L’essor de la Chine communiste a semé les graines de sa chute

Par Matt Cole
25 mars 2024 16:35 Mis à jour: 25 mars 2024 16:35

Il semblait impossible d’arrêter l’ascension fulgurante de la Chine en tant que puissance économique mondiale, jusqu’à ce qu’elle s’arrête. Aujourd’hui, alors que la déflation menace et que l’économie est en ruine, d’autres gestionnaires d’actifs se démènent pour trouver une explication à ces risques chinois nouvellement découverts – des risques que nous, chez Strive Asset Management, connaissons depuis notre création.

Les théories de marché dominantes attribuent le déclin récent à un secteur immobilier surendetté, trop grand pour faire faillite et à une mainmise culturelle du Parti communiste chinois qui a empêché la Chine de passer à une économie de consommation.

Tout cela est sans doute vrai. Mais l’essentiel n’est pas là : les mêmes facteurs macroéconomiques qui ont conduit à l’essor de la Chine sont aujourd’hui à l’origine de sa chute. Les investisseurs occidentaux devraient envisager des portefeuilles qui atténuent de manière appropriée le risque lié aux investissements chinois.

Selon la fonction de production Cobb-Douglas, la production économique provient de trois facteurs : le travail, le capital et ce que les économistes appellent la productivité totale des facteurs (PTF). La PTF peut être considérée comme l’efficacité avec laquelle le travail et le capital peuvent être utilisés, généralement grâce à l’innovation technologique. La PTF est ce qui différencie les pays. Alors que le travail et le capital sont relativement banalisés, la PTF est souvent considérée comme le principal facteur de croissance du PIB. C’est ce qui permet à des pays comme les États-Unis, qui n’ont jamais représenté plus d’un dixième de la population mondiale, de contribuer régulièrement à plus d’un tiers du PIB mondial.

Ce modèle explique l’ascension de la Chine, qui est devenue la deuxième économie mondiale au cours des 70 dernières années. Pendant des siècles, la Chine a eu la plus grande population du monde, ce qui lui a permis de bénéficier d’une main-d’œuvre abondante. De plus, la politique de l’enfant unique a temporairement renforcé sa main-d’œuvre. Les femmes, auparavant confinées pendant 10 ans ou plus à l’éducation des enfants, étaient désormais libres de travailler. La participation des femmes à la main-d’œuvre a augmenté, ce qui a eu pour effet d’accroître la production et le revenu des ménages.

La prospérité croissante de la Chine a, à son tour, alimenté les investissements. Les sociétés occidentales et leurs systèmes de retraite, souvent soutenus par l’État, ont commencé à fournir des milliards de dollars en capitaux d’investissement.

Depuis la révolution culturelle, la Chine n’a pas été en mesure de développer des avancées technologiques par elle-même, mais elle a suralimenté son potentiel de production brut par l’imitation ou, dans de nombreux cas, par le vol pur et simple de la propriété intellectuelle. La plupart des grandes entreprises chinoises, telles que Tencent, Alibaba, Baidu et Luckin Coffee, sont des imitations d’innovations développées ailleurs. Ces entreprises chinoises n’existent que grâce aux capitaux occidentaux, au protectionnisme du PCC et à la censure de l’internet, qui protège ces imitateurs de leurs concurrents internationaux plus alertes.

Toutefois, les politiques de planification centrale qui ont conduit au succès de la Chine sont aujourd’hui vouées à l’échec. La politique de l’enfant unique du PCC – bien qu’officiellement abolie en 2016 – a déclenché des changements générationnels et culturels, avec par millions, moins de femmes en âge de procréer chaque année. Finalement le taux de fécondité est inférieur à la moitié du taux de remplacement.

En avril 2023, la population de la Chine est passée en dessous de celle de l’Inde, ce qui signifie qu’elle n’est plus le pays le plus peuplé du monde, un titre qu’il est peu probable qu’elle retrouve. Le déclin de la main-d’œuvre menace la position de la Chine non seulement en tant que producteur mondial, mais aussi en tant que consommateur mondial. Les multinationales ne seront plus attirées par la base de consommateurs de la Chine, prêtes à mettre de côté leur bon sens et leur sens des affaires pour avoir une chance d’ouvrir un magasin.

Les capitaux fuient également. Le mois dernier, l’administration nationale chinoise des changes a indiqué que les investissements directs étrangers en Chine s’étaient effondrés de 82%, atteignant leur niveau le plus bas depuis 30 ans. Ce changement soudain met en évidence la manière dont les entreprises étrangères retirent leur argent du pays. Si une agence gouvernementale chinoise fait état de mauvais chiffres, il y a fort à parier que les chiffres réels sont probablement bien pires.

Les multinationales ne sont pas les seules. Les investisseurs du monde entier ont transféré leur exposition aux marchés émergents vers des fonds émergents hors Chine afin de gérer le risque lié à la Chine ou de l’éliminer complètement. En 2023, les fonds émergents hors Chine ont encaissé 5,6 milliards de dollars, alors que la Chine enregistrait l’une des pires performances des marchés d’actions, avec des pertes supérieures à 10% pour l’année.

Et puis il y a la PTF. Le vol agressif de la propriété intellectuelle par la Chine est devenu si audacieux que les gouvernements et les entreprises occidentaux ont commencé à le remarquer. Actuellement, l’administration Biden restreint les exportations de matériel d’IA le plus avancé vers la Chine. Une économie chinoise affaiblie signifie également moins de possibilités d’exiger des entreprises américaines qu’elles forment des coentreprises ou qu’elles transmettent des informations techniques comme condition pour faire des affaires dans ce pays. Un exode massif des entreprises occidentales signifie moins de technologies à voler.

La Chine ne peut pas remplacer l’innovation volée par ses propres moyens. De par sa conception, le pays ne dispose pas de la liberté individuelle, de la liberté économique et de l’incitation au profit nécessaires pour créer l’innovation qui a été le moteur de la majeure partie de la croissance économique dans le monde moderne.

Il en résulte une spirale descendante qui s’auto-entretient. Plus les capitaux étrangers fuient, plus les pays et les entreprises s’enhardissent à se protéger du vol chinois, et plus le PCC tente de resserrer son emprise sur tout ce qu’il estime être sous son contrôle, effrayant encore davantage les investissements étrangers. Pour les Chinois, le seul remède à l’échec de la planification centrale est de renforcer la planification centrale. Mais on ne peut pas innover par la force et, comme la Chine l’apprend à ses dépens, on ne peut pas dicter l’existence des enfants ou réglementer la voie de la prospérité.

La montée de la Chine pour devenir la deuxième plus grande économie au cours du dernier demi-siècle est un accomplissement impressionnant et un témoignage de la puissance même des plus petites améliorations de la liberté économique. Toutefois, la mainmise du PCC sur les facteurs de production accroît le risque d’investissement en Chine tout en semant les graines de son déclin économique. Les investisseurs occidentaux devraient en prendre note.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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