L’immunité naturelle : une alternative aux vaccins ?

Par Nathan Worcester
10 octobre 2021 19:09 Mis à jour: 10 octobre 2021 23:52

Revue de presse

La question du sénateur Rand Paul (Parti Républicain-Pennsylvanie) était simple :

« Êtes-vous docteur – docteur en médecine ? » a demandé le sénateur Paul, docteur diplômé en médecine, lors d’une audience le 30 septembre.

« J’ai travaillé plus de trente ans sur les questions de politiques sanitaires », a répondu Xavier Becerra, secrétaire à la Santé et aux Services sociaux.

« Vous n’êtes pas docteur en médecine. Avez-vous un quelconque diplôme scientifique ? Malgré cela, vous parcourez le pays en traitant de ‘platistes’ ceux qui après avoir eu le Covid, examiné des études portant sur des millions de patients, ont décidé, à titre personnel, que l’immunité qu’ils avaient acquise naturellement était suffisante. »

Rand Paul se referrait à une affirmation inquisitrice de M. Becerra lors d’un forum en ligne tenu le 21 septembre.

En effet, M. Becerra avait alors déclaré : « Parce que certains platistes – en particulier ceux qui occupent des postes importants – choisissent de colporter de la fiction, nous perdons plus d’êtres chers aujourd’hui qu’il y a quelques mois. »

En ajoutant que « le préjudice causé par ceux qui manquent de confiance envers le vaccin et le dénigrent ne saurait être exagéré. »

« Mais vous avez la prétention de dire à plus de 100 millions d’Américains qui ont survécu au Covid que nous n’avons pas le droit de choisir nous-mêmes comment nous soigner », a poursuivi le sénateur Paul. « Vous seul êtes en haut, et vous avez pris ces décisions – un avocat sans formation scientifique, sans un diplôme de médecine ? »

Les chercheurs de Pfizer

Si M. Becerra n’a su répondre concrètement aux questions du sénateur Paul sur l’immunité naturelle, d’autres se sont attelés à le faire.

Le 4 octobre, un reportage réalisé par Project Veritas a révélé que plusieurs scientifiques de Pfizer ont avoué que, selon eux, l’immunité naturelle est plus efficace que leur propre vaccin.

« Quand quelqu’un est naturellement immunisé, par exemple s’il a contracté le Covid, il a probablement, non pas de meilleurs, mais davantage d’anticorps contre le virus », a déclaré Nick Karl, biochimiste chez Pfizer.

« Car le vaccin, comme je l’ai dit, c’est seulement cette protéine qui se trouve à l’extérieur », a-t-il poursuivi en faisant référence à la protéine spike présente à la surface du virus que le vaccin Pfizer-BioNTech contre le Covid-19 reproduit pour provoquer une immunité.

En précisant :« Il s’agit donc d’un anticorps unique dirigé contre une partie spécifique du virus. Lorsque vous êtes infecté par le virus, vous allez commencer à produire des anticorps contre plusieurs éléments du virus, pas seulement contre sa partie extérieure, mais aussi contre sa partie intérieure, c’est-à-dire le virus lui-même. »

« Donc, vos anticorps sont probablement plus efficaces à ce moment-là que le vaccin. »

Chris Croce, scientifique principal associé chez Pfizer, a, pour sa part, déclaré que l’immunité naturelle permettait d’être « protégé très probablement plus longtemps [que la vaccination] puisque cette réponse est naturelle ».

« Si vous avez développé des anticorps [Covid-19], vous devriez être en mesure de le prouver », a estimé Rahul Khandke, un autre scientifique de Pfizer.

Pourtant, la couverture médiatique sur l’immunité naturelle semble parfois destinée à remettre en question son existence même.

Ainsi, en évoquant la décision d’un juge de district de maintenir le mandat de vaccination imposé par l’université de Californie, Reuters a placé le terme « immunité naturelle » entre guillemets.

L’immunité naturelle

Qu’est-ce que l’immunité naturelle, exactement ?

Le fait de croire que l’immunité naturelle existe, ou qu’elle vous protège mieux que le vaccin, fait-il de vous un platiste ? Les chercheurs de Pfizer sont-ils des platistes ?

L’immunité naturelle est assez simple à expliquer : il s’agit de l’immunité que nous développons après nous être remis d’une maladie, car notre système immunitaire se souvient comment combattre l’agent pathogène à chaque fois qu’il se présente.

