Alibaba : soupçons d’espionnage du géant chinois après l’implantation d’un centre logistique en Belgique

Par Kelly Song
3 juin 2021 18:24 Mis à jour: 3 juin 2021 18:24

Le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a fait part de ses préoccupations concernant l’espionnage chinois provenant du centre logistique du géant chinois du commerce électronique Alibaba, en cours de construction à l’aéroport de Liège, en Belgique.

L’aéroport de Liège est le septième plus grand aéroport d’Europe. Il est situé au cœur du triangle d’or Amsterdam-Paris-Francfort, une zone de production très dense en Europe.

Alibaba Group et le gouvernement belge ont signé un accord en décembre 2018 pour ouvrir la première plateforme électronique de commerce mondial (eWTP) d’Alibaba en Europe. Le centre logistique d’Alibaba Group et l’aéroport de Liège ont également signé un contrat de location d’une zone de 220 000 m² pour construire une plateforme logistique à l’aéroport, ce qui a suscité des inquiétudes.

Préoccupations en matière d’espionnage

Le 6 mai, le ministre Van Quickenborne a déclaré aux membres du Parlement que « des agents de renseignement chinois pourraient avoir accès à des zones sensibles et sécurisées de l’aéroport ».

Van Quickenborne a fait référence à une loi chinoise de 2017 qui oblige toutes les entreprises privées à coopérer avec les services de renseignement de l’État. « Alibaba doit également obéir à l’appareil de sécurité chinois dans le cas où ce dernier souhaite avoir accès à des données commerciales et personnelles potentiellement sensibles détenues par Alibaba dans le cadre de ses activités à Liège », a ajouté Van Quickenborne.

Une démonstration en direct utilise l’intelligence artificielle et la reconnaissance faciale dans une technologie spatio-temporelle de foule dense, à l’exposition du fabricant de puces chinois Horizon Robotics, au Las Vegas Convention Center, pendant le CES 2019 à Las Vegas, Nevada, le 10 janvier 2019. (David McNew/AFP/Getty Images)

En outre, Van Quickenborne a déclaré que « cet intérêt ne se limite pas à des fins de renseignement et de sécurité, mais peut être considéré dans un cadre politique et économique plus large ».

La plateforme de commerce électronique mondiale du groupe Alibaba

Pour atteindre une domination mondiale dans le domaine du commerce électronique, Alibaba prévoit de créer une plateforme qui « encouragera la coopération public-privé pour améliorer l’environnement commercial et incuber les futures règles du commerce électronique transfrontalier dans certains domaines clés, notamment la simplification de la réglementation et des normes, et l’harmonisation de la fiscalité », selon son site Web eWTP.

À la mi-2018, elle a annoncé son intention d’ouvrir cinq plateformes logistiques en Asie, en Europe et au Moyen-Orient afin de renforcer ses capacités logistiques mondiales. La succursale de Liège a été la première.

Selon un rapport du média d’État chinois Xinhua, dans le cadre de l’initiative chinoise La Ceinture et la Route, le projet eWTP de Liège a apporté d’énormes avancées économiques à la région. Des vols cargo directs et des liaisons ferroviaires ont été programmés entre l’aéroport de Liège et au moins huit grandes villes chinoises. Le rapport indique également que la plateforme de Liège créera 900 emplois directs et 3 000 emplois indirects dans la région.

Opposition locale

Cependant, Watching Alibaba, un groupe local qui s’oppose à l’arrivée d’une succursale à Liège, déclare sur son site web que « le nombre d’emplois créés est très incertain, et qu’il s’agirait d’emplois de qualité inférieure (emplois de nuit précaires, très contrôlés, etc.) qui détruiraient d’autres emplois, dans d’autres secteurs économiques ».

Le groupe s’oppose à la forme même de commerce électronique qu’Alibaba est en train de construire, car elle est « mauvaise pour l’économie régionale, car elle met les détaillants locaux en concurrence directe avec des produits importés sur de longues distances, vendus moins chers, parfois contrefaits, souvent de moindre qualité, et produits dans des conditions douteuses. Pour chaque emploi créé dans le domaine du commerce électronique, deux ou trois sont détruits dans le commerce traditionnel ».

De plus, Watching Alibaba n’est pas satisfait de la décision de construire le hub à l’aéroport de Liège, car elle a été prise « sans aucune information aux citoyens, sans leur consentement et sans aucune étude d’impact indépendante et complète ».

Dans leur quête d’expansion mondiale, les géants chinois du commerce de détail et de la technologie sont confrontés aux défis de leurs propres employés. Certains de ces défis sont dus à des litiges liés au droit du travail, d’autres à la culture de travail « 996 ». La culture du « 996 », promue par Alibaba et JD.com, fait du travail de 9 heures à 21 heures, six jours par semaine, la norme.

Un employé de 22 ans de la plateforme de commerce électronique Pinduoduo est mort en décembre 2020. Sa mort a été largement attribuée à la culture de travail « 996 ». Un ancien chauffeur-livreur d’un partenaire d’une filiale d’Alibaba s’est immolé par le feu en janvier à la suite d’un conflit salarial.

Ces derniers mois, le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, est tombé en disgrâce auprès du gouvernement chinois, et Alibaba a été condamné par Pékin à une amende de 2,8 milliards de dollars pour violation des règles anti-monopole.

En outre, la Commission de l’Union européenne a suspendu en mai l’accord commercial entre l’UE et la Chine (accord global sur les investissements), qui avait été signé en décembre après sept ans de négociations. Cette suspension est intervenue après que les deux parties ont échangé des sanctions en raison des tensions croissantes sur les questions de droits de l’homme au Xinjiang.

Un groupe de manifestants se faisant appeler « Watching Alibaba » sont dans les rues de Liège, en Belgique, le 17 janvier 2020. Ils protestent contre l’arrivée du magasin en ligne Alibaba dans la région de Liège. (Thomas Michiels/Belga Mag/AFP via Getty Images)

En réponse aux préoccupations du gouvernement belge en matière d’espionnage, le gouvernement chinois a joué différentes cartes en se montrant parfois ferme et parfois conciliant, selon ce qui était nécessaire à chaque instant pour garder la mainmise sur son projet.

Un jour après que le ministre belge ait fait part de ses inquiétudes quant à un éventuel espionnage chinois, l’ambassade de Chine en Belgique a publié une déclaration sur son site Internet affirmant que ces inquiétudes étaient « sans fondement » et que « nous exprimons notre vif mécontentement et notre opposition résolue à cette pratique consistant à calomnier les entreprises chinoises sur la base d’accusations inventées de toutes pièces ».

L’ambassadeur de Chine en Belgique a rencontré le chef du bureau de la mondialisation d’Alibaba Group. Alibaba a présenté à l’ambassadeur chinois un rapport d’étape sur l’eWTP et le projet du centre de commerce en ligne de Liège.

L’ambassadeur a demandé à Alibaba Group de « profiter du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Belgique pour faire progresser régulièrement les projets de coopération, approfondir la coopération commerciale Chine-UE dans le secteur du commerce électronique et promouvoir la coopération Chine-Belgique à un niveau supérieur ».

Le centre logistique d’Alibaba à l’aéroport de Liège devrait être pleinement opérationnel à la fin de 2021. Epoch Times a contacté Alibaba Group pour obtenir des commentaires.

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