Entre les saletés, les trafics, les vendeurs à la sauvette, et la recrudescence des incivilités, les riverains dénoncent ce que sont devenus le Champ-de-Mars et ses abords, à Paris. Un vaste projet est en cours pour remodeler ce quartier, mais plusieurs associations le dénoncent dans une lettre ouverte.
Les habitants du quartier de la tour Eiffel sont excédés par l’insécurité grandissante, mais également par la saleté, ainsi que le rapporte Le Figaro. De plus, les abords de la tour Eiffel doivent subir une profonde transformation d’ici 2024, mais ce projet est loin de faire l’unanimité.
« On évite de sortir le soir dorénavant »
Pour Claude, un habitant de la rue de Buenos Aires dans le 7e arrondissement de Paris, la liste des doléances est longue. Dans son quartier, les Roms « vous mettent des pétitions sous le nez », les Africains « vous escortent en proposant leurs babioles », de nombreux déchets jonchent le sol (pour le plus grand bonheur des rats), sans oublier les « hurlements » et les joueurs de bonneteau qui escroquent les touristes, détaille-t-il dans les colonnes du Figaro.
Ce dernier regrette également la construction du mur de verre autour de la tour Eiffel car depuis 2018, « toutes les entrées et sorties se font désormais côté riverains », souligne-t-il, ce qui créé des nuisances importantes chaque jour, sous ses fenêtres. « On évite de sortir le soir dorénavant. Nous avons eu trois cambriolages dans mon immeuble récemment », se désole-t-il encore.
Les commerçants, eux aussi, pâtissent de la situation. Un serveur du Castel Café, situé à l’angle de l’avenue de Suffren, explique que pour lui, « le problème, ce sont les Blacks et les jeunes du 93 sur leurs trottinettes électriques, qui vous arrachent le sac ». « Les joueurs de bonneteau, ce sont nos meilleurs clients : ils laissent de gros pourboires ! », glisse-t-il cependant.
« La lutte contre la délinquance, c’est la responsabilité de l’État »
Un agent immobilier signale quant à lui que même si l’immobilier a perdu « 5 à 10 % », « ça reste tout de même à quelque 20 000 € du mètre carré ». « Pour ce prix, les propriétaires sont en droit d’exiger la sécurité, la tranquillité et la propreté », considère-t-il.
Jean Laussucq, l’un des conseillers de Paris, signifie au quotidien que « la lutte contre la délinquance, c’est la responsabilité de l’État ». Il regrette que le nombre de policiers soit passé de 32 agents en 2018, à seulement 16 actuellement.
De son côté, la ville de Paris a mentionné que des « interventions fréquentes » étaient effectuées sur le Champ de Mars. Elle a indiqué mener des actions « notamment contre les ventes à la sauvette, le stationnement anarchique, les nuisances sonores et les arnaques qui visent les touristes ».
Un projet de réaménagement du site qui « aura des conséquences catastrophiques »
Outre ces nombreux problèmes, s’ajoute un projet de construction fortement décrié. Six associations ont rédigé une lettre ouverte, signalant « le massacre du site par des aménagements commerciaux ». Elles pointent par ailleurs « la disparition de 950 m² d’espaces boisés classés », au profit de la construction de bâtiments « sous la tour Eiffel, et de part et d’autre d’une zone déjà soustraite au public ». Pour ces associations, ce projet « aura des conséquences catastrophiques ».
Julien Lacaze, le président de Sites et Monuments, s’interroge aussi bien sur le coût de ces travaux, à savoir plus de 100 millions d’euros, que sur leur intérêt. « Ils parlent de bagageries, mais en réalité ce sont des restaurants et des boutiques » qui devraient naître sur ce site classé, déplore-t-il.
Rachida Dati, maire LR du 7e arrondissement, juge « indispensable de sauvegarder l’héritage historique de ce site et de le protéger par un dispositif juridique national », indiquent encore nos confrères. Et afin de « lutter contre les trafics », elle a demandé à Anne Hidalgo l’installation d’une clôture « pour le périmètre du Champ-de-Mars et ses abords ».
Pour Jean d’Izarny-Gargas, le président de l’association des Amis du Champ-de-Mars, « la tour Eiffel, c’est l’emblème de la France ! Si on continue comme ça, c’est l’image de la Ville Lumière qui est en jeu. »
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