Dans le Nord de la Birmanie, des combats incessants et des villages incendiés

Par Epoch Times avec AFP
20 septembre 2022 14:28 Mis à jour: 20 septembre 2022 14:29

En Birmanie, des combattants patrouillent dans les ruines fumantes d’un village incendié selon eux par les soldats de la junte, en représailles aux actions de résistance qui se multiplient dans le Nord depuis le coup d’Etat militaire de l’an dernier.

Au milieu des cendres ne restent que des toits en tôle ondulée, des poutres de soutien, des ustensiles de cuisine éparpillés… Dans la province de Sagaing, les combats contre la prise du pouvoir par les militaires figurent parmi les plus brutaux du pays.

Onze enfants sont morts dans une attaque aérienne

Ces combats n’épargnent pas les zones civiles et les écoles: au moins onze enfants sont morts dans une attaque aérienne le 16 septembre dans le village de Depeyin, a annoncé mardi l’Unicef. La junte a confirmé une opération vendredi dernier impliquant plusieurs de ses hélicoptères dans la zone concernée, accusant les milices locales qu’elle combat d’utiliser les civils comme boucliers humaines.

Une jeune personne victime d’une frappe aérienne contre un bâtiment scolaire dans le canton de Depeyin, un jour après l’attaque du village par un hélicoptère militaire du Myanmar le 17 septembre 2022. Photo par STR/AFP via Getty Images.

Des images rares obtenues par l’AFP montrent une région dominée par la violence et une forte présence de l’armée, de milices pro-militaires et de combattants anti-coup d’Etat.

L’accès à internet y est régulièrement coupé.

Destruction fin août dans le village de Tharyarkone,

Les troupes de la junte ont semé la destruction fin août dans le village de Tharyarkone, à environ 100 kilomètres à l’ouest de Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, affirme Win Soe, un des habitants.

« En chemin pour retourner dans leur camp, des soldats sont venus dans notre village », raconte-t-il.

« Il n’y avait eu aucun combat par ici et ils sont juste venus dans le but de détruire », ajoute-t-il. « Ils ont incendié 60 maisons dans notre village ».

Une douzaine de jeunes hommes, certains en treillis de combat, chaussettes de football et baskets aux pieds, d’autres en shorts et sandales, arpentent ce qu’il reste des rues de la bourgade.

L’unité fait partie d’une « Force de défense populaire » (PDF) locale, dont des dizaines se sont constituées à Sagaing et dans tout le pays pour combattre l’armée qui, en février 2021, a renversé le gouvernement civil élu d’Aung San Suu Kyi.

Avec souvent pour seules armes leur connaissance du terrain et des fusils artisanaux, certains de ces groupes ont surpris les militaires par leur efficacité, selon des analystes.

En réponse, la junte a lancé des offensives qui, selon les groupes de défense des droits de l’homme, comprennent la destruction de villages, des exécutions extrajudiciaires massives et des frappes aériennes sur des civils.

Des enfants du village de Pu Phar, déplacés après des combats entre l’armée et des membres des Forces de défense du peuple, assistent à une leçon d’école. Photo par STR/AFP via Getty Images.

En mai, l’agence qui coordonne l’aide humanitaire de l’ONU a estimé que plus de 12.000 installations civiles auraient été brûlées ou détruites depuis le coup d’Etat.

Plus d’un million de personnes déplacées en Birmanie

L’armée accuse les PDF, qu’elle qualifie de « terroristes », d’être à l’origine des incendies et affirme qu’ils ont tué des centaines de personnes, dont des moines bouddhistes, des enseignants et des travailleurs de la santé.

Selon les Nations unies, les violences qui ont suivi le coup d’Etat ont porté à plus d’un million le nombre de personnes déplacées en Birmanie.

Elles viennent s’ajouter à celles qui ont été chassées de chez elles par des conflits de longue date dans les zones frontalières peuplées de minorités ethniques.

La région de Sagaing, où vivent principalement des Bamar et vivier traditionnel de l’armée, a vu plus d’un demi-million de personnes déplacées depuis le coup d’État, selon l’ONU.

Violence des militaires

Même dans les villages qui échappent aux incendies, les habitants disent qu’ils vivent dans la crainte de la violence des militaires.

« Lorsque les soldats sont venus dans notre village, nous nous sommes cachés derrière quelques arbustes, mais mon fils était en mauvaise santé et ne pouvait se cacher qu’à proximité », déclare San Nwae, d’un village près de Tharyarkone.

« Les soldats l’ont trouvé et l’ont battu à mort. De ma cachette, j’ai entendu quelqu’un se faire tuer ».

« Quand ils ont quitté le village (…) je suis sorti de ma cachette et j’ai réalisé qu’il s’agissait de mon fils. »

Menés par l’ONU et l’Association des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN), les efforts diplomatiques pour sortir la Birmanie de l’impasse sanglante ont peu progressé.

-Des membres du personnel des gardes-frontières du Bangladesh montent la garde le 19 septembre 2022, après que les obus de mortier tirés du Myanmar ont atterri à l’intérieur du Bangladesh. Photo de TANBIR MIRAJ/AFP via Getty Images.

« Nous n’avons pas assez d’armes »

« Nous combattons les militaires depuis un an, mais nous n’avons pas assez d’armes », explique un membre des PDF.

Il admet que son groupe d’environ 20 combattants est souvent incapable de « tenir les militaires à distance très longtemps ». 

« Quand les soldats viennent dans notre village, nous avertissons les habitants pour qu’ils s’enfuient, et nous en évacuons certains », dit-il.

« Si les soldats arrêtent les villageois, la plupart d’entre eux seront tués ».

 

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