Le programme santé non abouti de Marine Le Pen

Par Bernard Kron
14 avril 2022 11:13 Mis à jour: 14 avril 2022 11:13

Retour sur le programme santé de Marine Le Pen. Plusieurs éléments montrent des lacunes qui mériteraient d’être corrigées.

J’ai analysé les programmes santé d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Lequel propose les solutions les plus crédibles pour restaurer le système de soins qui a reculé à la 24e place ?

Dans sa Lettre aux Français du 3 mars, le candidat Macron écrivait vouloir « préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves. Davantage de solidarité entre les générations, de préventions, de démocratie sanitaire, telles sont ses orientations.

Comment ferait-il après sa réélection ? L’histoire reste à écrire. En effet, j’ai analysé les obstacles qu’il a lui-même dressés. Ils sont nombreux car la voie choisie par l’ancien président est par trop étatiste avec le Ségur inefficace et la Grande Sécu.

Celui de Marine Le Pen ressemble par de nombreux aspects à celui d’Éric Zemmour mais il n’est pas abouti. Protéger la complémentarité du double système de santé public et libéral en insistant sur le maillage territorial des acteurs indépendants de la santé (médecins, pharmaciens, laboratoires d’analyses…) serait une bonne chose mais c’est vague.

Voyons avec plus de détails ses propositions.

Sécurité sociale

Garantir la Sécurité sociale pour tous les Français et le remboursement de l’ensemble des quatre risques : maladies, accidents du travail, vieillesse et famille.

Ils sont déjà pris en charge par l’assurance maladie, donc jusque là rien de nouveau. Elle ne précise pas quelles tarifications seraient actualisées, ni le taux des remboursements.

Créer un cinquième risque de Sécurité sociale consacré à la dépendance liée à l’âge, à la perte d’autonomie ou au handicap. Avec quels financements ?

Déserts médicaux

Numerus clausus :

Elle souhaite le relever « Pour éviter le recours massif aux médecins étrangers et permettre le remplacement des trop nombreux départs à la retraite prévus ».

Il faudrait le doubler mais cela n’aurait d’effet que dans dix ans. Empêcher ou limiter le nombre de médecins étrangers aggraverait les déserts médicaux et paralyserait l’hôpital.

Tarification :

Marine Le Pen propose de moduler la rémunération des consultations en fonction du lieu d’installation du médecin. C’est typiquement le genre de mesures qui est inapplicable.

Il y a pénurie de médecins dans tous les départements et dans toutes les spécialités. Payer davantage les consultations de ceux qui sont installés à tel ou tel endroit dans telle ou telle spécialité se révèlerait effroyablement complexe.

Stage d’internat :

Il serait instauré dans les zones en déficit de médecins. C’est de la pure utopie, l’internat étant une formation.

Maintenir les hôpitaux de proximité :

Plutôt que d’organiser des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et augmenter les effectifs de la fonction publique hospitalière. Avec quels personnels ?

Lutter contre les déficits et les fraudes

Supprimer l’aide médicale d’État et la remplacer par une aide restreinte aux urgences vitales :

L’AME s’adresse aux ressortissants étrangers en situation irrégulière et précaire. Chaque année des dizaines de milliers d’interventions sont pratiquées pour des ressortissants extras-européens sans caractère d’urgence et les règlements ne sont pas toujours exécutés.

Lutter contre les diverses fraudes à l’Assurance maladie :

Notamment par la création d’une carte vitale biométrique fusionnée avec la carte nationale d’identité. Les fraudes seraient de l’ordre de 15 à 45 milliards d’euros selon Charles Prats.

Vendre les médicaments à l’unité :

Afin de faire des économies, lutter contre le trafic et la revente à l’international. Cette gestion serait complexe et source d’erreurs pour certains malades.

Accélérer et faciliter la mise en place des médicaments génériques :

Certes ils sont moins chers que les médicaments princeps. Mais certains n’ont pas la même efficacité, ce qui pourrait être dangereux, en particulier pour les traitements hormonaux et cardiovasculaires.

Augmenter les financements de la recherche scientifique :

Notamment biomédicale, pour valoriser les technologies françaises sur la scène internationale et soutenir les startups françaises.

Les études médicales

La réforme des études médicales et la réorganisation générale du système sont abordés. Ce sont  les seules mesures qui pourraient sauver le système.

Le retour à la sélection et à l’élitisme est à peine esquissé. Rétablir le concours républicain créé par Napoléon en 1802 et supprimé en 2002 serait un bon signal.

Il faudrait actuellement former 12 000 internes chaque année. Moins de 9000 sont admis en première année d’internat car 18 % manquaient cette année à l’appel obligeant à inscrire plus de 200 internes étrangers.

Les Agences de santé et l’organisation générale

Marine Le Pen entend supprimer les Agences régionales de santé et confier la tutelle des hôpitaux aux préfets de région. Ce serait une mesure salutaire pour libérer les soins. Quel serait le rôle des maires des grandes métropoles ?

Pour faire face à la pénurie de personnel soignant à l’hôpital public, elle souhaite recruter en masse des personnels soignants, affirmant que 30% des postes ne sont pas pourvus. C’est exact, mais elle ne dit pas comment les former et les recruter. Repasser au 39 heures au lieu de 35 faciliterait cette transition.

L’ensemble de ces mesures ne sera pas suffisant pour restaurer le système de santé, faute d’une réorganisation générale simplifiant les administrations et faute de revoir la formation des médecins et des internes.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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