Tenir le changement climatique causé par l’homme pour responsable des inondations au Pakistan peut être prématuré

Par Kashan Pirzada et Gabriël Moens
2 septembre 2022 19:27 Mis à jour: 2 septembre 2022 19:27

La Déclaration mondiale sur le climat (DMC), signée par plus de 1100 scientifiques réputés, dont des lauréats du prix Nobel, affirme qu’il « n’existe aucune preuve statistique que le réchauffement climatique intensifie les ouragans, les inondations, les sécheresses et autres catastrophes naturelles de ce type ou les rend plus fréquents ».

Il est utile de se rappeler de cette Déclaration dans le contexte de la discussion au sujet des effets du changement climatique sur les inondations dévastatrices qui ont lieu au Pakistan.

Par changement climatique mondial, qui constitue l’un des défis les plus importants de la planète, on comprend une modification des tendances météorologiques à long terme dans différentes régions du monde qui pourrait avoir des répercussions négatives à plusieurs égards. Le terme tel ou tel « temps » fait référence aux changements à court terme de la température, du vent et des précipitations dans une région ou un pays.

Dans ce contexte, un rapport controversé du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies affirme que le réchauffement de la planète explique l’incidence croissante des sécheresses et des inondations, provoque des problèmes de santé et affecte l’agriculture.

Ce rapport note que le changement climatique a un impact direct sur la production alimentaire, car une augmentation de la température moyenne peut affecter le cycle de production de nombreuses cultures et réduire le rendement. En d’autres termes, le réchauffement climatique aura probablement un impact sur les récoltes dans les régions où les températures sont déjà proches des maxima pour la production de différentes cultures.

Les facteurs du changement climatique, par le biais de modifications de la composition de l’atmosphère, peuvent également influencer la production alimentaire en ayant un impact sur la physiologie des plantes, bien que ces facteurs ne soient pas encore bien reflétés dans les modèles du GIEC.

Inondations catastrophiques attribuables à la mousson au Pakistan

Les inondations catastrophiques dans les provinces pakistanaises du Sind, du Khyber Pakhtunkhwa et du Baloutchistan ont déjà fait de nombreuses victimes. Des dizaines d’affluents de montagne alimentent le puissant fleuve Indus qui traverse la deuxième région la plus peuplée du Pakistan – beaucoup de ces affluents sont sortis de leur lit à la suite de pluies record et de la fonte des glaciers.

L’autorité nationale de Gestion des catastrophes du pays a indiqué que le bilan des pluies de mousson s’élève déjà à 1033 morts, plus de 1500 blessés, plus de 700.000 têtes de bétail perdues et près d’un demi-million de personnes vivant dans des camps de secours.

Des gens ayant fui leurs maisons inondées se tiennent devant des tentes temporaires installées le long d’une route pendant une forte pluie de mousson à Sukkur, dans la province du Sind, au Pakistan, le 27 août 2022. (Asif Hassan/AFP via Getty Images)
Des gens se rassemblent devant une route endommagée par les eaux de crue à la suite de fortes pluies de mousson dans la région de Madian, dans la vallée de Swat, au nord du Pakistan, le 27 août 2022. (Abdul Majeed/AFP via Getty Images)

Des millions de citoyens pakistanais ont été déplacés parce que l’inondation a détruit leurs villages. Les secteurs de l’agriculture et du tourisme sont les plus touchés par les inondations, ce qui impose des charges supplémentaires au gouvernement. Les autorités prévoient qu’il faudra de nombreuses années pour réhabiliter les régions touchées.

Les responsables imputent la dévastation au changement climatique provoqué par l’homme, affirmant que le Pakistan supporte injustement les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde. Cependant, les communautés touchées reprochent au gouvernement et aux autorités locales de permettre aux promoteurs de bâtir des hôtels sur les berges des rivières.

Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence et a mobilisé l’armée pour faire face à ce que la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman, a appelé « une catastrophe d’une ampleur épique ». Pourtant, de mémoire d’homme, cette situation n’est pas sans précédent : le cyclone de 1970 au Pakistan oriental (aujourd’hui Bangladesh) a fait 500.000 victimes.

La transition vers une énergie propre nécessite une planification réaliste

Comme le reconnaît la Déclaration mondiale sur le climat (DMC), la décarbonisation d’une planète riche en carbone est irréaliste, tout comme l’objectif – zéro émission nette du CO2 d’ici 2050 – établi par l’Accord de Paris et la 26e Conférence annuelle de l’ONU sur le climat (COP26) tenue à Glasgow.

En outre, la DMC souligne « qu’il est amplement démontré que les mesures d’atténuation du CO2 sont aussi dommageables que coûteuses » et « qu’il n’y a pas d’urgence climatique ».

Les technologies proposées pour atténuer les émissions du CO2 – qui est essentiel à toute vie sur Terre – telles que, par exemple, le « captage et le stockage du carbone (CSC) », se sont révélées être très coûteuses. Les gens devraient plutôt détourner les cours d’eau pour atténuer les inondations, stocker l’eau et minimiser les effets des sécheresses.

En outre, la taxe carbone – qui envisage de mesurer et de taxer l’air selon les émissions du CO2 – stérilisera de bonnes terres agricoles et pastorales à mesure que des opérateurs qui cherchent l’argent rapide s’y installent, promettent de ne rien faire pousser et vendent des « crédits carbone ».

L’énergie nécessaire pour imposer une obligation de CSC à une centrale au charbon peut absorber plus d’un tiers de l’énergie produite par une telle centrale. Le meilleur CSC consiste à planter des arbres autour de la centrale car, en se nourrissant du CO2, ils y poussent deux fois plus vite.

De toute façon, le secteur financier devrait fournir un soutien accru pour l’introduction des mécanismes économiques efficaces de la mise en place de projets d’utilisation du carbone.

L’industrie des combustibles fossiles pourrait utiliser efficacement les ressources financières et bénéficier d’une aide politique, car la plupart des technologies correspondantes peuvent y être déployées immédiatement. Le financement de la recherche et du développement technologique est un aspect essentiel pour progresser dans ce domaine.

Pour faire face à l’impact du changement climatique sur la société, il faudra gérer avec grande attention les ressources telles que le sol, l’eau et la biodiversité. Cette gestion nécessitera la fixation de priorités.

Un bon exemple est donné par les habitants des Pays-Bas, qui ont appris à vivre sur les terres basses, donnant le nom à leur pays, grâce à des digues et à la gestion de l’océan. Le peuple de ce pays dispose d’importantes ressources en gaz naturel qui lui laissent le temps pour développer les combustibles nucléaires du futur. Pourtant, les gouvernements de nombreux pays perdent du temps et de l’énergie à diaboliser le CO2 qui est essentiel à la vie.

Pour conclure, la Déclaration mondiale sur le climat permet de mieux évaluer la situation autour des inondations au Pakistan. On a besoin de la détermination et de l’imagination des scientifiques et des gouvernements mûrs pour gérer et tirer des leçons de cette catastrophe.

Kashan Pirzada est professeur associé de comptabilité à la Tunku Puteri Intan Safinaz School of Accountancy (TISSA) en Malaisie. Il a été membre associé de l’Asian Research Institute for Corporate Governance (ARICG) et chercheur principal à l’université de Malaya. Il a également reçu le prix d’excellence de l’université Utara Malaysia en 2020.

Gabriël Moens est professeur émérite de droit à l’université du Queensland, en Australie, et a été vice-chancelier et doyen de l’université Murdoch. En 2003, il a reçu l’Australian Centenary Medal pour services rendus à l’éducation. Il a enseigné en Australie, en Asie, en Europe et aux États-Unis. M. Moens a récemment publié deux romans : A Twisted Choice (Un choix déformé) et The Coincidence (La coïncidence).

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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