Pourparlers entre ministres russe et ukrainien, un succès diplomatique pour la Turquie

Par Epoch Times avec AFP
10 mars 2022 12:10 Mis à jour: 10 mars 2022 12:11

Les premiers pourparlers directs entre ministres des Affaires étrangères russe Serguei Lavrov et ukrainien Dmytro Kuleba ont débuté jeudi matin dans le sud de la Turquie, premier succès diplomatique pour Ankara qui a proposé dès le début de la crise sa médiation.

Il s’agit de la première rencontre à ce niveau depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février.

Avant le début de la réunion trilatérale à 11h15 (8H15 GMT), le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a accueilli et s’est entretenu séparément avec chacun des deux ministres, arrivés la veille au soir et descendus dans des hôtels différents.

Il a d’abord reçu M. Kuleba, souriant, qu’il a salué d’une accolade chaleureuse, puis M. Lavrov, apparu le visage fermé.

Les deux hommes n’ont d’ailleurs pas échangé de poignée de mains en public, selon les journalistes présents.

L’ambiance risque de rester tendue, le ministre ukrainien ayant qualifié récemment sur CNN son homologue russe de « Ribbentrop contemporain », du nom du ministre de Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale.

Premier voyage à l’étranger de Lavrov depuis la guerre

Il s’agit du premier voyage à l’étranger de Lavrov depuis que la Russie a été frappée par le monde occidental de dures sanctions qui l’ont également directement visé.

M. Kuleba, qui a exprimé sa gratitude à ses hôtes turcs, entend insister sur « trois points-clés » lors de la réunion trilatérale, selon un communiqué de son ministère: « un cessez-le-feu immédiat, une amélioration de la situation humanitaire à Marioupol, Kharkiv, Sumy, Volnovakha et d’autres villes ukrainiennes, un retrait des troupes russes du territoire de l’Ukraine ».

Les villes citées sous toutes sous le feu intensif des forces russes avec de nombreux civils pris aux pièges.

Discussions dans un grand hôtel proche d’Antalya

Avant son départ, M. Kuleba avait confié dans une vidéo sur Facebook que ses attentes étaient « limitées », car la Russie maintient une campagne de bombardements brutale et un siège des grandes villes d’Ukraine.

Les discussions se tiennent dans un grand hôtel proche d’Antalya, station balnéaire sur la côte méditerranéenne, particulièrement prisée des touristes russes.

Rafael Grossi, devait les rejoindre (AIEA)

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, devait les rejoindre afin de « progresser sur la question urgente de la sûreté et de la sécurité » des installations nucléaires ukrainiennes, selon un message qu’il a posté sur Twitter.

« C’est important que les deux ministres aient accepté de se rencontrer en Turquie plutôt qu’ailleurs », a indiqué un diplomate turc à l’AFP.

« La Turquie espère avant tout garantir un cessez-le-feu », a-t-il ajouté en précisant que la réunion bilatérale entre les deux ministres des pays belligérants devait « durer une heure et demie. Ca peut être plus, ou moins ».

Des responsables de Kiev et Moscou se sont déjà rencontrés à plusieurs reprises mais c’est la première fois que la Russie a dépêché un ministre pour des discussions sur ce conflit.

La Russie accusée d’avoir à chaque fois violé les accords de cessez-le-feu

Ces pourparlers ont jusqu’à présent abouti à plusieurs cessez-le-feu locaux et à l’ouverture de corridors humanitaires pour évacuer les civils, mais la Russie a été accusée d’avoir chaque fois violé ces accords.

« Je ne fonde pas de grands espoirs sur (ces pourparlers) mais nous essaierons de tirer le meilleur parti », avait indiqué mercredi le ministre ukrainien, estimant que leur issue dépendra « des consignes données à Lavrov par le Kremlin ».

La tenue de cette réunion illustre les efforts du président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l’Otan et qui a depuis le début de la crise offert sa médiation.

« Nous travaillons pour empêcher que cette crise ne se transforme en tragédie », a-t-il déclaré mercredi. « J’espère que la rencontre entre les ministres ouvrira la voie à un cessez-le-feu permanent. »

Bien qu’allié de l’Ukraine à qui elle fournit des drones de combats, Ankara a veillé à maintenir ses relations avec la Russie dont dépend étroitement son tourisme et ses approvisionnements en blé et énergie.

Selon le dernier bilan de l’ONU mercredi, 516 civils avaient ont été tués et plus de 800 blessés en Ukraine depuis le début de l’invasion, qui a jeté sur les routes de l’exil plus de deux millions de réfugiés.

 

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