En termes plus techniques, l’immunité naturelle met en place une réponse immunitaire adaptative. Elle peut donc produire des anticorps pour la protéine spike, mais aussi d’autres anticorps, ainsi que diverses cellules B et T à mémoire – en bref, elle génère une défense complète et efficace, celle que Nick Karl travaillant pour Pfizer a signalé lors de l’interview réalisée sous couvert par Veritas.

La vaccination a pour objectif d’imiter l’immunité naturelle en favorisant une réponse immunitaire contrôlable qui ne provoque pas de maladie grave.

Explication du CDC

Pourtant, en dépit de ces éléments de bon sens, l’exposé Internet publié par le CDC sur l’immunité naturelle et les vaccins est d’une imprécision frustrante, voire trompeuse, car il élude la question de la supériorité ou de l’infériorité de l’immunité naturelle par rapport à l’immunité induite par les vaccins pour mettre l’accent sur les dangers (réels et graves) que représentent de nombreuses maladies contre lesquelles les vaccins ont été mis au point :

« Certaines personnes pensent que l’immunité acquise naturellement – l’immunité acquise en ayant contracté la maladie elle-même – est meilleure que l’immunité procurée par les vaccins. Cependant, les infections naturelles peuvent entrainer de graves complications et être fatales. »

Sans aucune explication, aux dépens de la confiance et de la compréhension du public, le CDC rassemble deux allégations distinctes :

La première affirmation – à savoir que l’infection par le Covid-19 présente plus de risques que la vaccination, en particulier chez les personnes âgées ou obèses – est peut-être raisonnable, mais elle n’est pas traitée dans l’article.

Si tel est le cas, on doit en déduire qu’il ne faut en aucun cas contracter intentionnellement la maladie pour acquérir une immunité naturelle.

Pourtant, la deuxième affirmation – à savoir que l’immunité naturelle au Covid-19 est plus fragile que l’immunité induite par le vaccin – ne passe pas l’examen.

Tout d’abord, parce que cette hypothèse va à l’encontre des expériences que nous avons tirées des maladies par le passé.

Les preuves

Le Dr Monica Gandhi, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Californie de San Francisco (UCSF), s’est exprimée sur la durée de l’immunité au Covid-19 dans un thread détaillé sur Twitter en citant un article paru dans la revue Nature en 2008 qui montrait que les survivants de la pandémie de la grippe espagnole étaient toujours capables de développer une réponse immunitaire au virus de 1918 près de 90 ans plus tard.

Pour sa part, le sénateur Paul a rappelé en interrogeant M. Becerra que le CDC considère que l’immunité naturelle, y compris l’immunité naturelle présumée pour les personnes nées avant 1957, est un substitut satisfaisant à la vaccination contre la rougeole.

Dans le même ordre d’idées, le règlement 40-562 de l’armée américaine stipule qu’une infection antérieure et l’immunité naturelle qui en découle peuvent justifier une dispense médicale à la vaccination – un règlement auquel deux membres du service actif ont fait appel dans leur procès contre le décret du secrétaire à la défense Lloyd Austin, rendant le vaccin obligatoire pour toutes les troupes.

Les premiers résultats obtenus au Danemark, publiés dans The Lancet en mars 2021, ont souligné le potentiel immunitaire de l’infection.

Dans cette étude, portant sur 69 % de la population du pays, on a constaté qu’une infection antérieure offrait une assez bonne protection contre une réinfection, moins efficace néanmoins chez les groupes plus âgés.

Un article publié en septembre par la revue médicale BMJ (British Medical Journal) a inventorié un certain nombre de recherches plus ou moins récentes qui suggèrent que l’immunité naturelle est aussi  efficace, voire plus efficace, que l’immunité induite par la vaccination.

Notamment, une étude réalisée en avril 2021 sur l’ensemble de la population israélienne montrant que le vaccin Pfizer-BioNTech offre une protection globalement équivalente à l’immunité naturelle.

Ou une étude réalisée en août 2021, à partir de données fournies par les services de santé israéliens Maccabi, allant plus loin en révélant qu’une infection antérieure entraîne des risques d’hospitalisation et de maladie symptomatique beaucoup plus faibles que les deux doses du vaccin administrées à des personnes qui n’ont jamais été infectées.

Et encore bien d’autres études menées en Autriche, la Cleveland Clinic dans l’Ohio et dans d’autres pays ou organismes, ainsi que des examens systématiques et des synthèses similaires de recherches menées antérieurement, concluant à l’unanimité que l’immunité résultant d’une infection antérieure est soit équivalente, soit plus efficace que l’immunité conférée par un vaccin.

