Logo Epoch Times

À 18 ans, il tente de racheter la ferme familiale, mais un retraité fait monter les enchères

top-article-image

Photo: DERRICK CEYRAC/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

Un fils d’agriculteur a l’espoir de racheter la ferme familiale, vendue aux enchères le 19 juin, en raison d’une mise en liquidation judiciaire. C’était sans savoir qu’un retraité viendrait entraver son projet. 
Vendredi, la Cour d’appel d’Agen a insisté sur la nécessité de respecter le cadre légal des ventes aux enchères, tout en condamnant fermement les incitations à entraver la cession d’une ferme mise en liquidation judiciaire. Ce dossier, devenu emblématique pour la Coordination rurale, illustre selon le syndicat les obstacles croissants à la transmission du foncier agricole.
Les 37 hectares de terres de cette ferme près de Marmande et la maison du couple d’agriculteurs insolvables avaient été mis aux enchères le 19 juin au prix de 140.000 euros, avant de baisser autour de 10.000 euros après une campagne en ce sens du syndicat agricole, raconte le journal Sud Ouest qui a dévoilé l’affaire.
Mais l’offre tardive d’un retraité de 79 ans a bloqué l’acquisition du bien par le petit-fils du couple, scolarisé en lycée agricole et déclenché un torrent d’insultes sur les réseaux sociaux, avant qu’il ne se rétracte vendredi matin.
« Il s’est fait traiter de rapace, de vil opportuniste. Il est en état de stress post-traumatique après ce tombereau d’injures et de dénigrement », explique à l’AFP Me Alexandre Novion, l’avocat de ce retraité également dirigeant de SCI.
« Il ne savait pas qu’en se portant enchérisseur il venait télescoper le combat d’un jeune homme de 18 ans rêvant de reprendre la ferme de son grand-père. C’est pour cela qu’il jette l’éponge, pas pour les pressions exercées sur lui, » défend Me Novion.
Un syndicat met la pression pour que « personne ne fasse d’offre »
De nouvelles enchères seront organisées à l’automne, avec une mise à prix de 11.000 euros, soit le montant de la dernière proposition de l’acquéreur rétracté.
Début juin, dans son bastion du Lot-et-Garonne, où il dirige la chambre d’agriculture depuis 2001, le syndicat agricole Coordination rurale, adepte des actions coups de poings et dont plusieurs membres ont été condamnés en justice, avait assuré « mettre la pression » dans « tout le département » pour que « personne ne fasse d’offre ».
Sans aucun acquéreur le jour des enchères publiques, c’est la Safer, l’organe de régulation du foncier agricole, qui avait proposé 10.045 euros pour racheter la ferme, dans le but de faciliter à terme l’installation du petit-fils… avant de se heurter à la nouvelle offre proposée par le retraité quelques jours plus tard, juste avant la clôture de la procédure et peu après sa médiatisation.
Des enchères « qui descendent aussi bas, sans acquéreur, c’est extrêmement rare », a commenté auprès de l’AFP la Safer Nouvelle-Aquitaine, précisant que 95% des transactions traitées par l’organisme se font habituellement « à l’amiable ».
Les gens trouvent cela « complètement honteux »
Pour José Pérez, coprésident de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, l’acquéreur « s’est retiré car moralement et humainement ce n’est pas bien ce qu’il a fait. Les gens l’ont insulté, ils trouvent cela complètement honteux. »
« Maintenant, on recommence tout à zéro, et il faudra continuer la pression pour que la ferme, qui aurait dû appartenir à Lucas (le petits-fils, NDLR), lui revienne, et pas à un prix exorbitant », a ajouté M. Pérez.
Dans son communiqué, la Cour d’appel d’Agen précise que le fait « d’entraver ou troubler la liberté des enchères » par des « violences » ou des « menaces », est puni d’une peine de six mois d’emprisonnement et de 22.500 euros d’amende.