Hong Kong: le patron de presse pro-démocratie Jimmy Lai condamné à 14 mois

Par Epoch Times avec AFP
17 avril 2021 11:35 Mis à jour: 17 avril 2021 12:37

Le magnat hongkongais de la presse Jimmy Lai devra purger 14 mois de prison au total après avoir été condamné vendredi pour son rôle dans l’organisation en 2019 de deux grandes manifestations en faveur de la démocratie.

M. Lai faisait partie de neuf personnalités de l’opposition déclarées coupables d’avoir organisé l’une des principales manifestations en faveur de la démocratie de cette année-là, le 18 août, et d’y avoir participé.

Quatre autres militants se sont vu infliger des peines allant de huit à 18 mois de prison et quatre ont été condamnés à de la prison avec sursis. Les faits étaient passibles de cinq ans de détention.

Un Hongkongais sur quatre

Selon les organisateurs, la manifestation du 18 août 2019 avait réuni 1,7 million de personnes, soit près d’un Hongkongais sur quatre. Ce chiffre n’a pu être vérifié indépendamment.

Pour ce rassemblement, le magnat hongkongais devra faire un an de prison. Et le même tribunal a de plus prononcé à son encontre une peine de huit mois pour sa participation à une autre manifestation, le 31 août 2019.

Ce jour-là, des dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées pour marquer le cinquième anniversaire du refus par Pékin d’organiser des élections au suffrage universel à Hong Kong.

Comme les peines seront effectuées pour partie simultanément, M. Lai ne passera que 14 mois en détention.

Le magnat des médias Jimmy Lai est escorté dans une camionnette des services correctionnels de Hong Kong devant la Cour d’appel de Hong Kong. Photo par STR / AFP via Getty Images.

C’est la première fois que ce patron de presse de 73 ans, actuellement en détention provisoire pour avoir enfreint la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, est condamné pour son action militante.

« Motivés par des raisons politiques »

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré que ces jugements étaient « motivés par des raisons politiques » et a appelé à la libération des personnes « emprisonnées pour l’exercice de leurs libertés fondamentales ».

« Nous allons continuer à nous tenir aux côtés des Hongkongais qui cherchent à répondre aux assauts de Pékin contre les libertés et l’autonomie » du territoire, a dit M. Blinken.

« La décision des autorités de Hong Kong de prendre pour cible des personnalités (luttant pour) la démocratie pour les poursuivre doit cesser », a déclaré dans un tweet le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab.

La plupart de ces vétérans de l’opposition hongkongaise, souvent des apôtres de la non-violence, ont passé des décennies à se mobiliser en vain pour l’instauration d’un véritable suffrage universel.

Parmi les autres prévenus figuraient l’ex-députée de l’opposition et avocate Margaret Ng, 73 ans, et l’avocat Martin Lee, 82 ans, qui, avant la rétrocession en 1997 avait été choisi par Pékin pour rédiger la Loi fondamentale qui sert de mini-Constitution à cette région semi-autonome.

– L’ancien législateur et avocat Martin Lee quitte le tribunal de West Kowloon après avoir été condamné à une peine avec sursis le 16 avril 2021 à Hong Kong, Chine. Photo Anthony Kwan/Getty Images.

Tous deux ont été condamnés à des peines de prison assorties d’un sursis.

Les manifestations de 2019 ont régulièrement dégénéré en affrontements avec la police antiémeutes.

En réponse à ce mouvement, Pékin a imposé à Hong Kong une loi draconienne sur la sécurité nationale et a lancé une vaste campagne de répression de la dissidence.

Eradiquer toute dissidence

La pouvoir chinois a également adopté une réforme radicale du système électoral de Hong Kong qui marginalisera totalement l’opposition.

Pour Yamini Mishra, la directrice régionale d’Amnesty International pour l’Asie-Pacifique, ces condamnations montrent la détermination du gouvernement à éradiquer toute dissidence.

« Après avoir arrêté la majeure partie des dissidents les plus éminents de Hong Kong en utilisant la loi répressive sur la sécurité nationale, les autorités éliminent maintenant les derniers opposants pacifiques sous des prétextes fallacieux liés aux manifestations de 2019 », a-t-elle déclaré.

Avant de prononcer les peines pour les neuf accusés, la juge Amanda Woodcock a déclaré que le fait qu’un rassemblement était pacifique n’était pas une excuse.

« La Loi fondamentale garantit la liberté de réunion et de procession, mais ces droits ne sont pas absolus et sont soumis à des restrictions », a dit la juge.

A la fin de l’audience, les personnes venues soutenir les neuf accusés se sont levées et les ont salués au moment où ils étaient emmenés. « Je vous soutiendrai jusqu’au bout », ont scandé des partisans.

-Le militant pro- démocratie et ancien législateur Lee Cheuk- yan accueillie par un ami au tribunal de West Kowloon avant une audience 16 avril 2021 à Hong Kong. Photo Anthony Kwan/Getty Images.

« Il n’y a pas de droit aussi précieux pour les Hongkongais que la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique », avait déclaré auparavant l’avocate Margaret Ng, assurant elle-même sa défense et qui a été saluée par des applaudissements de l’assistance.

« Je suis prêt à être condamné et je suis fier de pouvoir marcher avec les habitants de Hong Kong sur cette route de la démocratie », avait déclaré avant l’audience l’ancien parlementaire Lee Cheuk-yan. « Nous marcherons ensemble à travers la tempête même dans l’obscurité ».

Il a été condamné à 14 mois de prison pour les deux rassemblements.

 

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