Plus récemment, la toute dernière étude de l’Institut finlandais de la santé et du bien-être a signalé que la grande majorité des personnes infectées par le Covid-19 conservent des anticorps protecteurs douze mois après l’infection initiale. Le système immunitaire est donc tout à fait en mesure de résister à une nouvelle infection.

À l’inverse, de nouvelles recherches menées en Israël et au Qatar ont montré que les effets bénéfiques que procure le vaccin s’estompent plusieurs mois après la seconde injection.

Passeports et mandats

En dehors des États-Unis, de nombreux autres pays reconnaissent les effets protecteurs de l’immunité naturelle.

Comme le rapporte Science, certains pays, dont Israël, la France et l’Italie, administrent une dose de vaccin plutôt que deux aux personnes précédemment infectées par le virus du PCC, communément appelé nouveau coronavirus.

L’Angleterre reconnaît l’immunité naturelle lorsqu’elle accorde des passeports vaccinaux.

En revanche, dans le cadre du programme « Key to NYC »  de la ville de New York, les passeports indispensables pour les personnes de 12 ans et plus afin qu’elles puissent accéder aux restaurants couverts, salles de sport, etc., ne prennent en compte que la vaccination.

Et si Todd Zywicki, professeur à l’université George Mason (GMU), a finalement été exempté de l’obligation vaccinale imposée par son établissement grâce à son immunité naturelle, beaucoup d’autres personnes soumises à cette obligation n’ont pas eu cette chance.

En août, la juge de la Cour suprême Amy Coney Barrett, nommée par Donald Trump, a rejeté une demande d’urgence déposée par des étudiants de l’université d’Indiana Bloomington qui contestaient le programme de vaccination obligatoire imposé par leur établissement.

L’assignation des étudiants notait que le mandat proposé par l’université « ne comportait pas d’exemption pour les personnes dotées d’une immunité naturelle, à savoir celles qui avaient déjà été infectées et s’était complètement rétablies ».

L’examen des mandats vaccinaux effectué par Epoch Times « n’a pas permis de trouver une seule école proposant des dispenses aux élèves déjà immunisés ». Il en va de même pour la plupart des mandats émis par les États et le gouvernement fédéral.

Censure

Si l’immunité naturelle au Covid-19 est réelle et concrète, pourquoi est-elle tenue à l’écart des débats ?

La censure omniprésente, qui consiste notamment à réduire au silence des médecins et des scientifiques compétents, offre une réponse partielle.

L’ONG Brownstone Institute, a fait savoir que LinkedIn, le site de gestion des réseaux professionnels, avait supprimé certains de ses contenus, notamment un article rédigé par l’épidémiologiste de Harvard Martin Kulldorff, traitant du renvoi en milieu hospitalier de certaines infirmières non vaccinées mais naturellement immunisées.

Des utilisateurs de Facebook ont affirmé avoir été censurés ou menacés de censure pour avoir partagé une étude israélienne sur l’immunité naturelle, des vidéos de Project Veritas et d’autres contenus liés à l’immunité naturelle.

Le climat de répression de la parole autour du Covid-19 n’est pas nouveau.

Ainsi, la lanceuse d’alerte de Facebook, Frances Haugen, prônant, semble-t-il, un renforcement de la censure sur la plateforme, a été convoquée devant le Sénat et s’est vue participer à une émission de télévision intitulée « 60 minutes ». Quant à Morgan Kahmann, un lanceur d’alerte antérieur, pour Project Veritas, il a tout simplement été licencié après avoir partagé des documents révélant que la société effaçait discrètement tout contenu  « encourageant l’hésitation à se faire vacciner ».

Frances Haugen a apparemment quitté Facebook en mai de cette année, même si son profil LinkedIn ne le précise pas. D’après la dernière mise à jour de sa page de fonds de soutien, Morgan Kahmann est toujours sans emploi.

Plus troublant encore, les employés de Pfizer enregistrés par Project Veritas ont laissé entendre qu’ils étaient eux-mêmes pris en otage dans un climat de censure et d’autocensure.

« Oh, mon Dieu, j’ai signé des accords de confidentialité à ce sujet », s’est exclamé Nick Karl.

« Vous ne pouvez pas parler de ce qui pourrait vous impliquer ou, par exemple, de Big Pharma », a avoué Chris Croce. « Même si vous fermez la porte du bureau, c’est un peu : Qui écoute ? »

Nathan Worcester est un journaliste spécialiste de l’environnement pour Epoch Times.


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