Plus Israël redouble d’efforts contre le Covid, plus la situation s’aggrave

Par Patricia Adams et Lawrence Solomon
20 septembre 2021 17:12 Mis à jour: 20 septembre 2021 17:12

« Notre tolérance à l’égard des gens qui ne se font pas vacciner est épuisée », a déclaré, il y a une semaine, le Premier ministre israélien Naftali Bennett, exaspéré par le fait que sa stratégie de vaccination – vraisemblablement la plus agressive au monde – n’a pas réussi à endiguer le variant Delta du Covid-19 qui sévit dans le pays.

Au lieu de vaincre le virus, comme M. Bennett le promettait depuis des semaines en proposant aux Israéliens une troisième injection de vaccin, le nombre de personnes en état critique ou décédées du virus n’a cessé d’augmenter : environ 400 Israéliens sont morts au cours des deux dernières semaines, contre environ 300 au cours des deux semaines précédentes.

Les discours enthousiastes que tenaient certains experts médicaux israéliens encore au début septembre – lorsqu’ils estimaient que le pire était passé – ont disparu. Ils ont été remplacés par des rapports alarmants faisant état d’hôpitaux débordés, de personnel en état de panique post-traumatique et de patients nécessitant des soins qui ont été renvoyés en toute hâte chez eux – une situation jugée « catastrophique » par le Dr Amir Neuberger, directeur du service coronavirus du Rambam Health Care Campus.

La professeur Galia Rahav, cheffe de l’unité des maladies infectieuses du centre médical Sheba à Tel Hashomer, a fait écho à ce point de vue en déclarant que « la morbidité causée par le coronavirus est insupportable ici… Les patients qui n’ont pas pu avoir la chance de vivre meurent parce qu’il n’y a pas assez de lits ni de personnel de soins intensifs. Je vois cela dans beaucoup d’hôpitaux. Cela brise le cœur ».

La réponse du gouvernement à l’échec de ses politiques consiste à blâmer les relativement peu nombreuses personnes qui ne sont pas vaccinées et à multiplier les vaccinations. Trois injections sont devenues obligatoires pour avoir droit aux passeports vaccinaux, tandis que la quatrième injection est envisagée en prévision des futures vagues.

Il y a une logique à l’accélération du rythme des vaccinations, tout comme il y avait une logique aux confinements stricts et autres mesures prises par Israël pour arrêter la propagation du virus : les vaccins semblent avoir un avantage à court terme en réduisant le nombre de cas graves et de décès. Une étude dont Israël s’est vanté le mois dernier montre que, après au moins 12 jours suivant la vaccination, les personnes ayant reçu la troisième dose étaient 10 fois plus protégées que celles qui n’avaient reçu que deux injections.

Cependant, l’effet bénéfique s’affaiblit avec le temps et les vaccins deviennent inefficaces au bout de cinq à six mois – comme l’a montré le variant Delta qui sévit en Israël. On craint également que le vaccin ne soit pratiquement inutile contre les nouvelles mutations du virus. Encore en janvier, la direction du renseignement militaire israélien a averti que la vaccination de masse pendant la pandémie pourrait entraîner l’apparition et la propagation d’une telle mutation dans le pays, et beaucoup craignent que le variant sud-africain C.1.2 ne lui donne raison. En réponse à cela, le gouvernement vise à améliorer la détection des virus à l’aéroport international Ben Gurion, et ce, dans le faible espoir que les futurs variants du virus ne puissent pas pénétrer les frontières poreuses d’Israël et attaquer ses habitants sans défense.

Toutefois, Israël a un exemple de réussite par rapport au Covid – un exemple qui s’est ironiquement produit là où son gouvernement a pratiquement échoué à mettre en œuvre ses politiques. Contrairement à la majorité de la population israélienne, les ultra-orthodoxes ont dès le début boudé les mesures de confinement et la vaccination, ce qui a entraîné parmi eux un taux élevé d’infection naturelle, suivi d’une immunité naturelle et d’une protection de longue durée. En août, le ministère israélien de la Santé a rapporté que les ultra-orthodoxes ne représentaient que 4 % des cas d’infection par le variant Delta. Globalement, les Israéliens bénéficiant d’une immunité naturelle représentent 1 %, ou moins, des cas de Delta.

Le même phénomène d’immunité naturelle s’appliquerait à la Suède qui a adopté des politiques diamétralement opposées à celles d’Israël – pas de confinement à proprement parler, pas d’arrêt de l’économie et peu de restrictions de quelque nature que ce soit. En conséquence, on pense que la population suédoise a acquis une immunité collective avant que les gens ne soient largement vaccinés. Le Covid-19 n’a eu qu’un impact modeste sur l’économie du pays et a laissé la situation bien gérable dans ses hôpitaux – le nombre d’hospitalisations n’a jamais dépassé la capacité du système hospitalier suédois – et, depuis juin, le Covid n’a été associé en moyenne qu’à moins d’un décès par jour.

La Suède est actuellement en train de lever les quelques restrictions qui lui restaient et sa population naturellement immunisée pourrait être bien placée pour résister aux futurs variants du coronavirus – de la même manière qu’elle a résisté au Delta. Israël, en revanche, est assiégé, ne sachant pas quand la quatrième vague du virus se calmera ni comment il résistera aux vagues à venir. Il n’y a pas si longtemps, après qu’Israël a vacciné une grande partie de sa population et avant que l’effet des vaccins n’ait commencé à s’estomper, ce pays était mis en exemple au monde entier en matière de lutte contre le Covid. Au fur et à mesure que le monde constate la vulnérabilité d’Israël, il peut servir de mise en garde contre le fait où l’opportunisme à court terme l’emporte sur les politiques à long terme.

Patricia Adams est économiste et présidente de Energy Probe Research Foundation et de Probe International – un groupe d’experts indépendant international basé au Canada. Elle est l’éditrice des sites d’information en ligne Three Gorges Probe et Odious Debts Online et l’auteure ou l’éditrice de nombreux ouvrages. Ses livres et articles ont été traduits en chinois, espagnol, bengali, japonais et bahasa indonesia.

Lawrence Solomon est chroniqueur à Epoch Times, auteur et directeur exécutif du Consumer Policy Institute, basé à Toronto, Canada.

 

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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