Photos de Daech sur Twitter : 5000 euros d’amende requise contre Marine Le Pen et Gilbert Collard

Par Epoch Times avec AFP
10 février 2021 18:58 Mis à jour: 17 mars 2021 04:54

D’après la justice, ces photos portent atteinte à la dignité humaine et auraient pu être vues par des mineurs. Pour la présidente du Rassemblement national, c’est dénoncer « la réalité de la barbarie » de Daesh.

Le parquet de Nanterre a requis mercredi 5 000 euros d’amende contre Marine Le Pen et Gilbert Collard pour avoir diffusé des photos d’exactions du groupe terroriste État islamique (EI) sur les réseaux sociaux en 2015, des poursuites jugées « politiques » par les deux élus du Rassemblement national.

Ces responsables politiques comparaissaient devant le tribunal correctionnel pour diffusion de messages violents ou portant gravement atteinte à la dignité humaine, susceptibles d’être vus par un mineur. Cette infraction est passible de trois ans de prison et 75 000 euros d’amende.

Avant l’audience, Marine Le Pen avait considéré devant la presse qu’il s’agissait d’un « procès politique » contre son mouvement, et assuré qu’elle « republierait » ces images si c’était à refaire. Devant le tribunal,  elle a invoqué la « liberté d’expression et d’information ».

« Daesh, c’est ça ! »

Les deux élus « avaient parfaitement le droit de diffuser ces images, le problème est de s’assurer, avant la diffusion, qu’aucun mineur n’est susceptible de voir ou de percevoir ces images », a expliqué le procureur Jean-Pascal Oualid dans son réquisitoire.

En cause : des tweets publiés en décembre 2015, quelques semaines à peine après les attentats revendiqués par l’EI à Paris et en Seine-Saint-Denis. Dans une France traumatisée par les attentats au Bataclan, sur les terrasses à Paris et aux abords du stade de France. Marine Le Pen avait relayé trois photos d’exactions du groupe djihadiste. Elle y avait ajouté les mots : « Daesh, c’est ça ! », en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu’elle accusait d’avoir « comparé » l’EI et le Front national lors d’une émission.

M. Bourdin « a fait une comparaison entre le RN (ex Front national) et Daesh en disant qu’il y a une ‘communauté d’esprit’ entre le RN et Daesh », a déclaré Marine Le Pen, dénonçant « une banalisation et une minorisation inadmissible des crimes contre l’humanité (…) qui sont le fait de ce gang d’assassins prénommé Daesh ».

« La réalité de la barbarie »

« J’ai donc rappelé directement sur Twitter M. Bourdin à la raison par deux tweets », a-t-elle déclaré. Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et le corps décapité du journaliste américain James Foley, la tête posée sur le dos.

« C’est la réalité de la barbarie, on peut faire la politique de l’autruche, mais ces images avec leur violence nous mettaient en face de la réalité du crime et rappelait la stupidité de la comparaison faite » par M. Bourdin, a plaidé Me Dassa, autre conseil de Marine Le Pen.

Gilbert Collard alors député du Gard avait relayé le même jour sur ses comptes Facebook et Twitter la photo d’un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentaire : « Bourdin compare le FN à Daesh : le poids des mots et le choc des bobos ! ».

Des photographies « non floutées » et « toutes issues de la propagande de l’État islamique », a souligné la présidente de la chambre, Isabelle Pulver.

« Estimez-vous que ces photos portent atteinte à la dignité humaine ? », a demandé la présidente aux prévenus. « C’est le crime qui porte atteinte à la dignité humaine, ce n’est pas sa reproduction photographique », a lancé l’ancienne avocate Marine Le Pen, se défendant, comme dans une arène politique, en s’adressant à la présidente mais aussi aux journalistes.

Le tribunal a mis son jugement en délibéré pour le 4 mai.

 

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