Grèce: reprise chaotique du procès de 24 travailleurs humanitaires

Les secouristes néerlandais Pieter Wittenberg (à gauche) et irlando-allemand Sean Binder arrivent au tribunal alors qu'ils sont jugés avec 22 travailleurs humanitaires accusés de trafic d'êtres humains, de contrefaçon et d'espionnage sur l'île de Lesbos, le 10 janvier 2023.
Photo: : MANOLIS LAGOUTARIS/AFP via Getty Images
Le procès de 24 travailleurs humanitaires dont la réfugiée syrienne Sarah Mardini, qui a inspiré avec sa sœur nageuse olympique une fiction diffusée sur Netflix, a repris mardi en Grèce dans des conditions chaotiques dénoncées par des ONG.
Entamé en novembre 2021 avant d’être immédiatement ajourné, ce procès médiatisé a de nouveau été brièvement interrompu lors de sa reprise devant le tribunal de Mytilène, sur l’île de Lesbos, en raison de l’absence d’un des accusés et de son avocat.
Il a ensuite pu reprendre avec les plaidoyers des avocats et la présidente de la Cour a précisé que seules les accusations d’« espionnage » à l’encontre de ces travailleurs humanitaires allaient être examinées.
Les poursuites entamées pour blanchiment d’argent, trafic de migrants et fraude seront examinées plus tard lorsque l’instruction sera achevée, a précisé la présidente de la Cour.
La lenteur de la procédure, une tactique des autorités
Cette audience chaotique a suscité un vif mécontentement notamment des accusés et ONG de défense des droits humains alors que les poursuites ont été lancées il y a plus de quatre ans.
« La lenteur de la procédure est selon moi une tactique des autorités grecques pour dissuader les ONG de sauvetage d’opérer sur les îles grecques », a affirmé Wies de Graeve, représentant d’Amnesty International et observateur international dans ce procès. « Ces reports sans cesse de la procédure judiciaire laissent en suspens la vie de jeunes personnes », a-t-il ajouté.
« Toutes les accusations contre nous que ce soit pour espionnage ou blanchiment d’argent ne tiennent pas debout. Ce procès a un objectif politique », a également dénoncé l’un des accusés, le Néerlandais Pieter Wittenberg.
Sarah Mardini, jeune Syrienne réfugiée à Berlin depuis 2015, n’était pas présente à l’audience, les autorités grecques ne l’ayant pas autorisée à revenir en Grèce selon son avocat, Zacharias Kesses.
L’histoire de Sarah Mardini et de sa soeur, la nageuse olympique Yusra, a suscité un immense intérêt au point qu’elles sont à l’affiche du film « Les Nageuses » qui retrace leur périlleuse traversée de l’Europe en 2015 et diffusé sur la plateforme Netflix.
En août 2018 lors de son arrestation, la jeune femme travaillait comme bénévole pour l’ONG ERCI sur cette île grecque qui a vu des centaines de milliers de réfugiés notamment syriens affluer dans des conditions dramatiques en 2015 et 2016.
Sarah Mardini a passé trois mois en prison en Grèce avant de pouvoir rentrer à Berlin.

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