Logo Epoch Times

Mort d’Yvan Colonna: la commission d’enquête évoque un «effacement de données» sur son agresseur

top-article-image

Maison centrale d'Arles.

Photo: PASCAL GUYOT/AFP via Getty Images

Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

Le meurtrier présumé d’Yvan Colonna à la prison d’Arles avait fait l’objet de deux observations inquiétantes la veille de l’agression, qui n’apparaissent pas dans les données transmises par l’administration pénitentiaire, a annoncé mercredi la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, pointant un « possible effacement » de ces informations.
Le 1er mars 2022, une surveillante aurait entendu « une conversation de trois détenus dont Franck Elong Abé, où le terme « Je vais le tuer » est apparu » et constaté que ce dernier « vidait sa cellule », selon un document transmis par le renseignement pénitentiaire à la commission d’enquête. Or, ces deux observations sont absentes des données transmises par l’administration pénitentiaire et n’ont pas été mentionnées lors des auditions à l’Assemblée, a souligné lors d’une conférence de presse le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, président de cette commission. « Nous avons les plus grandes interrogations (…) quant à la possible tentative d’effacement de ces données », a-t-il déclaré.
Le 2 mars 2022, Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité à Arles pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, avait été violemment agressé par Franck Elong Abé, 36 ans, qui purgeait plusieurs peines, dont une de neuf ans pour « association de malfaiteurs terroriste ». Il était décédé des suites de ses blessures après trois semaines de coma.
Des observations qui n’apparaissent nulle part  
La commission des lois de l’Assemblée a procédé à plusieurs auditions sur ce meurtre au printemps 2022, dont celles de l’ex-cheffe de l’établissement et du directeur de l’administration pénitentiaire. Plusieurs députés ont ensuite réclamé une commission d’enquête, où les personnes auditionnées doivent prêter serment. Une procédure judiciaire pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » est aussi ouverte.
Dans le cadre de leurs travaux, les députés ont demandé à l’administration pénitentiaire le dossier de Franck Elong Abé dans Genesis, le logiciel de traitement de données sur les détenus, a expliqué Jean-Félix Acquaviva. Les agents pénitentiaires doivent y inscrire des observations sur les détenus particulièrement surveillés (DPS), statut de Franck Elong Abé, également étiqueté « terroriste islamiste » (TIS). Mais les données transmises ne comportent aucune annotation sur ce détenu à partir du 29 janvier 2022, contre « quatre à six par mois » auparavant, ce qui est « anormal », a observé le député.
Des informations qui « auraient pu éviter le drame » ?
Relancée, l’administration pénitentiaire a expliqué que les observations concernant les DPS se trouvaient dans « un onglet à part ». Mais une fois transmis cet « onglet supplémentaire », à la date du 1er mars ne figure qu’« une information mineure » concernant « un échange de paquet de pâtes ». Or, selon le renseignement pénitentiaire, un agent a transmis deux courriers à sa hiérarchie après l’agression, détaillant plusieurs incidents, dont la conversation et le rangement de la cellule.
Elle y précise avoir averti sa hiérarchie « le jour même », le 1er mars, et avoir « réalisé une observation » dans le logiciel dédié. » Ces informations (…) auraient dû  « conduire à porter encore plus l’attention à la surveillance de l’individu et éviter le drame du lendemain », a déploré M. Acquaviva.
Le rapport de la commission est prévu en mai.