Le garde des Sceaux Gérald Darmanin va lancer « un groupe de travail » sur la reconnaissance faciale qu’il souhaite mettre en place en France, a annoncé vendredi à l’AFP l’entourage du ministre.
L’objectif est de « créer un cadre légal » permettant d’« introduire cette mesure dans notre législation », a-t-on précisé de même source. La composition de ce groupe de travail qui sera mis en place « dans les prochaines semaines » reste à définir.
L’usage de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) avait été testé « à titre expérimental et temporaire » lors des Jeux olympiques de Paris-2024 mais demeure illégal pour identifier ou suivre « en direct » une personne.
En revanche, dans l’état actuel de la législation, son usage est permis s’il s’agit d’analyser a posteriori des images déjà enregistrées et, selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) « pour les besoins des enquêtes judiciaires, sous réserve de respecter un certain nombre de conditions posées par le Code de procédure pénale ».
Contre l’insécurité
Le 5 mai, dans une interview sur la chaîne YouTube, M. Darmanin avait fait part de son intérêt de recourir à la reconnaissance faciale pour lutter contre l’insécurité. Cela permettrait aussi, selon le ministre, de faciliter l’embarquement dans les aéroports.
« Les gens disent qu’à Roissy on met 1h30 pour passer, à Dubaï on met 10 minutes. Oui, mais à Dubaï, il y a la reconnaissance faciale », avait fait valoir M. Darmanin. Il avait dénoncé « une paranoïa sur la technologie, les libertés publiques, la question des fichiers » qui empêche, selon lui, l’usage de la reconnaissance faciale.
Développement de la reconnaissance faciale pour lutter contre la criminalité. pic.twitter.com/ySKTS7f80x
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Sur son compte X, M. Darmanin avait écrit qu’« utiliser la technologie et la reconnaissance faciale, ce sont les solutions pour lutter drastiquement contre l’insécurité ».
« Un risque pour les libertés des personnes »
« Malheureusement le Parlement s’y est toujours opposé jusqu’à présent. Nous devons tous évoluer pour la sécurité des Français », avait-il ajouté. La reconnaissance faciale « est un outil extrêmement précieux dans le cadre de la lutte contre la délinquance et de la criminalité organisée », a indiqué l’entourage du ministre.
Interrogée sur le sujet début mai sur France Info, la Défenseure des Droits, Claire Hédon, s’était dit opposée à « la banalisation » de la reconnaissance faciale.
« On est en train de parler d’une chose banale [reconnaissance faciale dans les aéroports] qu’on voudrait étendre dans la rue mais on ne parle pas de la même chose », avait-elle souligné. « Et c’est bien là, qu’il y a un risque » avec « la reconnaissance faciale que l’on fait n’importe comment dans la rue » et donc « il y a un risque pour les libertés des personnes et il y a un risque d’erreurs », avait-elle conclu.
Un système de reconnaissance faciale est déployé par la police métropolitaine à Oxford Circus le 13 mai 2025 à Londres, Angleterre. Selon la police métropolitaine, la technologie de reconnaissance faciale en direct (LFR) est utilisée pour trouver les criminels recherchés sur les listes de surveillance, détecter et prévenir la criminalité, ainsi que pour protéger ou identifier les personnes vulnérables. Les détracteurs de cette technologie ont exprimé des inquiétudes quant au respect de la vie privée et à la manière dont les données seront stockées et utilisées. (Leon Neal/Getty Images)
Yoann Nabat, Docteur en droit privé et sciences criminelles à Université de Bordeaux, pointait également ce risque lors d’une tribune dans notre journal : « Les moyens employés pour assurer techniquement la reconnaissance faciale ne sont pas exempts d’erreurs, voire de biais », déclarait-il, ajoutant que « ces approximations pourraient mener à atteindre très directement les droits d’individus innocents en conduisant notamment à des arrestations injustifiées dues à la présence de ‘faux positifs’ .»
« Si la proposition entoure ces pratiques de garanties, celles-ci sont plus formelles que réelles », affirmait-il aussi à propos de cette technique déjà mises en œuvre dans d’autres pays comme la Chine.