La Suède franchit le dernier obstacle avant son adhésion à l’OTAN

La Hongrie ayant levé son opposition, la nation scandinave deviendra le 32e membre de l'alliance

Par Naveen Athrappully
3 mars 2024 01:13 Mis à jour: 3 mars 2024 06:35

La Suède est sur le point de rejoindre l’OTAN, la Hongrie ayant ratifié son inclusion dans l’alliance militaire. La Hongrie était le seul pays, parmi les 31 États membres de l’OTAN, à ne pas avoir ratifié l’entrée de la Suède dans l’Alliance.

Le 26 février, le parlement hongrois a approuvé l’entrée de la Suède dans l’OTAN par 188 voix contre 6, mettant ainsi fin à des négociations de près de deux ans pour faire entrer la nation nordique dans le groupe.

« Aujourd’hui est un jour historique. Les parlements de tous les États membres de l’OTAN ont voté en faveur de l’adhésion de la Suède à l’OTAN. La Suède est prête à assumer ses responsabilités en matière de sécurité euro-atlantique », a écrit le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, dans un message publié le 26 février sur le réseau social X.

Une cérémonie de lever du drapeau devrait avoir lieu dans le courant de la semaine au siège de l’alliance à Bruxelles pour officialiser l’intégration. Les documents relatifs à l’ascension doivent être déposés au département d’État américain, qui est le dépositaire des documents de l’OTAN.

Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, avait retardé l’approbation, invoquant les critiques des hommes politiques suédois à l’égard de la Hongrie. Il leur reproche d’avoir envenimé les relations et d’avoir fait hésiter les membres de son parti à donner leur feu vert à l’entrée de la Suède dans l’OTAN.

Depuis des années, l’Union européenne accuse l’administration Orban de restreindre la liberté des médias et les droits individuels au profit du gouvernement en place.

« Il n’est pas normal que (la Suède et la Finlande) nous demandent de les prendre à bord alors qu’elles répandent des mensonges flagrants sur la Hongrie, sur l’État de droit en Hongrie, sur la démocratie, sur la vie ici », a déclaré M. Orban l’année dernière.

« Quelqu’un peut-il prétendre vouloir être notre allié au sein d’un système militaire alors qu’il répand des mensonges éhontés sur la Hongrie ? »

Le premier ministre hongrois a finalement donné son accord à l’entrée de la Suède après la signature d’un accord de défense.

« Un accord important a été conclu aujourd’hui entre la Suède et la Hongrie sur l’acquisition de quatre nouveaux avions de combat Gripen – une fierté suédoise et l’un des meilleurs systèmes au monde « , a écrit le premier ministre suédois dans un post X du 23 février.

À la suite de cet accord, M. Orban a déclaré : « Être membre de l’OTAN avec un autre pays signifie que nous sommes prêts à mourir l’un pour l’autre », selon l’Associated Press.

« Un accord sur la défense et les capacités militaires aide à reconstruire la confiance entre les deux pays. »

Le premier ministre hongrois entretient des liens étroits avec la Russie.

La Suède et la Finlande ont demandé à rejoindre l’OTAN en mai 2022 après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Finlande a officiellement rejoint l’alliance en avril 2023.

La Suède et l’OTAN

La Suède a longtemps maintenu une politique de non-alignement, se tenant à l’écart des alliances militaires depuis plus de 200 ans. Toutefois, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu raison de set isolement.

L’opinion publique, qui s’était fortement opposée à une adhésion pleine et entière à l’OTAN, a changé après le début de la guerre, plusieurs sondages montrant un regain de soutien en faveur de l’adhésion à l’alliance.

La Turquie a également refusé dans un premier temps de ratifier l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

La Turquie a présenté une série de demandes à la Suède, notamment une position plus ferme à l’égard des groupes considérés comme contraires aux intérêts turcs. La Suède a accepté quelques demandes. En janvier, le gouvernement turc a approuvé l’adhésion de la Suède.

Avec l’adhésion de la Suède, les pays de l’OTAN entoureront désormais la mer Baltique, qui est le point d’accès maritime de la Russie à deux de ses régions, Kaliningrad et Saint-Pétersbourg.

La Russie a envoyé des signaux contradictoires concernant l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN. En 2022, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que Moscou n’avait « aucun problème » à ce que les deux pays rejoignent le groupe.

Mais en mars 2023 l’ambassadeur de Russie à Stockholm a déclaré que l’adhésion des pays nordiques à l’alliance militaire ferait d’eux « une cible légitime pour les mesures de rétorsion russes, y compris celles de nature militaire ».

En décembre 2023, M. Poutine a également averti que l’adhésion de la Finlande à l’OTAN pourrait créer des problèmes entre Moscou et Helsinki.

L’élargissement de l’OTAN à la Suède intervient alors que l’alliance a fait l’objet de vives critiques de la part de l’ancien président américain Donald Trump. Il a reproché à de nombreux États membres de ne pas atteindre les objectifs fixés en matière de dépenses de défense.

Lors d’un rassemblement au début du mois, Donald Trump a déclaré que s’il était élu cette année, les pays de l’OTAN qui ne remplissent pas leurs obligations financières envers l’alliance militaire ne recevraient pas d’aide des États-Unis, même en cas d’attaque de la Russie.

Selon un rapport de l’OTAN datant de 2023, seuls sept des 31 alliés ont atteint l’objectif de 2 % du PIB consacré à la défense en 2022.

Dans un message publié le 13 février sur Truth Social, l’ancien président a réitéré ses critiques à l’égard de l’alliance militaire, appelant l’organisation à « égaliser » son financement. Il a affirmé que l’OTAN était plus forte lorsqu’il était au pouvoir, car il faisait pression pour que les pays membres fournissent davantage de fonds au lieu de dépendre des États-Unis.

L’adhésion de la Suède à l’OTAN renforcera la défense de l’alliance dans la région contre l’agression russe. Le pays s’est engagé à augmenter ses dépenses de défense et à atteindre l’objectif de 2 % du PIB fixé par l’OTAN.

Les forces armées suédoises ont participé à plusieurs exercices conjoints avec le groupe au fil des ans, bien qu’elles ne fassent pas partie de l’OTAN.

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