Les enfants autistes pourraient recevoir l’aide d’une bactérie rare

Une nouvelle étude vient s'ajouter aux recherches montrant les avantages de L. reuteri pour améliorer le fonctionnement social des enfants autistes

Par Amy Denney
26 janvier 2024 12:23 Mis à jour: 26 janvier 2024 12:24

De nouvelles données viennent s’ajouter à des recherches antérieures montrant que Limosilactobacillus reuteri (L. reuteri) a un impact positif sur le fonctionnement social des enfants autistes.

Publiée dans Cell Host and Microbe, l’étude a révélé que la bactérie – anciennement appelée Lactobacillus reuteri – améliorait certains marqueurs de la fonction sociale liés au comportement autistique. Bien qu’elle ait porté sur une petite cohorte de 43 enfants, l’étude était un essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo.

L’étude s’appuie sur des recherches antérieures montrant que l’ocytocine – souvent appelée « hormone de l’amour » qui aide à créer des liens humains – administrée par voie intranasale à des enfants autistes peut aider à combler les déficits sociaux. La manipulation du microbiome, notamment en augmentant les niveaux de L. reuteri, s’est avérée être un autre moyen d’augmenter l’ocytocine et d’améliorer la santé mentale.

Le nombre d’enfants diagnostiqués avec un trouble du spectre autistique (TSA) a augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières décennies – jusqu’à atteindre  2,8% des enfants – et le coût associé aux soins pour l’autisme devrait atteindre 461 milliards de dollars d’ici 2025.

En France, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) atteignent environ 1% de la population.700.000 personnes sont concernées dont 100.000 enfants. 1 enfant sur 100 présente un TSA.

Le coût de leur prise en charge médicale, médico-sociale et psychiatrique, frise les 4 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent au moins 2,5 milliards de prestations, de dépenses fiscales et pour les aidants à la scolarisation.

Le comportement social est un symptôme caractéristique de l’autisme et il est exceptionnellement difficile à traiter, bien qu’il existe un large éventail d’interventions le ciblant.

Selon un article paru en 2017 dans Patient Related Outcome Measures, les comportements d’interaction sociale associés à l’autisme comprennent notamment des difficultés à établir et à maintenir des relations, à rendre l’interaction sociale réciproque et à communiquer avec les autres. L’article précise :

« Le manque d’aptitudes sociales peut avoir des conséquences à vie pour les enfants atteints de TSA, en affectant leurs interactions avec la famille et la communauté, leurs aptitudes scolaires, leur estime de soi et leur indépendance. Les rapports sur les aptitudes sociales dans les TSA indiquent que ces aptitudes sont extrêmement difficiles à acquérir et que les objectifs éducatifs devraient être axés sur le développement des aptitudes sociales parce qu’elles ont des implications tout au long de la vie. Par conséquent, il est nécessaire de mettre en place des interventions efficaces ciblant les résultats sociaux chez les enfants atteints de TSA qui présentent différents niveaux de fonctionnement et d’aptitudes.

L’effet global de L. reuteri

Outre les comportements sociaux des enfants autistes, la nouvelle étude a examiné les comportements répétitifs, la composition globale du microbiome et le profil immunitaire. Les paramètres ont été mesurés avant et après six mois de prise d’un placebo ou de deux comprimés de probiotiques contenant 200 millions d’unités formatrices de colonies (UFC). L’UFC est le nombre de bactéries viables.

Le microbiome est l’ensemble des bactéries, virus, champignons et autres micro-organismes qui vivent dans le tractus gastro-intestinal.

L’étude a montré que L. reuteri n’a pas amélioré la gravité globale des symptômes, ni modifié le microbiome ou le profil immunitaire. Aucune modification des symptômes gastro-intestinaux n’a été signalée à la suite de l’intervention.

