outre-mer à se rassembler devant l’ambassade de Chine et de leur montrer comment contourner le grand pare-feu de la Chine (ou Great Firewall, en anglais), un mécanisme sophistiqué de censure d’internet mis en place par le régime. Ils ont forcé son père à obtenir le mot de passe Twitter de Zoo et lui ont demandé de la convaincre de revenir en Chine.

Zoo a déclaré à Epoch Times que son père était membre du Parti communiste et un universitaire professionnel étudiant le marxisme. Après avoir été menacé par le bureau de la sécurité intérieure, son père a essayé de la convaincre de retourner en Chine, a-t-elle dit.

« Mon père veut que je retourne en Chine en raison de sa position politique. Depuis tant d’années, nous ne faisons plus de voyages en famille. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me dise combien je lui manque et qu’il espérait qu’on organise un voyage ensemble parce que la police le lui a demandé », a déclaré Zoo.

Selon Zoo, la police a aussi demandé à son père de suivre ses activités et d’en faire rapport hebdomadairement.

Suivre son propre chemin

Lorsqu’on lui a demandé ce qui l’avait poussée à choisir une autre voie que celle de son père, elle a répondu : « Depuis mon enfance, j’ai toujours été une fautrice de troubles et je me suis toujours battue contre l’injustice. Lorsque j’étais jeune, j’ai découvert combien le PCC est cruel. Les gens semblent l’ignorer et s’y habituer, mais je trouve cela inacceptable. »

Lorsqu’elle était au lycée, Zoo a appris à contourner le grand pare-feu Internet de la Chine. Son impression négative du PCC s’est confirmée après qu’elle a vu des vidéos en ligne révélant la vérité sur le massacre de la place Tian’anmen – ça l’a secouée et mise en colère.

Les jeunes n’ont pas de sentiment d’identité

À la veille du 31e anniversaire du massacre de la place Tian’anmen – marqué par la répression brutale des manifestants pro-démocratie à Pékin par le régime en 1989 – Zoo a décidé de faire face au le régime chinois en montrant son vrai visage sur Twitter. Elle a condamné la dictature du PCC.

Zoo a déclaré que lorsqu’elle était en Chine, elle exprimait toujours ses opinions sur le massacre de la place Tian’anmen sur différents sites web en contournant le pare-feu.

« Lors du 30e anniversaire l’année dernière, par exemple, je n’aurais pas osé publier des messages sensibles comme s’opposer à Xi Jinping, mais seulement des photos ou des chansons liées au massacre du 4 juin, juste pour commémorer, parce que j’étais en Chine », a déclaré Zoo.

Cette année, pour commémorer l’événement, elle a fait deux pancartes de l’Homme de Tian’anmen (Tank Man).

Affiches de l’Homme de Tian’amen Tank Man créées par Zoo pour commémorer l’incident du 4 juin. (Avec l’aimable autorisation du Zoo)

Ce 4 juin est sa première expérience de commémoration du massacre de la place Tian’anmen à l’étranger. Après des jours de questionnements difficiles, elle a finalement décidé de se tenir debout et de montrer son vrai visage. Elle était déterminée à dénoncer la tactique qu’a utilisé le PCC pour manipuler sa famille en vue d’une tentative d’enlèvement à la suite de sa dissidence.

Zoo a indiqué que la plupart de ses amis connaissent l’incident du 4 juin, mais qu’ils préfèrent garder le silence à ce sujet.

Elle estime qu’en 1989, les jeunes avaient un sentiment d’identité [nationale], qu’ils croyaient que le pays leur appartenait et qu’ils avaient un sens des responsabilités pour ce dernier, le peuple chinois et l’avenir. Toutefois, selon Zoo, les jeunes de sa génération se sentent plutôt impuissants et pessimistes :« Ils ne se sentent plus propriétaires de ce pays », a-t-elle déclaré.

Zoo a reproché au régime communiste d’avoir lavé le cerveau du peuple chinois. « Ce n’est pas qu’ils [les jeunes] croient vraiment au communisme. Ils ont suivi l’hérésie [du PCC] et parfois ils n’ont pas la volonté ni l’intérêt de connaître la vérité. Certains d’entre eux savent peut-être que le PCC est mauvais, mais ils suivent quand même la ligne quand les choses se passent. »

Elle pense que les gens devraient plutôt suivre leur conscience, notamment en soutenant le mouvement de Hong Kong et en commémorant le massacre de la place Tian’anmen.

Dans sa vidéo, elle partage le message suivant : « Face à une dictature, tout le monde peut être victime de persécution. Ce n’est que lorsque davantage de jeunes rejoindront les mouvements sociaux démocratiques, avec leur créativité et leur passion, que nous pourrons rassembler davantage de personnes partageant les mêmes idéaux, remédier au sentiment d’impuissance et enfin renverser le régime du PCC. »

Vous trouverez ci-dessous une traduction en anglais du post Twitter de Zoo (1 sur 2) :

Pour ce 31e anniversaire du massacre du 4 juin, j’ai décidé de montrer publiquement mon visage et mon action contre la dictature de Xi Jinping !

Cette vidéo est divisée en deux parties, elle parle de mes luttes et de mes récentes expériences.

J’ai essayé de cacher mon identité.

Mais à la fin du mois d’avril, le bureau de la sécurité intérieure a retrouvé mes parents.

Mon père, âgé de 60 ans, a été appelé au poste de police à plusieurs reprises, tard dans la nuit.

Ils m’ont accusé d’avoir incité les Chinois d’outre-mer à se battre (contre le régime), d’avoir insulté Xi Jinping et m’ont menacé pour que je donne mon mot de passe Twitter.

Vous trouverez ci-dessous une traduction en anglais du post de Twitter (2 sur 2) :

Après de nombreux jours de questionnements difficiles, j’ai décidé de me tenir debout et de rompre avec la tactique malveillante la plus courante du PCC : prendre en otage des êtres chers et enlever les dissidents !

Face à une dictature, tout le monde peut être victime de persécution. Ce n’est que lorsque davantage de jeunes rejoindront les mouvements démocratiques et sociaux, avec leur créativité et leur passion, que nous pourrons rassembler davantage de personnes qui partagent les mêmes idéaux, remédier au sentiment d’impuissance et enfin renverser le régime du PCC.

* Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du Covid-19, comme le « virus du PCC », car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale

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