La Finlande et l’Amérique signent un accord de renforcement de coopération militaire malgré les avertissements de la Russie

"En attaquant l'Ukraine, la Russie a commis une erreur stratégique monumentale", selon la ministre finlandaise des Affaires étrangères

Par Andrew Thornebrooke
27 décembre 2023 15:56 Mis à jour: 27 décembre 2023 15:56

La Finlande et les États-Unis ont signé un accord de coopération en matière de défense qui permettra à l’armée américaine d’avoir un large accès au territoire de la nation nordique.

L’accord bilatéral de coopération en matière de défense (DCA) permettra aux États-Unis de fournir rapidement une aide militaire à la Finlande en cas de conflit en Europe, selon des responsables.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre finlandais de la Défense Antti Hakkanen ont signé l’accord le 18 décembre, saluant ce document comme un pas en avant dans les questions de sécurité bilatérale.

« Aujourd’hui, nous allons renforcer nos liens en matière de sécurité en signant un accord de coopération dans le domaine de la défense », a déclaré M. Blinken. « Lorsqu’il entrera en vigueur, nos militaires pourront coopérer de manière plus efficace. Nos troupes auront davantage d’occasions de s’entraîner ensemble et nous renforcerons l’interopérabilité de l’OTAN. »

La Finlande se prépare à nouveau à l’agression russe

La Finlande a rejoint l’Alliance atlantique (OTAN) au début de l’année en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’adhésion de la Finlande marque une rupture complète avec le statu quo antérieur et pourrait être le signe du déclin de la capacité de la Russie à projeter sa puissance à l’échelle internationale.

Contrairement à d’autres pays, la petite Finlande s’est défendue avec succès en 1939-1940 contre l’armée soviétique – et ce, à la suite de l’accord secret du partage d’Europe conclu entre l’Union soviétique de Staline et l’Allemagne nazie d’Hitler à la veille de l’invasion et le partage de la Pologne par ces deux dictateurs en août 1939, marquant le début de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, la Finlande s’est vue finalement dépossédée de sa partie sud annexée par son immense et puissant voisin. Depuis lors, elle partage une frontière de plus de 1340 kilomètres avec la Russie.

La Finlande est restée neutre pendant la guerre froide, incapable de s’opposer fermement à la politique soviétique par crainte de représailles de Moscou – un phénomène connu aujourd’hui sous le nom de « finlandisation ».

L’histoire tumultueuse du pays et le changement de sa politique ont fait l’objet de nombreuses comparaisons avec l’Ukraine lors de la signature de l’accord finno-américain.

« La Finlande sait presque mieux que quiconque ce qui est en jeu pour l’Ukraine », a dit M. Blinken à M. Hakkanen.

« Votre histoire nous rappelle aussi pourquoi il est si important que nous continuions tous à soutenir l’Ukraine, car les autocrates qui tentent de redessiner les frontières d’un pays par la force ne s’arrêteront certainement pas là. »

Le DCA est un accord bilatéral qui offre aux États-Unis et à la Finlande des avantages supplémentaires par rapport à ceux associés à l’adhésion à l’OTAN.

Il accorde aux forces américaines l’accès à 15 sites et zones sur le territoire finlandais où ils pourront stocker du matériel militaire et des munitions. Les zones d’accès comprennent quatre bases aériennes, un port militaire, une zone d’entraînement dans l’Arctique et l’accès aux voies ferrées dans le nord de la Finlande, près de la frontière avec la Russie.

« Aujourd’hui, l’OTAN est plus grande, plus forte et plus unie qu’elle ne l’a jamais été en près de 75 ans d’histoire », a constaté Antony Blinken. « Et c’est en grande partie grâce à l’adhésion de la Finlande. »

La signature de l’accord de coopération en matière de défense s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par les États-Unis pour étendre leur présence en Europe et assurer la stabilité face à des régimes en Eurasie et au Moyen-Orient de plus en plus hostiles à l’Occident.

L’Amérique a signé des accords similaires avec la Bulgarie, le Danemark, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Suède.

« Nous disposons désormais d’un réseau d’accords de coopération en matière de défense qui s’étend du nord au sud de l’Europe, de la mer du Nord à la mer Noire, et qui assure la sécurité et la stabilité des populations sur l’ensemble du continent », a souligné M. Blinken.

La Suède a demandé à rejoindre l’OTAN aux côtés de la Finlande, mais a essuyé une fin de non-recevoir de la part de la Turquie et de la Hongrie – deux membres de l’OTAN qui entretiennent des liens avec la Russie et se sont plaints de divers problèmes diplomatiques dans leurs relations avec la Suède.

Toutefois, la Finlande entretient des liens étroits avec la Suède voisine et est en train d’améliorer les infrastructures ferroviaires à leur frontière, ce qui faciliterait l’envoi de renforts et d’équipements militaires dans la région par leurs alliés en cas de conflit avec la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine, pour sa part, a déclaré que le DCA créerait des « problèmes » dans la région et a promis de renforcer la présence militaire de la Russie le long de la frontière avec la Finlande si l’accord entrait en vigueur.

Selon le gouvernement russe, il est prévu de réorganiser des divisions militaires et de déployer davantage de troupes dans le nord-ouest de la Russie en réponse à ce qu’il considère comme « le désir de l’OTAN de renforcer le potentiel militaire près des frontières russes ».

Il n’existe actuellement aucun projet de base américaine permanente en Finlande. De même, la Finlande n’autorisera pas le stockage ou le transport d’armes nucléaires et biologiques ou de mines antipersonnel sur ou à travers son territoire, conformément aux traités de non-prolifération qu’elle s’est engagée à respecter précédemment, ont déclaré les responsables.

Elina Valtonen, la ministre finlandaise des Affaires étrangères qui était présente lors de la signature de la DCA, a qualifié cet accord de « grande étape » qui fera passer la coopération américano-finlandaise « au niveau supérieur ».

« En attaquant l’Ukraine, la Russie a commis une erreur stratégique monumentale », a-t-elle affirmé. « Le maintien d’un soutien fort à l’Ukraine reste une priorité essentielle pour nous. »

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