Prison ferme pour des policiers à Marseille : la justice en a-t-elle fait un exemple ?

Par Epoch Times avec AFP
7 mai 2020 06:08 Mis à jour: 7 mai 2020 19:12

Deux policiers ont été condamnés mercredi en comparution immédiate à Marseille à quatre ans et à 18 mois de prison pour l’arrestation illégale d’un jeune réfugié afghan, abandonné 30 km plus loin dans un terrain vague.

Ils ont été incarcérés après le prononcé de cette condamnation pour enlèvement et séquestration, faux et violences volontaires. Le troisième membre de cet équipage de la CRS autoroutière, une jeune femme, adjointe de sécurité, a écopé d’un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Marseille.

Des caméras de vidéosurveillance avaient filmé l’interpellation musclée de Jamshed, un Afghan de 27 ans, porteur d’un titre de séjour, le 12 avril sur le Vieux-Port de Marseille.

L’homme, soupçonné d’avoir craché sur deux passants 

Les policiers, qui intervenaient dans le cadre du contrôle du confinement, le soupçonnaient d’avoir craché sur deux passants qui lui auraient refusé une cigarette. « Provocateur », « insultant », il avait été projeté contre le véhicule de police après une clé de bras, puis placé à l’intérieur. Le jeune homme répond aux policiers par des doigts d’honneur, des « Fuck you! », qui finissent d’agacer l’équipage de police.

Selon l’adjointe de sécurité qui a procédé au menottage, le chef de bord, un brigadier âgé de 46 ans, « s’est énervé à partir de là ».

« La première grosse erreur, c’est qu’on aurait dû laisser tomber et le laisser repartir mais on a décidé qu’il ne fallait pas qu’il reste là », a reconnu le conducteur.

Devant le tribunal correctionnel où ils comparaissaient à l’issue de leur garde à vue dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale, les policiers ont reconnu les faits, soulignant qu’en raison de la crise sanitaire, ils se seraient « fait rire au nez » s’ils avaient transporté le jeune homme devant un officier de police judiciaire pour outrage.

Le jeune homme avait ensuite été transporté sur un terrain isolé à Châteauneuf-les-Martigues, à une trentaine de kilomètres de Marseille. Derrière une butte, le jeune Afghan aurait alors reçu « un coup de poing ou une gifle », selon l’adjointe de sécurité, mais ces violences sont contestées par ses deux collègues.

Une fois Jamshed abandonné, le brigadier lâchera : « Ça fait du bien, ça soulage », toujours selon l’adjointe de sécurité. Les deux hommes prennent alors la décision de rédiger un faux procès-verbal indiquant avoir laissé le jeune réfugié à l’Hôtel de police.

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Un « quasi-suicide professionnel »

La peine de quatre ans de prison prononcée à l’encontre du brigadier est supérieure aux trois ans requis par la procureure Virginie Tavanti selon laquelle ces policiers « n’ont pas été dignes de leur uniforme ». La peine de 18 mois de prison ferme infligée à son collègue est quant à elle conforme aux réquisitions.

Les trois policiers se sont excusés auprès de la victime, à l’audience.

Me Nicolas Berthier, défenseur du brigadier, avait évoqué un « quasi-suicide professionnel », appelant le tribunal à « ne pas réduire ce policier à 33 minutes de folie, hors cadre, après 20 ans passés dans les CRS sans aucun incident ».

Les trois prévenus ont donc désormais une inscription au casier judiciaire, ce qui signifie qu’ils ne pourront plus exercer le métier de policier. Les deux hommes condamnés à de la prison ferme ont été incarcérés dès hier soir. Tous ont dix jours pour faire appel.

Lourdeur des peines prononcées incompréhensible

« La lourdeur des peines prononcées par le Tribunal correctionnel de Marseille est incompréhensible », déclare Yves Lefèbvre, Secrétaire général du syndicat Unité SGP Police.

Le syndicat estime que les chefs d’accusation sont lourds, que les faits sont d’une gravité indiscutable et qu’ils méritent une sanction pénale.

Pour autant, le syndicat, qui s’interroge sur la lourdeur des peines infligées aux policiers dans cette affaire – le rendu étant même supérieur aux réquisitions, estime que la justice en a fait un exemple, alors qu’elle aurait dû se prononcer sans passion et sans pression.

Unité SGP Police dénonce également le traitement médiatique de cette affaire et le fait que les noms, prénoms et âges des fonctionnaires soient divulgués sans aucune retenue dans différents journaux.

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