Saint-Denis : elle loue son appartement sur Airbnb pendant une semaine et découvre que le locataire était en fait un proxénète

Par Paul Tourège
15 octobre 2019 12:29 Mis à jour: 15 octobre 2019 12:29

Lorsqu’une jeune femme de 34 ans a mis son appartement en location sur la célèbre plateforme Airbnb, elle ne s’attendait pas à ce que le locataire s’en serve pour héberger des prostituées et leurs clients.  

Début septembre, une trentenaire loue son logement situé à Saint-Denis à un homme qui a répondu à l’annonce qu’elle avait publiée sur Airbnb. Le locataire se présente comme un jeune homme de 28 ans prénommé Nicolas et originaire de Toulouse.

Créé en juillet, son profil Airbnb affiche deux commentaires élogieux et la jeune femme ne se méfie pas. « On sait tous que ça peut être truqué », admet-elle aujourd’hui.

Avant de consentir à lui louer son logement, la propriétaire échange quelques messages avec le fameux Nicolas. « Deux lits ça serait top, c’est prévu qu’on soit 3/4 personnes », lui explique-t-il.

Il loue finalement l’appartement du 3 au 10 septembre et récupère les clés auprès d’un commerçant du quartier. Rapidement, le jeune homme de 28 ans éveille les soupçons du voisinage.

« C’est lui qui faisait la sécurité. Il était avec son pote, casquette, barbe, c’était le maquereau, il faisait monter les clients », affirme un riverain dans les colonnes du Parisien. « C’était un bordel ! », renchérit un autre.

À la fin de la période de location, une voisine prévient finalement la propriétaire des nombreuses allées et venues qui ont lieu dans son logement.

« Tout me dégoûte, je ne peux rien utiliser »

Lorsqu’elle récupère son appartement, la jeune femme de 34 ans découvre le pot aux roses avec stupeur : sous-vêtements féminins, préservatifs usagés, serviettes hygiéniques et reliefs de repas jonchent le sol. Des fenêtres ont été cassées, un radiateur a été arraché et le marbre de la cheminée a été rayé à coups de couteau.

Si la propriétaire a déposé plainte le 13 septembre avant de faire constater les dégâts par un huissier, elle n’a toujours pas réintégré son logement et se trouve hébergée par des amis depuis plus d’un mois.

« J’ai dormi quelques nuits, sur un matelas, par terre, mais j’ai eu des crises d’angoisse. Je vais être obligée de tout jeter, tout me dégoûte, je ne peux rien utiliser », explique cette fonctionnaire en mi-temps thérapeutique.

La jeune femme évalue le montant des dégâts à plus de 50 000 euros et finit par se tourner vers Airbnb dans l’espoir d’être indemnisée.

« Nous l’avons recontactée dans l’heure pour lui proposer de l’aide, nous [l’] avons remboursée de certaines dépenses et lui avons proposé un relogement et continuons à lui apporter notre aide via notre programme Garantie hôte », assure la célèbre plateforme de location.

« L’hébergement ne m’a été proposé qu’au bout de deux semaines, lorsque j’ai fait intervenir un avocat… Et on ne m’a proposé que 700 euros pour remplacer la porte qui vaut déjà plus que ça », déplore au contraire la propriétaire de l’appartement. « On se sent terriblement seuls dans cette situation », ajoute-t-elle.

« Comme pour le trafic de stupéfiants, il y a des logiques de territoires »

S’il n’existe aucune étude précise permettant d’évaluer l’ampleur de la prostitution dite « logée », par opposition à la prostitution « de rue », les enquêteurs considèrent néanmoins que le phénomène est loin d’être anecdotique.

« On estime à 30 ou 40 % la part des réseaux de proxénétisme utilisant les locations de courte durée proposées sur Internet par des sites », souligne Jean-Marc Droguet, commissaire divisionnaire et chef de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).

« Dans Paris intra-muros, les chambres d’hôtel sont souvent très chères et il est plus rentable de louer un appartement à un particulier », poursuit le commissaire Droguet.

« Comme pour le trafic de stupéfiants, il y a des logiques de territoires », précise Simon Bénard-Courbon, référent proxénétisme au parquet des mineurs à Bobigny, en Seine-Saint-Denis.

Une coopération qui laisse à désirer

De son côté, Airbnb explique que la plateforme n’a « pas accès aux fichiers de police ».

« Nous travaillons étroitement avec les forces de police sur les cas de comportements criminels, et faisons tout notre possible pour les assister dans leurs investigations », observe Airbnb.

L’entreprise met également en avant la création d’un nouveau portail de signalement permettant de centraliser les demandes des forces de l’ordre du monde entier.

« 3071 demandes de renseignements sont parvenues de 47 pays en 2018, dont 811 ont impliqué la transmission d’informations relatives à un compte Airbnb », souligne la plateforme locative.

« Les sièges de ces sites sont basés à l’étranger et la commission rogatoire pour récupérer les coordonnées des loueurs proxénètes est du coup rallongée et prend plusieurs semaines », tempère toutefois Jean-Marc Droguet.

Afin de rassurer les propriétaires qui craignent que leur appartement soit loué par des proxénètes, la plateforme a mis en place une page spécifique destinée à prodiguer quelques conseils aux loueurs.

« Cherchez les profils de vos locataires sur les réseaux sociaux, ou après avoir obtenu le numéro de téléphone de vos clients introduisez-le sur Google suivi du mot escort », peut-on lire sur la page en question.

« Tous les hôtes sont protégés par notre garantie jusqu’à 800 000 euros », conclut Airbnb.

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