Les catholiques de Chine approuvent-ils la persécution du Falun Gong ?

Non, mais le Parti communiste chinois aimerait que vous le pensiez.

Par Steven W. Mosher
8 novembre 2023 19:37 Mis à jour: 13 novembre 2023 18:07

Le Parti communiste chinois (PCC) veut faire croire que les catholiques de Chine approuvent la persécution du Falun Gong. L’« Association chinoise anti-sectes » du régime vient de republier une condamnation de cette pratique spirituelle rédigée par l’ancien chef de l’Association catholique patriotique (ACP) ou Église catholique patriotique.

La déclaration republiée, publiée à l’origine en 2001 par Fu Tieshan, l’ancien « évêque patriote » de Pékin aujourd’hui décédé, soutient effectivement les efforts du PCC dans sa volonté d’éradiquer ce qu’il qualifiait de « secte dangereuse ».

Bien sûr, puisque M. Fu était dans une situation assimilable à un schisme avec Rome et qu’il rejetait toutes les tentatives de réconciliation, il n’est probablement pas le mieux placé pour définir ce qu’est une « secte ». En fait, en tant que chef de l’Église catholique patriotique, créée par le PCC en 1957 pour surveiller, compromettre et contrôler les catholiques, il appartenait au PCC lui-même. Pour mieux souligner ses liens étroits avec les communistes, il a été élevé au rang de vice-président du comité permanent de l’assemblée législative chinoise, le Congrès national du peuple, de 2003 jusqu’à sa mort en 2007.

Quoi qu’il en soit, la dénonciation du Falun Gong par M. Fu était cinglante. Il affirmait que le Falun Gong « ignorait les principes éthiques et moraux fondamentaux des êtres humains […] et piétinait inconsidérément les êtres humains, détruisait la nature humaine et n’avait aucun respect pour la vie humaine ».

Pour moi, il s’agit davantage d’une description du Parti communiste chinois que du Falun Gong, qui est une pratique de méditation fondée sur les principes de « vérité, compassion et tolérance ».

Il est possible qu’en 2001, M. Fu n’ait pas su qu’une campagne nationale était en cours pour détruire le mouvement et qu’un grand nombre de pratiquants avaient déjà été arrêtés et brutalement torturés, certains ont même été exécutés secrètement pour leurs organes. Après tout, la persécution, qui a commencé l’été 1999, ne cessait de s’intensifier. Compte tenu de ses relations au sein du Parti communiste, je ne suis pas enclin à accorder le bénéfice du doute à cet « évêque patriote ».

Aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, il ne fait aucun doute que les dirigeants de l’ACP sont conscients de la persécution en cours. En effet, le monde entier est au courant des horreurs infligées aux pratiquants du Falun Gong. Le département d’État américain, ainsi que de nombreux autres pays et organisations internationales, ont publié des rapports faisant état des nombreux crimes contre l’humanité commis par le PCC dans sa volonté d’éradiquer le Falun Gong.

Des pratiquants du Falun Gong lors d’une reconstitution des prélèvements forcés d’organes menés par le Parti communiste chinois sur des pratiquants du Falun Gong, lors d’un rassemblement à Taipei (Taïwan), le 23 avril 2006. (Patrick Lin/AFP via Getty Images)

Que pouvons-nous donc penser de l’affirmation de l’association anti-sectes diaboliques qui affirme que la republication de l’attaque de M. Fu contre le Falun Gong a été approuvée par l’ACP ?

Dans la mesure où l’ACP, comme tous les groupes religieux agréés dans la Chine de Xi Jinping, est désormais contrôlée directement par le département de travail du Front uni du PCC, il est probable que ce soit vrai. L’actuel dirigeant de l’ACP, l’évêque de Pékin Li Shan, est chargé par le PCC « d’unir et de conduire les nombreux catholiques à accepter la pensée de Xi Jinping pour les guider ». Il s’est d’ailleurs engagé à le faire.

