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Rapatriés de Kaboul en France, des Afghans toujours rongés par « l’inquiétude du pays »

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Un garçon se tient derrière la grille d'un immeuble, les familles de réfugiés afghans viennent d'arriver après leur évacuation de Kaboul à Villeurbanne, près de Lyon, le 31 août 2021. Photo par Olivier CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images.

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Durée de lecture: 6 Min.

Parti brutalement de Kaboul vers un avenir incertain, Ali, un chirurgien afghan de 59 ans, vit depuis une semaine en France avec sa famille à Villeurbanne, près de Lyon (centre-est) et peine encore à se projeter dans une nouvelle vie.
« Le futur, on ne sait pas, donc nous avons choisi la demande d’asile pour avoir une garantie pour notre futur », déclare devant des journalistes le quinquagénaire, assis à côté de son épouse dans la salle commune de la résidence où ils sont accueillis depuis le 25 août.
Structures gérées par Forum réfugiés-Cosi
Le couple et ses deux enfants de 11 et 12 ans font partie d’un groupe de 85 réfugiés afghans, évacués par la France et accueillis en urgence, à Lyon et Villeurbanne, dans des structures gérées par Forum réfugiés-Cosi, après un éprouvant périple pour fuir Kaboul, tombée mi-août aux mains des talibans.
Comme eux, quelques 2.600 Afghans menacés ont été évacués en France en août, selon les chiffres officiels donnés à la suspension du pont aérien.

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« Il nous reste toujours l’inquiétude du pays, de notre famille, de notre peuple, parce qu’on pense toujours à ça, on ne peut pas oublier », ajoute ce professeur d’université francophone, barbe poivre et sel de trois jours.
Il témoigne sous un prénom d’emprunt car Forum réfugiés-Cosi préfère préserver l’anonymat des réfugiés afghans pour éviter de possibles représailles sur leurs proches restés au pays.
« Chaque jour était dangereux, »
Ali raconte le départ précipité, munis seulement de « sacs à dos », l’attente durant « trois jours, sans manger » pour atteindre la porte de l’aéroport puis un premier avion vers Abu Dabi, la capitale des Emirats arabes, un second pour Paris et enfin un bus vers Lyon.

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« On n’a pas eu d’autre choix, chaque jour était dangereux, nous étions toujours préoccupés par les risques à venir, surtout pour moi qui ai longtemps travaillé avec les Français, j’avais des relations très proches avec l’ambassade », précise-t-il.
« Très mauvais souvenir » du précédent régime taliban
Sa femme, Lea, 40 ans, médecin, prodiguait des conseils médicaux et juridiques aux femmes afghanes au sein d’une ONG, et garde un « très mauvais souvenir » du précédent régime taliban.
Visage grave parfois illuminé d’un sourire, elle parle pachto, son époux Ali traduit: « elle a senti le danger, elle était préoccupée pour sa carrière car elle n’allait pas pouvoir continuer son travail, qu’elle aime bien ».

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« Elle était aussi préoccupée pour sa fille qui n’allait pas pouvoir être scolarisée », poursuit-il.
A Kaboul, l’école a fait savoir qu’elle n’accueillerait plus « les filles qui dépassent la sixième ».
Que la famille puisse vivre sans « danger pour (sa) vie »
Leurs projets ? Ali souhaite seulement que ses enfants, encore « choqués » par les scènes de « brutalité » auxquelles ils ont assisté, soient « scolarisés » et que la famille puisse vivre sans « danger pour (sa) vie ».
Comme les autres réfugiés, ils ont obtenu à leur arrivée en France un visa de 15 jours, ont commencé par dix jours d’isolement lié à la crise sanitaire et ont commencé les formalités pour demander l’asile politique.
« Les premiers jours ont servi à se reposer, à se reconstituer (…) tout le monde était épuisé, en particulier les enfants », souligne le directeur général de Forum réfugiés-Cosi, Jean-François Ploquin.
« Maintenant nous sommes dans une deuxième séquence: permettre aux personnes d’être en pleine possession des éléments nécessaires pour demander l’asile », ajoute-t-il.
A « tout laissé, jusqu’à ses trois enfants et sa femme ».
« Beaucoup sont rassurés sur leur sort mais sont en grand souci de ceux qu’ils ont laissé au pays », observe le responsable.

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Cette angoisse taraude Massoud, 34 ans, vêtu d’une tenue traditionnelle afghane en tissu satiné. Craignant pour sa vie, il a « tout laissé, jusqu’à ses trois enfants et sa femme ».
Ses diverses activités professionnelles, en lien avec des étrangers, ainsi que son « activisme social » pouvaient, selon lui, le faire passer pour un « espion des Français » auprès des talibans.
« Ma requête est celle-ci: si vous avez été capables de sauver des milliers de vies, sauvez seulement ma femme et mes trois enfants, supplie-t-il. Tout est à portée de main, toutes sortes de nourriture, mais je ne prends plaisir à rien ici. Physiquement, je suis assis ici mais mes pensées sont en Afghanistan, avec ma femme ».