Les énergies renouvelables sont de « nouvelles occasions » d’attaques du réseau électrique par les Chinois, selon des experts

Par Nathan Worcester
21 juillet 2023 20:37 Mis à jour: 21 juillet 2023 20:37

La dépendance croissante d’un pays à l’égard de sources d’énergie intermittentes (le vent et les rayons du soleil) et les batteries qui en résultent, crée des risques inédits pour la sécurité de son réseau. C’est ce qu’ont déclaré des spécialistes des réseaux électriques devant le Congrès américain le 18 juillet dernier.

Le risque le plus important émane d’un rival géopolitique de premier plan pour les pays occidentaux, la Chine.

En effet, les nouvelles technologies font souvent appel à des modulateurs. Lorsque les panneaux solaires, les éoliennes et les systèmes de batteries génèrent ou stockent de l’électricité en courant continu, les modulateurs la transforment en courant alternatif afin de la distribuer sur le réseau.

Pour Paul N. Stockton, du laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins, qui a été entendu par une commission du Congrès, la question des modulateurs est « épineuse ».

« Disposons-nous d’un nombre suffisant de modulateurs pour toutes les énergies renouvelables qui sont introduites dans le réseau ? », lui a demandé un membre de la commission.

« Les fabricants chinois sont des producteurs de modulateurs importants et sont déployés dans tout le pays », a-t-il répondu.

Il a expliqué que la dépendance du pays à l’égard des modulateurs chinois pourrait compromettre la sécurité du réseau.

« Bien sûr, nous avons des modulateurs. Certains sont fabriqués en Chine. D’autres sont fabriqués pour l’assemblage final dans des pays amis, mais ils peuvent contenir des composants – matériel, logiciel et microprogramme – qui sont susceptibles de présenter des vecteurs d’attaque. Et il y a aussi la mise à jour constante des microprogrammes à partir de l’informatique en nuage et par les fournisseurs de services…. Qui veille à ce que la sécurité soit maintenue à un niveau adéquat ? Il y a là une occasion de faire mieux », a-t-il dit.

Panneaux solaires et pièces en provenance de Chine

L’utilisation par les pays occidentaux de panneaux solaires fabriqués en Chine puis assemblés en Asie du Sud-Est a souvent été source de controverses dans les pays concernés. Joe Biden a temporairement instauré des allègements de droits de douane sur ce type de panneaux, et a apposé son veto à un projet de loi qui cherchait à y mettre fin.

Dans son témoignage écrit, M. Stockton explique comment ce type de matériel « offre à la Chine des opportunités nouvelles pour perturber le réseau électrique ».

Il a cité un rapport du ministère de l’énergie datant de 2022 qui décrit les risques que ces changements font peser sur la cybersécurité du réseau électrique américain.

« Je propose que nous nous donnions les moyens de faire en sorte que les dirigeants chinois ne puissent pas atteindre leurs objectifs et ne s’attaquent pas au réseau électrique », a-t-il écrit.

Il a noté cependant que ce type de matériel présente certains avantages. Dans son rapport il reconnaît que cela « a fourni une énergie fiable et indispensable pendant les pics de chaleur de 2023 et autres phénomènes extrêmes ».

« Pourtant, elles peuvent également connaître des défaillances catastrophiques et menacer le réseau ».

« Avant tout, il faut s’assurer qu’au niveau des appareils eux-mêmes, nous puissions faire pression sur les fabricants pour qu’ils adoptent des modulateurs sûrs et sécurisés ».

Bruce J. Walker, de l’Alliance for Critical Infrastructure Security, a exprimé des préoccupations similaires face à la menace chinoise, et a cité un document officiel de la communauté du renseignement américain de cette année.

Lui et M. Stockton ont pourtant des points de vue opposés sur la question de la décentralisation, que l’essor de l’énergie éolienne et solaire va rendre possible.

M. Stockton a fait valoir dans son témoignage écrit que la décentralisation risque de rendre le réseau « plus difficile à perturber que la version actuelle, qui repose sur un petit nombre d’actifs critiques de grande valeur que les adversaires peuvent cibler de manière sélective ».

M. Walker, quant à lui, affirme que la décentralisation « augmente la surface de pénétration cybernétique ».

Un autre intervenant, Manny Cancel, PDG de la North American Electric Reliability Corporation (NERC), voient en la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord des adversaires susceptibles de menacer le réseau électrique du pays.

« Les cyberactivités chinoises à l’encontre de nos infrastructures critiques constituent probablement l’une des menaces cybernétiques les plus importantes et les plus actives. Elles continuent de faire preuve d’une sophistication croissante, notamment grâce à des techniques nouvelles et adaptatives qui leur permettent d’accéder aux réseaux et de mener des activités d’espionnage », a-t-il expliqué dans un témoignage écrit.

Intensification des menaces venant de la Chine ou de la Russie ?

Il lui a été demandé s’il constatait davantage de menaces venant de Chine ou de Russie.

« De la part de la Chine probablement, mais ce n’est pas constant », a répondu M. Cancel, mais il voit en la Russie un « adversaire très complexe ».

Les inquiétudes des experts du réseau électrique ne se limitent pas aux menaces de la Chine ou d’autres rivaux mondiaux.

« L’accélération de la décarbonisation et la mise hors service de nos centrales de charbon nous obligent à nous doter d’un parc de production électrique qui repose sur les gazoducs, ce qui accroît encore la surface d’attaque cybernétique et physique du secteur électrique », a déclaré M. Walker.

L’une des attaques qui visait l’infrastructure énergétique américaine et qui a beaucoup fait parler d’elle, a eu pour cible un système de gazoduc similaire, le Colonial Pipeline, qui achemine du kérosène et de l’essence.

Il a été demandé à M. Walker s’il préconisait plus de dépendance du pays au charbon ou s’il pensait qu’il fallait plutôt améliorer la sécurité des oléoducs pour atténuer de telles menaces.

« En fait, je suis partisan d’une approche globale », a-t-il répondu.

L’infrastructure émergente des véhicules électriques (VE), y compris les stations de recharge existantes et en projet, a été un autre sujet récurrent.

En réponse à une question, Sam Chanoski, du laboratoire national de l’Idaho, s’est montré assez optimiste quant à la cybersécurité de l’infrastructure de recharge des véhicules électriques, et a cité des travaux réalisés dans son laboratoire et dans d’autres laboratoires du pays. Il estime que les résultats sont comparables à ceux de « n’importe quel autre produit ».

« Il n’existe pas de produit numérique invulnérable », a-t-il déclaré.

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