Il n’y a aucune chance que Mgr Li rompe les rangs, mais le Vatican ne devrait-il pas protester contre la tentative mensongère du Parti communiste d’impliquer l’Église catholique en Chine dans sa violation permanente des droits de l’homme des pratiquants de Falun Gong ?

Jusqu’à la signature de l’accord sino-Vatican de 2018, toute déclaration de l’ACP sur le Falun Gong aurait été rejetée d’emblée. Après tout, l’ACP n’était guère plus qu’une émanation du PCC. Si ses maîtres communistes lui demandaient d’attaquer une organisation religieuse indépendante qui refusait d’être subordonnée au PCC officiellement athée, l’ACP l’aurait fait.

Mais la question est compliquée d’autant plus que l’accord sino-Vatican de 2018 a créé une aura de légitimité autour de l’Église catholique patriotique en reconnaissant la légitimité des évêques qui la composent. L’évêque Li, par exemple, contrairement à son prédécesseur Fu Tieshan, est un évêque légitime en règle avec l’Église catholique.

En mai 2018, j’ai rencontré le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, et j’ai exposé les raisons pour lesquelles la signature de tout accord avec le PCC serait une erreur. J’ai mentionné les nouvelles réglementations régissant les activités religieuses, qui sont entrées en vigueur le 1er février 2018. Ces règles exigent que les évêques et les prêtres clandestins se soumettent aux autorités communistes pour pouvoir continuer à exercer.

Le cardinal Parolin a rejeté mon inquiétude en déclarant : « Nous n’avons aucune objection à ce que tout le monde s’inscrive auprès des autorités ».

Mais il ne s’agissait pas d’un simple « enregistrement ». Entre les mains du Parti communiste, cette obligation s’est transformée en une exigence imposant à tous les membres du clergé d’adhérer à l’Église catholique patriotique schismatique et de jurer fidélité à l’État-parti, officiellement athée, plutôt qu’à Dieu.

L’année suivante, le Vatican augmenta la confusion en publiant des « directives pastorales » qui suggéraient aux membres du clergé soumis aux pressions pour rejoindre l’Église catholique patriotique de « spécifier par écrit » qu’ils rejoignaient l’Église sous réserve de protestation tout en restant « fidèles aux principes de la doctrine catholique ». Ou bien, à défaut, qu’ils protestent oralement en présence d’un témoin.

Ayant été arrêté en Chine et forcé de rédiger des « aveux », je peux personnellement attester que les prêtres aux abois ne peuvent absolument pas faire appel à des témoins ou modifier leur « enregistrement » de quelque manière que ce soit. La suggestion serait risible si elle n’était pas aussi absurde.

Mais les « lignes directrices pastorales » indiquent clairement que l’ACP n’est pas en communion avec Rome. L’association reste aujourd’hui, comme elle l’a toujours été, un groupe contrôlé par le PCC, et ces dernières années, par l’intermédiaire de son département Front uni.

Pendant plusieurs années, le Vatican a tenté d’ignorer comment le PCC violait l’accord sino-Vatican. Il a détourné les yeux lorsque des évêques et des membres du clergé loyaux ont été contraints de rejoindre l’ACP. Il n’a formulé que de légères plaintes lorsque des évêques ont été nommés ou mutés sans l’approbation préalable du Vatican.

Mais il me semble que le dernier abus de l’ACP doit susciter une réponse de Rome.

Suggérer qu’une organisation officiellement reconnue par l’Église catholique approuve les arrestations massives, les incarcérations et les exécutions par le PCC de membres d’une pratique pacifique est une insulte à tous les catholiques vivants. Le cardinal Zen de Hong Kong considère depuis longtemps la persécution du Falun Gong comme une atteinte à la liberté de religion.

Rome doit affirmer clairement que l’Association catholique patriotique ne représente pas l’Église catholique et qu’elle n’approuve pas son attaque contre le Falun Gong.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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