Lula élu: retour du socialisme au Brésil?

Par Aymeric Belaud, Chargé d'études Diplômé en Science politique de l'Institut Catholique de Vendée et en Sciences politiques et Affaires publiques à HEIP
3 novembre 2022 19:56 Mis à jour: 3 novembre 2022 21:37

Les résultats sont serrés, mais c’est bien Luiz Inácio « Lula » da Silva qui a remporté le deuxième tour de l’élection présidentielle brésilienne, dimanche 30 octobre, avec 50,9% des voix contre 49,1% pour Jair Bolsonaro.

Les sondages qui estimaient une victoire aux alentours de 53% pour Lula se sont trompés. L’écart est d’à peine 2 millions de voix, alors qu’il y a plus de 5 millions de bulletins nuls ou non valides. Le bilan économique de Jair Bolsonaro est globalement positif, mais les électeurs ont, semble‑t‑il, voulu sanctionner son bilan du Covid‑19 et sa personnalité. Selon un édito du Wall Street Journal, les Brésiliens font « à nouveau le pari du populisme de gauche qui a si souvent échoué dans le passé ».

Outre un certain rejet de Bolsonaro, moindre que ce que les médias occidentaux ont relayé, Lula a gagné grâce à ses appels aux pauvres. Président de 2003 à 2010, il avait été condamné pour corruption avant d’être libéré pour vice de forme en 2017. Son Parti des travailleurs avait mis au point le plus grand système de corruption de l’histoire de l’Amérique latine destiné à maintenir, sans succès, son parti au pouvoir.

Bolsonaro voulait tout changer, mais le Congrès n’a pas suivi. Fait politique majeur, le Parlement est plus favorable à sa politique aujourd’hui qu’en 2018 et son gouvernement a pu réaliser une déréglementation et une réforme fiscale importantes. S’il a dépensé sans compter pour soutenir les entreprises et les ménages pendant la crise du Covid‑19, il a ensuite réduit les dépenses en diminuant les subventions aux entreprises, en ralentissant la croissance de l’aide sociale et en baissant la masse salariale du gouvernement. Ces restrictions budgétaires ont soulagé la banque centrale et l’inflation a diminué. Désormais, autour de 7%, cette dernière est inférieure à celle des États‑Unis de Joe Biden !

Durant sa présidence, Bolsonaro a subi les foudres des médias et des élites (parfois à raison) qui n’appréciaient pas son conservatisme social et le dépeignaient comme une menace pour la démocratie. Sa rhétorique n’a pas aidé et a été particulièrement impopulaire auprès des femmes. Il a aussi été critiqué à cause de la déforestation de l’Amazonie bien qu’elle ait diminué durant son mandat (11.000 km² par an quand elle était de 20.000 km² chaque année sous les gouvernements Lula). C’est pourtant Jair Bolsonaro qui a été étiqueté d’ennemi de l’Amazonie, pas Lula…

Avec cette élection, la quasi‑totalité des États d’Amérique du Sud sont dirigés par la gauche et l’extrême gauche. Le Chili a encore un parlement de droite, mais un président venu de l’extrême gauche. Avec une droite brésilienne qui sort renforcée des élections parlementaires et des gouverneurs de centre droit élus dans certains grands États fédérés, la présidence Lula pourrait n’être qu’une parenthèse d’un socialisme limité. C’est ce que l’on peut souhaiter au Brésil.

Article écrit par Aymeric Belaud, avec l’aimable autorisation de l’IREF.

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