Les alliés réfutent les propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes de l’OTAN sur le front ukrainien

Par Ryan Morgan
28 février 2024 16:19 Mis à jour: 28 février 2024 16:19

Les dirigeants politiques et militaires des pays membres de l’OTAN ont rompu les rangs avec le président français Emmanuel Macron, rejetant ses propos sur l’envoi de troupes de l’Alliance atlantique pour participer aux combats en Ukraine.

Lundi, le président français a évoqué la possibilité d’envoyer des militaires de l’OTAN en Ukraine, alors que ce pays vient d’entrer dans la troisième année de guerre contre les forces d’invasion russes. Il a déclaré que la perspective d’envoyer des troupes en Ukraine avait été « discutée ouvertement » lors d’une récente réunion des membres de l’OTAN.

« Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a admis le chef de l’État français lors d’une conférence de presse au palais de l’Élysée lundi soir.

Mardi matin, les dirigeants du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Pologne et de l’Italie ont indiqué qu’ils ne se porteraient pas volontaires pour un tel déploiement.

« Il n’y aura pas de troupes au sol, pas de soldats sur le sol ukrainien envoyés par des pays européens ou des États membres de l’OTAN », a annoncé le chancelier allemand Olaf Scholz à la presse mardi.

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a également remarqué que le déploiement de troupes en Ukraine « n’est pas une option » pour l’Allemagne. Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, s’est dit encouragé par le soutien affiché d’Emmanuel Macron à l’Ukraine, mais a indiqué qu’il devrait concentrer ses efforts sur la fourniture de davantage d’armes et de munitions aux forces ukrainiennes.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a laissé entendre que son pays « n’envisageait pas d’envoyer ses troupes en Ukraine ».

« Depuis l’agression de la Russie il y a deux ans, tous les alliés sont unis sur la question de soutien à apporter à Kiev », a déclaré mardi le bureau de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. « Ce soutien ne prévoit pas la présence de troupes des pays européens ou de l’OTAN sur le territoire ukrainien. »

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a également réfuté toute idée d’implication directe de l’Alliance atlantique dans les combats en Ukraine.

« Les alliés de l’OTAN apportent un soutien sans précédent à l’Ukraine. Nous le faisons depuis 2014 et nous avons intensifié nos efforts après l’invasion à grande échelle », a-t-il déclaré. « Mais il n’est pas prévu que des troupes de combat de l’OTAN soient présentes sur le terrain en Ukraine. »

Mardi, un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé aux journalistes qu’un nombre limité de militaires britanniques se trouvaient déjà en Ukraine pour assurer un soutien, en ajoutant : « Nous n’avons pas de plans pour un déploiement à grande échelle. »

Le Premier ministre slovaque Robert Fico a été l’un des rares dirigeants d’un pays membre de l’OTAN à suggérer qu’au moins certains de ces pays pourraient s’impliquer plus directement dans les combats en Ukraine. M. Fico a indiqué que son pays ne prévoyait pas de déploiement en Ukraine, mais que certains pays envisageaient la possibilité de conclusion d’accords bilatéraux avec l’Ukraine pour lui envoyer des troupes.

Les déploiements des forces de l’OTAN en Ukraine rendraient inévitable une guerre plus large, commente le Kremlin

Les autorités russes n’ont pas tardé à lancer des avertissements pour que les soldats de l’OTAN ne participent pas aux combats en Ukraine.

Tout au long des deux années de la guerre en Ukraine, le gouvernement russe s’insurgeait contre la fourniture d’armes, le financement et le partage de renseignements que les pays membres de l’OTAN fournissaient à l’Ukraine pour la soutenir dans la lutte contre les forces russes. Malgré ce soutien de l’OTAN, Vladimir Poutine n’a pas vu d’occasion de conflit direct avec les 31 pays membres de l’Alliance. Toutefois, selon Moscou, l’application directe des troupes de l’OTAN dans les combats pourrait changer la donne.

« Il ne s’agit pas d’une question de probabilité, mais d’inévitabilité – c’est ainsi que nous l’évaluons », a commenté Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, la probabilité d’un conflit armé direct entre la Russie et l’OTAN en cas d’un déploiement en Ukraine des forces de l’OTAN.

S’adressant à l’agence de presse russe TASS, M. Peskov a suggéré que tous les pays membres de l’OTAN qui envisagent d’envoyer leurs troupes en Ukraine devraient se demander si cela « correspond à leurs intérêts et, surtout, aux intérêts de leurs citoyens ».

L’article 5 du traité de l’OTAN – le Traité de l’Atlantique Nord de 1949 – prévoyant une riposte collective à l’agression contre l’un de ses membres. Toutefois, le texte du traité est moins clair en ce qui concerne la participation des pays membres dans un conflit impliquant des non-membres, comme ce serait le cas si les forces de l’OTAN entraient directement dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie.

Joe Biden demande au Congrès d’approuver une aide supplémentaire à l’Ukraine

Les propos d’Emmanuel Macron sur l’implication directe des troupes de l’OTAN dans la guerre en Ukraine interviennent alors que les forces ukrainiennes seraient à court de munitions et que le Parlement ukrainien est en train d’examiner une loi impopulaire qui permettrait de recruter plus largement dans son armée qui manque cruellement d’hommes.

Les États-Unis ont pratiquement épuisé les fonds alloués à l’Ukraine et les législateurs débattent depuis des mois de l’avenir de l’aide militaire à l’Ukraine.

Au début du mois, le Sénat américain a adopté un projet de loi de dépenses supplémentaires de 95 milliards de dollars qui comprendrait environ 60 milliards de dollars d’aide supplémentaire à l’Ukraine. Toutefois, ce projet de loi n’a pas encore été voté à la Chambre des représentants. De nombreux législateurs républicains se sont plaints du montant d’aide supplémentaire ainsi que de l’absence de dispositions relatives à la sécurité de la frontière sud des États-Unis. Certains républicains se sont également montrés de plus en plus sceptiques quant à l’idée de poursuivre le soutien des combats en Ukraine au lieu de faire pression sur le gouvernement ukrainien pour conclure un accord avec le Kremlin.

Le président Joe Biden a rencontré mardi les principaux dirigeants du Congrès et a réitéré son appel à la Chambre des représentants d’adopter les dépenses supplémentaires de 95 milliards de dollars.

« Si ce supplément pour la sécurité nationale était soumis à la Chambre des représentants, il bénéficierait d’un soutien bipartisan. Nous le savons. Des républicains nous l’ont dit. Et nous allons continuer à aller de l’avant », a déclaré lundi Karine Jean-Pierre, secrétaire de presse de la Maison-Blanche.

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