Cependant, l’objectif de l’étude était avant tout de tester l’hypothèse selon laquelle L. reuteri pourrait constituer une intervention thérapeutique pour l’autisme, en particulier pour les aptitudes sociales. Une méta-analyse publiée en 2021 par la National Autistic Society a examiné 31 études et a conclu que les niveaux d’ocytocine étaient « significativement plus bas chez les personnes autistes ».

Une étude de 2021 publiée dans Cell a noté que le traitement de souris avec L. reuteri à différents stades de développement a permis de remédier à des déficits sociaux.

La nouvelle étude fait état d’une amélioration de la communication sociale, mais pas de la motivation sociale ni de la compréhension de l’état mental. Cependant, des améliorations significatives ont été constatées dans le fonctionnement social adaptatif, qui se réfère aux compétences et aux capacités appropriées au développement nécessaires pour communiquer et fonctionner dans la vie quotidienne.

Toujours un succès

Le Dr William Davis, cardiologue et auteur de « Super Gut », qui a fait des recherches sur L. reuteri, a déclaré à Epoch Times que l’étude est une pièce importante du puzzle de l’autisme.

« J’applaudis ce que ces personnes ont fait. Ils ont réalisé l’étude que je voulais faire, mais je n’avais pas les fonds nécessaires », a-t-il déclaré. « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit une panacée. Les gens veulent se dire qu’ils ont guéri l’autisme. Si le L. reuteri améliore un aspect du comportement social, c’est déjà un succès ».

Il est plus probable qu’il y aura une variété de microbes qui s’avèreront bénéfiques pour l’autisme. Entre-temps, le Dr William Davis a été témoin de nombreuses anecdotes concernant le L. reuteri qui a permis d’améliorer le traitement de l’autisme chez ses propres clients.

L’un d’entre eux est une mère dont la fille adulte autiste était à peine fonctionnelle. Bien qu’elle soit physiquement capable de travailler, ses déficits sociaux ne lui permettaient pas de conserver un emploi ou de s’engager socialement. Elle a commencé à prendre du L. reuteri et a maintenant un emploi et des amis. Cela n’a rien guéri, mais elle est devenue une personne différente, a expliqué le Dr William Davis.

Il a souligné que les fabricants de probiotiques utilisent souvent des doses trop faibles dans leurs produits. Il apprend à ses clients à cultiver les bactéries dans le yaourt pour augmenter une dose de 400 millions d’UFC à 300 milliards d’UFC.

« Quatre cent millions, cela semble beaucoup, mais pour les microbes, c’est une goutte d’eau dans l’océan. Je pense que les effets seraient plus importants avec des doses plus élevées. Dans le monde réel, c’est ce que je constate et j’observe des améliorations spectaculaires », a déclaré le Dr William Davis.

Selon lui, la recherche finira par rattraper son retard et par inclure des dosages plus précis. Il compare le dosage de nombreuses études au fait de prendre un demi-milligramme d’aspirine et de s’attendre à ce que cela fonctionne pour un mal de tête, alors que la dose appropriée est de 600 milligrammes.

Où est passé le L. reuteri ?

Lorsqu’il a été découvert, L. reuteri était présent chez environ 30 à 40% de la population. Un article paru dans Science Daily en 2010 indiquait que sa présence était tombée entre 10 et 20%. Bien qu’il soit difficile d’obtenir des données précises, le Dr Davis pense que son niveau se situe aujourd’hui autour de 4%.

Comme beaucoup d’autres bactéries qui disparaissent du microbiome humain, l’extinction de L. reuteri est liée à la surconsommation d’antibiotiques, au glyphosate, aux émulsifiants présents dans les aliments transformés et aux inhibiteurs de l’acidité gastrique.

« Presque tout le monde a perdu ce microbe intestinal L. reuteri parce qu’il est très sensible aux antibiotiques courants comme l’amoxicilline et la pénicilline. Nous avons pratiquement éliminé la reuterine dans les populations modernes », a déclaré le Dr William Davis.

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