Décollage réussi d’un Soyouz vers l’ISS, premier vol habité depuis le lancement raté

3 décembre 2018 14:23 Mis à jour: 3 décembre 2018 14:24

Un cosmonaute russe et deux astronautes américain et canadien ont décollé et ont été placés en orbite sans accroc lundi par une fusée Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour et en direction de la Station spatiale internationale (ISS), un soulagement après l’échec du dernier vol habité en octobre. David Saint-Jacques, Anne McClain et Oleg Kononenko ont décollé comme prévu à 11H31 GMT de Baïkonour, le cosmodrome russe situé au cœur des steppes du Kazakhstan, pour une mission de six mois et demi en orbite à 400 kilomètres au-dessus de la Terre.

Neuf minutes après le décollage, « la capsule Soyouz MS-11 s’est détachée avec succès du troisième étage de la fusée et a continué son vol autonome vers la Station spatiale internationale », a annoncé l’agence spatiale russe Roskosmos dans un communiqué. Leur rendez-vous avec la station orbitale arrivera rapidement puisque les trois scientifiques devraient s’y amarrer aux alentours de 17H30 GMT. Ce décollage était très attendu, près de deux mois après l’échec du lancement d’une fusée Soyouz qui avait vu ses deux occupants, Nick Hague et Alexeï Ovitchinine, être contraints à un retour sur Terre agité.

L’équipage « est bien en orbite! Je suis reconnaissant au directeur général (de Roskosmos) Dmitri Rogozine et à toutes les équipes de la Nasa et de Roskosmos pour leur engagement qui a fait de ce lancement un succès. Ad Astra (vers les étoiles en latin, )! », a déclaré sur Twitter le patron de la Nasa, Jim Bridenstine. Avant le départ, les trois membres de l’expédition avaient assuré avoir « confiance », selon les mots du cosmonaute Oleg Kononenko, en la fusée Soyouz qui leur a fait quitter l’atmosphère terrestre ainsi qu’en l’équipe de l’agence spatiale russe Roskosmos l’ayant mise au point.

« Le risque fait partie de notre métier », a déclaré dimanche, lors de la traditionnelle conférence de presse de veille de lancement, le commandant de bord Kononeko, 54 ans et déjà trois vols spatiaux à son actif, se disant « psychologiquement et techniquement prêt » pour le décollage. David Saint-Jacques, particulièrement enjoué, a envoyé des baisers à la foule qui saluait et applaudissait le trio alors qu’il partait vers le pas de tir.

Le 11 octobre, la fusée emportant l’Américain Nick Hague et le Russe Alexeï Ovitchinine avait connu une défaillance deux minutes après le décollage. Ce lancement raté, le premier pour un vol habité dans l’histoire de la Russie post-soviétique, avait relancé les doutes sur l’industrie spatiale russe, en proie à de nombreux échecs ces dernières années. « Nous sommes psychologiquement et techniquement prêts pour le décollage », a ajouté l’expérimenté cosmonaute Kononenko dont c’est la quatrième mission spatiale.

Parmi les missions assignées au Russe figure une sortie dans l’espace, prévue le 11 décembre, pour enquêter sur le trou découvert en août dans un vaisseau Soyouz amarré à la station orbitale, qui avait provoqué une légère décompression de l’ISS. Aux côtés d’Oleg Kononenko, l’astronaute de la Nasa Anne McClain s’est dit « vraiment prête » pour le lancement. « Nous sommes prêts à partir et nous ne pensons pas à ça », a ajouté l’ancienne pilote de l’air de 39 ans au sujet de l’accident du 11 octobre.

David Saint-Jacques a pour sa part vanté le vaisseau spatial Soyouz « incroyablement sûr » qui les emmènera en à peine sept heures à bord de la Station. Après le lancement raté d’octobre, « ils sont rentrés sur Terre sains et saufs. Dans un sens, cet événement me rassure sur la conception intelligente du Soyouz et le travail incroyable de l’équipe de recherche ici sur Terre », a expliqué le cosmonaute de 48 ans. La gouverneure générale du Canada, Julie Payette, sera à Baïkonour pour assister à son décollage.

Quelques semaines après l’accident, la commission d’enquête mise en place par Roskosmos avait conclu à la « déformation » d’un capteur lors de l’assemblage de la fusée Soyouz à Baïkonour. Ce lancement raté illustre les difficultés constantes de l’industrie spatiale russe. La construction du nouveau cosmodrome de Vostotchny, inauguré en avril 2016, a été marquée par de nombreuses affaires de corruption et la cour des comptes russes a épinglé fin novembre Roskosmos pour la disparition de plusieurs centaines de milliards de roubles « volés ».

Le secteur souffre aussi de défauts de fabrication et de conception, comme dans la perte d’un cargo spatial Progress en décembre 2016 à la suite de laquelle les autorités avaient procédé au rappel des moteurs des fusées Proton. Reste que les fusées Soyouz sont le seul moyen d’acheminer des hommes sur l’ISS, plusieurs responsables ayant souligné la fiabilité de la fusée dont le système de sécurité a permis de ramener sains et sauf sur Terre les deux spationautes.

Depuis l’accident, plusieurs fusées Soyouz ont décollé sans encombre, dont une le 16 novembre emportant un vaisseau cargo Progress de ravitaillement à destination de la station. Initialement prévu le 20 décembre, le lancement de lundi a été avancé afin d’assurer une présence permanente dans l’ISS, alors que l’équipage actuel composé de Sergueï Prokopiev, Alexander Gerst et Serena Auñón-Chancellor doit revenir sur Terre le 20 décembre.

D.C avec AFP

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