Groupes de niveau au collège: des profs chantent leur contestation à Nantes, le clip fait 220.000 vues

25 mars 2024 12:01 Mis à jour: 25 mars 2024 12:01

À Nantes, des professeurs de collège ont repris la chanson des Gens qui doutent d’Anne Sylvestre afin de manifester autrement leur opposition à l’instauration des groupes de niveau dans les classes de 6e et de 5e.

Gabriel Attal l’assume : dans le cadre de la réforme du « choc des savoirs », le groupe de niveau sera « la règle » sur « les trois quarts de l’année au moins », la classe devant « l’exception », pour l’enseignement des mathématiques et du français en 6e et 5e l’an prochain.

Mais nombre de professeurs y voient là une réforme favorisant « l’élitisme ». Aussi, quelques professeurs de collège de Loire-Atlantique, issus de Nantes, Rezé, Bouguenais, Montoir-de-Bretagne et Saint-Nazaire, se sont rassemblés pendant les vacances d’hiver afin de réaliser une vidéo résumant en chanson leurs doutes quant à l’efficacité de cette réforme.

Intitulé « Le chaos des savoirs », le clip a déjà été vu plus de 120.000 fois et même entonné lors de la dernière manifestation enseignante de mardi dernier.

Chanter la diversité des élèves en difficulté 

Selon Elena, professeure de français à Montoir et parolière principale, cette chanson est « un succès peut-être parce qu’on fait le portrait concret de ces ados que nous avons tous été, que nous connaissons tous », explique-t-elle sur France Bleu.

En effet, se présentant l’un après l’autre devant la caméra, les dix professeurs chantent l’individualité et la diversité des ces élèves en difficulté : le « basketteur » qui préfère le sport aux autres disciplines du socle, la jeune fille qui vit un milieu familial difficile, cette autre fraîchement émigrée d’Ukraine ou encore cette élève dyslexique qui oppose des résultats écrits très faibles à un vocabulaire riche à l’oral.

« Celle-là, on la met où ? », reprennent-ils tous en chœur, dénonçant ainsi une forme de stigmatisation des élèves avec l’instauration de ces groupes de niveau.

« Ils vont rentrer dans des cases et après comment en sortir ? Le groupe des forts, le groupe des faibles, mais c’est la mixité et l’entraide qui font progresser et qui nourrissent », explique Laurent, prof d’histoire-géo, autre interprète de ce chant de contestation sur France Bleu.

Juliette Nivet, enseignante de français, soutient cette initiative, soulignant sur 20 Minutes : « On va donc devoir trier les élèves et les nourrir avec un programme imposé », fustige-t-elle. « Même s’il y a trop d’élèves par classe, cette hétérogénéité fonctionne bien car les élèves qui ont des difficultés sont tirés vers le haut par les autres, assure Juliette Nivet. Cette entraide permet à tout le monde de progresser. »

Pourtant, un autre son de cloche existe, mais peu médiatisé, celui de ces professeurs qui reconnaissent que le « collège unique » favorise parfois un « nivellement vers le bas » de tous ces élèves dont on ne parle pas, mais qui ont un niveau ordinaire, voire élevé, et souhaiteraient aussi progresser, avancer dans leurs apprentissages.

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