Angela Merkel assume son refus de 2008 d’accueillir l’Ukraine dans l’Otan

Par Epoch Times avec AFP
4 avril 2022 22:45 Mis à jour: 4 avril 2022 22:59

L’ex-chancelière Angela Merkel a défendu lundi son refus, en 2008, d’engager le processus d’admission de l’Ukraine au sein de l’Otan face aux critiques de l’actuel président Volodymyr Zelensky qui a regretté la « peur absurde » manifestée par certains dirigeants à l’époque.

L’ancienne responsable allemande, qui a quitté la politique fin 2021, affirme, dans une courte déclaration publiée par sa porte-parole, qu’elle « assume ses décisions du sommet de l’Otan de 2008 à Bucarest ».

Dans un message vidéo dimanche soir, Volodymyr Zelensky avait critiqué le refus, en 2008, de l’Otan d’intégrer l’Ukraine à cause de la « peur absurde de certains responsables politiques à l’égard » de Moscou.

Ces derniers « pensaient qu’en rejetant l’Ukraine, ils pouvaient apaiser la Russie », a critiqué le président ukrainien.

Des atrocités découvertes à Boutcha

M. Zelensky a également suggéré à Angela Merkel, aujourd’hui sans fonction officielle, ainsi qu’à l’ancien président français Nicolas Sarkozy de se rendre à Boutcha, ville au nord-ouest de Kiev récemment reprise par les Ukrainiens, où de nombreux corps de civils ont été retrouvés dans les rues ou des fosses communes.

Le président Volodymyr Zelensky s’est rendu dans la ville de Boutcha, juste au nord-ouest de la capitale ukrainienne Kiev, le 4 avril 2022. (Photo : RONALDO SCHEMIDT/AFP via Getty Images)

« J’invite Mme Merkel et M. Sarkozy à visiter Boutcha et à voir à quoi la politique de concessions envers la Russie a abouti », a lancé M. Zelensky.

« Compte tenu des atrocités découvertes à Boutcha et dans d’autres endroits en Ukraine, tous les efforts du gouvernement et de la communauté internationale pour se tenir aux côtés de l’Ukraine et mettre fin à la barbarie et à la guerre de la Russie contre l’Ukraine bénéficient du plein soutien de l’ancienne chancelière », répond la porte-parole de Mme Merkel dans son message.

La chancelière, restée à la tête de l’Allemagne durant 16 ans, ne s’est quasiment pas exprimée depuis le début du conflit.

Quelques mois après son départ du pouvoir, au sommet de sa popularité, elle se voit désormais reprocher d’avoir manqué de fermeté à l’endroit du président Vladimir Poutine et sa politique à l’égard de la Russie fait l’objet de sévères mises en cause, y compris dans son camp.

La dirigeante conservatrice, qui a gouverné plusieurs années avec les sociaux-démocrates au sein d’une grande coalition, est également critiquée pour avoir rendu l’Allemagne dépendante du gaz russe.

Au sommet de l’Otan à Bucarest, en avril 2008, l’Allemagne s’était prononcée contre le lancement du processus d’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie, position partagée par le président Sarkozy, estimant qu’il ne s’agissait pas de démocraties assez stables.

Le gazoduc Nord Stream 2 suspendu

Autre personnalité à faire l’objet de jugements sévères, le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier, qui fut ministre des Affaires étrangères dans deux gouvernements de Mme Merkel, a reconnu lundi avoir commis une « erreur » en soutenant la construction du gazoduc Nord Stream 2, entre la Russie et l’Allemagne.

« Mon adhésion à Nord Stream 2 était clairement une erreur. Nous nous accrochions à des ponts auxquels la Russie ne croyait plus et contre lesquels nos partenaires nous avaient mis en garde », a déclaré cet élu social-démocrate, selon des propos rapportés par les médias allemands.

Pour le président allemand, « la relation avec la Russie était et reste quelque chose de fondamental, voire de sacré », avait critiqué ce week-end l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne Andrij Melnyk.

Le gazoduc censé doubler la capacité d’approvisionnement de l’Allemagne en gaz russe a finalement été suspendu sine die par Berlin en février.

Les sociaux-démocrates aujourd’hui au pouvoir ont été de fervents supporteurs d’un rapprochement avec Moscou.

M. Steinmeier tablait sur le fait que « Vladimir Poutine n’accepterait pas la ruine économique, politique et morale de son pays pour sa folie impériale », a-t-il expliqué lundi. « Comme d’autres, je me suis trompé », a-t-il conclu.

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