Sur TikTok, un détenu fait des millions de vues avec son «show», les surveillants pénitentiaires «tournés en ridicule»

Par Emmanuelle Bourdy
17 janvier 2024 19:05 Mis à jour: 17 janvier 2024 19:05

Ce détenu du centre de détention d’Annœullin, dans le nord de la France, provoque l’irritation des surveillants en postant régulièrement et illégalement des vidéos sur son compte TikTok, suivi par 55.000 abonnés. Les surveillants réclament donc à leur direction une reprise en main de la sécurité dans cet établissement.

Les surveillants du centre pénitentiaire d’Annœullin en ont plus qu’assez d’être ridiculisés par l’un des détenus, portant le nom de Stifler sur les réseaux sociaux. Cet homme de 28 ans, qui écope d’une peine de 10 ans de prison ferme, rapporte France 3 Hauts-de-France, se met en scène dans des vidéos diffusées sur ses réseaux sociaux. Le bureau Local S.P.S (Syndicat Pénitentiaire des Surveillantes et Surveillants Brigadiers) a décidé de rédiger un communiqué, à l’attention de la directrice du centre, ce jeudi 11 janvier.

Il fait son « show » tous les soirs dans sa cellule, « en toute impunité »

Cela fait déjà cinq mois que le TikToker fait parler de lui, bien au-delà des murs de la prison. Au total, il a publié quelques dizaines de vidéos depuis septembre 2023, avec une nouvelle mise en scène à chaque fois. Le détenu a réussi à se procurer plusieurs téléphones illégalement.

« Alors que les surveillants tirent la sonnette d’alarme depuis des mois quant à la nouvelle star des réseaux sociaux, rien n’y fait ! Stifler-rbx fait son show, sur TikTok, tous les soirs dans sa cellule du bâtiment C en toute impunité ! » est-il écrit dans le communiqué adressé à la directrice.

Dans l’une de ses vidéos, le TikToker déclare sa flamme à la directrice du centre pénitentiaire, en « demandant moins de fouille ». Or, le bureau local exige au contraire « une reprise en main de la sécurité » dans cet établissement et réclame « une fouille de grande ampleur ».

(capture d’écran @stiflerrbxofficiel)

Face à une administration « qui ferme les yeux pour ne pas faire de vagues ! »

Des fouilles ont été effectuées dès le 12 janvier dans la cellule de ce détenu, précise France 3, permettant ainsi de mettre la main sur de nombreux objets interdits. En conséquence, le TikToker a comparu en commission de discipline. La direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) de Lille a précisé qu’il avait, depuis son arrivée dans cet établissement, « fait l’objet de plusieurs comptes-rendus d’incidents relatifs à la détention de portable ».

Le Syndicat pénitentiaire des surveillants réclame que ce détenu soit fouillé de manière régulière, précise BFMTV. Il souhaite pour lui un placement à l’isolement, voire son transfert dans un autre établissement afin que personne ne puisse lui fournir d’autres téléphones. Ceux-ci arrivent dans le centre pénitentiaire soit par le biais de colis jetés dans son enceinte, ou via d’autres détenus.

Sébastien Hecquet, délégué régional adjoint du Syndicat pénitentiaire des surveillants, a déclaré au micro de la chaîne de télévision avoir « un sentiment d’impuissance » avec ce détenu. « On lui prend un téléphone le matin, le soir même, il a un nouveau téléphone. Les surveillants en ont marre. Ils sont un peu déboussolés et découragés par ce système », a-t-il ajouté, concluant : « On est face à une administration qui ne donne pas les moyens, qui laisse couler, qui ferme les yeux pour ne pas faire de vagues ! »

« Faut-il que nous aussi vous fassions des TikTok pour vous faire réagir ? »

Signalant dans leur communiqué en avoir « marre d’être tournés en ridicule chaque soir par ce spécimen », les surveillants pénitentiaires ont précisé qu’ils sont, de même que la directrice, « la risée » du centre, et ce, de la part de collègues et détenus d’autres centres de détention qui « attendent avec impatience la suite du showman », le TikToker étant considéré comme le « protégé » de la directrice.

« Faut-il que nous aussi vous fassions des TikTok pour vous faire réagir ? » interroge le syndicat pénitentiaire des surveillants, demandant également à la direction quelle réponse elle va leur donner et si elle va « persévérer dans [son] laxisme ».

De son côté, la DISP assure que les surveillants pénitentiaires ont le droit d’effectuer « une fouille de cellule lorsqu’ils observent directement un objet ou substance prohibé dans la cellule d’une personne détenue ».

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