On se fait pirater par la Chine et on ne dit rien

Par Anders Corr
3 avril 2024 14:42 Mis à jour: 3 avril 2024 14:42

Le 25 mars, des responsables des États-Unis et du Royaume-Uni ont fait une déclaration sur le piratage informatique de la Chine. Les activités en question visent des fonctionnaires, des entreprises, des journalistes et des militants américains, ainsi que l’organisme britannique chargé de veiller au bon déroulement des élections.

Les attaques ont débuté en 2010 dans le but de harceler les détracteurs du Parti communiste chinois (PCC), de voler des secrets commerciaux et d’espionner des dirigeants politiques. Quatorze ans plus tard, les gouvernements américain et britannique continuent de réagir en imposant des sanctions contre des entités individuelles plutôt que contre l’économie chinoise dans son ensemble. Seule cette dernière approche permettra d’attirer l’attention de Pékin et de dissuader les abus avant qu’ils ne dégénèrent en conflit militarisé.

Un indice sur la raison pour laquelle il a fallu tant de temps pour imposer même ces sanctions mineures peut être trouvé dans une réunion entre des PDG américains souriants et le chef du PCC, Xi Jinping, ce 27 mars. L’hypocrisie des entreprises américaines qui se montrent amicales envers un pays aussi hostile est peut-être ce qui a poussé le député Mike Gallagher (Parti républicain, Wisconsin) à leur dire, selon le Wall Street Journal, que « les entreprises américaines devraient agir comme des entreprises américaines ». Il a insisté à juste titre sur le fait que l’on doit « cesser de financer notre propre destruction ».

Mike Gallagher a fait preuve d’une rare lucidité sur la question de la Chine depuis qu’il a été élu pour la première fois au Congrès en 2017. Malheureusement, il prévoit de céder son siège en avril. La bonne nouvelle est que la commission sur le PCC, qu’il a présidée dès sa création et avec un effet stupéfiant, continuera. L’Amérique, l’institution ne dépend pas d’un seul individu, aussi bon soit-il.

Le nouveau président sera le représentant John Moolenaar (Parti républicain, Michigan), qui devrait poursuivre la culture bipartisane de la commission tout en faisant pression pour des droits de douane sur les véhicules chinois qui dépasseront le taux actuel de 27,5%.

Les constructeurs automobiles américains étaient notablement absents de la réunion de Pékin du 27 mars. En revanche, selon une liste publiée par le China Development Forum, elle a rassemblé un groupe de « stars » composé de PDG et de présidents des plus grandes entreprises mondiales, telles qu’Apple, Exxon Mobil, Trafigura, Shell, TotalEnergies, Mercedes-Benz, HSBC, Pfizer, Nestlé, FedEx, Hitachi, Siemens, Cargill, HP, Bayer, Novartis, Prudential, Swiss Re, Bristol-Myers Squibb, AstraZeneca, Qualcomm, GlaxoSmithKline, UBS, Michelin, Standard Chartered, Mizuho Financial, L’Oréal, Schneider Electric, Anglo American, SK Hynix, Broadcom, Starbucks, Medtronic, Amway, Micron, Blackstone, Vale, Citadel, Temasek, Danone, Manulife, Deloitte, McKinsey, Bloomberg, Nomura, BCG, Invesco, S&P, PwC, KKR et Corning, entre autres.

La recherche du profit, y compris en Chine, est l’obligation fiduciaire de ces chefs d’entreprise vis-à-vis des actionnaires. Toutefois, elle devrait être davantage réglementée par la loi afin que le marché ne fonctionne pas à contre-courant de l’intérêt national. Dans le cas de la Chine, la législation américaine devrait garantir que ces entreprises et d’autres ne soient pas utilisées contre notre démocratie par un pays qui serait prêt à leur verser des milliards de dollars pour saper la puissance et l’influence mondiales des États-Unis.

La zone grise apparaît lorsque ces entreprises, qui sont très influentes à Washington, utilisent cette influence pour servir les intérêts du PCC. Le fait que le PCC puisse augmenter les bénéfices des entreprises privilégiées en compensation de leur aide à Washington constitue une faille majeure dans les lois américaines sur l’influence étrangère, qui met en péril la démocratie américaine.

Les organisations internationales, dont la Banque mondiale, le FMI et la Banque asiatique de développement, étaient également représentées à Pékin. Le fait qu’un si grand nombre de dirigeants économiques et commerciaux du monde entier se soient retrouvés au même endroit, tenant vraisemblablement leur langue en présence de Xi Jinping pour maximiser leur accès, devrait inquiéter les démocraties du monde, contre lesquelles le PCC est un ennemi juré.

Ce qui s’est passé quatre jours avant que les chefs d’entreprise ne rencontrent Xi Jinping en est l’illustration. Les garde-côtes chinois ont tiré avec des canons à eau sur ce qui semble être un navire de ravitaillement non armé utilisé par les garde-côtes philippins. Sur de rares images filmées de l’intérieur du navire victime, on voit des jets d’eau déchirer le navire, briser des fenêtres et laisser de grands trous à l’intérieur. Des marins philippins ont été blessés et auraient pu être emportés hors du bateau et se noyer. Les États-Unis ont conclu avec les Philippines un traité de défense mutuelle datant de 1951, mais ils n’ont pas encore pris la défense des Philippines de manière substantielle.

Les politiciens américains à Washington ne prennent toujours pas la menace du PCC contre nous-mêmes et nos alliés aussi sérieusement que nous le devrions. Tant que nous répondrons par des sanctions légères contre des agents de bas niveau au lieu d’imposer des sanctions économiques à l’ensemble de la Chine, nous et nos partenaires continuerons d’être attaqués.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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