La santé mentale des jeunes Français se dégrade, quelles solutions envisagées?

Par Sarita Modmesaïb
19 octobre 2023 19:42 Mis à jour: 19 octobre 2023 19:42

À l’occasion de la Journée internationale de la Santé mentale, le 10 octobre dernier, Santé Publique France a publié certains chiffres alarmants révélant, entre autres, une dégradation importante chez les jeunes Français.

En Guadeloupe, ce mercredi 19 octobre, les urgences du Centre hospitalier de Basse-Terre ont été le théâtre d’une violente agression: un patient en psychiatrie, en attente d’un transfert, s’en est pris aux personnes présentes avec une barre de fer, cinq d’entre elles ont été blessées, dont 2 en état grave, mais heureusement pas en urgence absolue. Le forcené a été rapidement maîtrisé par le personnel hospitalier, puis par la police dépêchée sur les lieux. L’ARS de Guadeloupe a dénoncé et condamné fermement ces actes, saluant au passage le courage du personnel qui a su maîtriser le patient et sécuriser ensuite le site.

Ces faits récents illustrent de manière plus générale, l’état de la Santé mentale en France. L’analyse des données de surveillance et d’enquêtes (Baromètre de Santé publique France, Enquête sur la santé et les consommations lors de la Journée d’appel et de préparation à la défense ESCAPAD) montre que la santé mentale des Français est toujours dégradée en 2023, une tendance constante depuis septembre 2020, révèle ainsi Santé Publique France dans son rapport.

Un cinquième des jeunes adultes concerné par la dépression

Cette dégradation touche plus particulièrement les adolescents (11-17 ans) et les jeunes adultes (18-24 ans). Ces derniers étaient 20,8 % à être concernés par la dépression en 2021, contre 11,7 % en 2017.

En septembre 2023, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, troubles de l’humeur (épisodes dépressifs notamment) et troubles anxieux, ainsi que les actes médicaux SOS Médecins pour angoisse ont augmenté chez les enfants de moins de 18 ans et en particulier les 11-17 ans, comme habituellement en période de rentrée scolaire. Dans ces tranches d’âges, les niveaux observés restaient élevés mais comparables à ceux des années 2021 et 2022, à l’exception des passages pour idées suicidaires chez les 11-17 ans (niveaux supérieurs aux années précédentes), reporte Santé Publique France.

Ainsi, en France, si plus de 7 personnes sur 10 déclarent prendre soin de leur santé mentale, les jeunes de 18-24 ans s’en préoccupent en moyenne moins. En 2022, 35% des 18-24 ans avaient l’impression de ne pas prendre soin de leur santé mentale ou de leur bien-être. Parmi ces jeunes, 32% déclaraient ne pas savoir comment faire, 29% indiquaient ne pas avoir le temps et 25% ne s’en sentaient pas capable.

Le principal frein semble être le prix des consultations chez le « psy », mais également la difficulté à se confier ou la crainte de ce qu’ils pourraient découvrir sur eux, ou encore la peur que l’entourage l’apprenne.

Des personnels « à bout de souffle »

Côté soignants, un article du site Handicap.fr évoque des professionnels de la psychiatrie « à bout de souffle ». Rappelant que 60% des lits ont été fermés en psychiatrie entre 1976 et 2016, l’article révèle aussi que 30% des postes sont vacants dans ce secteur.

A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale et de la Semaine d’informations dédiée, du 9 au 22 octobre, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) lance un ultime SOS face à la situation critique de la psychiatrie. Elle dénonce des professionnels du secteur « en sous-effectif et sous-financé depuis de nombreuses années » et déplore que les pouvoirs publics semblent demeurer sourds à ces appels.

Quelles solutions proposées?

Face à ces dégradations, un groupe de députés socialistes se mobilise et propose un plan de « dix mesures clés pour repenser notre système de santé mentale », explique ainsi Joël Aviragnet, député de Haute-Garonne sur L’Union.

Relayé par la Fondation Jean Jaurès, ce plan propose notamment « un plan massif d’embauche » et une revalorisation des salaires, ainsi qu’une « attention particulière pour la santé mentale de l’enfant, de l’adolescent et de l’étudiant ». La prise en charge du handicap psychique ainsi que la reconnaissance de « l’épuisement professionnel et de la perte de sens au travail comme maladies professionnelles » sont aussi abordées.

Concrètement, concernant la santé mentale des plus jeunes, Santé Publique France a débuté des actions de détection « des jeunes en situation de mal-être » dès 2021, et lancé le dispositif « le Fil Good », diffusé sur les réseaux sociaux sous forme de courtes vidéos destinées à sensibiliser les jeunes à « des comportements favorables à la santé mentale ». Au nombre de cinq, chacun de ces vidéos met en avant une activité qui agit positivement sur la santé mentale: pratiquer de l’activité physique ; dormir suffisamment et avec des horaires réguliers ; prendre du temps pour des loisirs et/ou un hobby ; aider les autres, et enfin, pratiquer la gratitude.

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