Transfert de l’ambassade américaine : Jérusalem entre résignation et satisfaction

14 mai 2018 15:20 Mis à jour: 25 août 2020 09:53

Résignation du côté palestinien et satisfaction contenue du côté israélien: les réactions des habitants reflètent lundi la division de la ville sainte qui va accueillir l’ambassade des États-Unis. Le quartier palestinien de Jabal Mukaber, limitrophe de celui où se situent les locaux de l’ambassade, et théâtre par le passé d’affrontements entre ses habitants et les forces de l’ordre israéliennes, était paisible dans la matinée. Hussein Iwesiat, qui participe à la gestion du quartier, confie à l’AFP que « ce transfert ne va pas influencer la vie des habitants, mais aura un impact politique, car cela renforcera Israël et incitera à l’intolérance ».

« L’occupation (israélienne) sera encouragée à devenir plus violente », prédit-il. Pour les Palestiniens, le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, décidée par Donald Trump qui entérine la reconnaissance par les États-Unis de la ville comme la capitale d’Israël est vécu comme une provocation insupportable.

La Vieille ville, située dans la partie palestinienne annexée par Israël, était plutôt calme et la plupart des magasins étaient ouverts. Un Palestinien achète des bonbons dans un marché de Jérusalem. Photo de HAZEM BADER AFP / Getty Images

 

Pourtant la Vieille ville, située dans la partie palestinienne annexée par Israël, était plutôt calme et la plupart des magasins étaient ouverts. Assis devant l’échoppe d’antiquités où il travaille, café à la main, Ali Jaber, 53 ans, regarde passer les touristes insouciants. « Je me sens insulté en tant qu’Arabe, humilié par tout ce qui ce passe. Jusqu’où vont-ils pousser l’occupation? Mais que pouvons-nous faire? », confie fataliste le commerçant qui a toujours vécu à Jérusalem.  Nihad Abou Snaineh, 32 ans, assise au milieu des vêtements colorés de sa boutique, en plein cœur du souk, ne croit pas aux manifestations. « Si jamais il y avait une grande mobilisation, la police israélienne ne nous fera pas de cadeaux, ils vont frapper les manifestants, les mettre en prison. Ils mettent même les enfants en prison! », s’insurge-t-elle.

Loai Khalil, 40 ans, est lui aussi au travail. Dans sa boutique de souvenirs, il justifie sa présence comme « une forme de résistance ». « Ma présence, c’est mon lien avec Jérusalem », ajoute-t-il.  En face, Hamed, 25 ans, accroche des tissus colorés à la devanture de sa boutique. Pour lui, les célébrations traduisent en fait une certaine inquiétude des Israéliens. « Quand une maison ne t’appartient pas, tu te sens obligé de dire à tout le monde que c’est bien à toi », s’exclame-t-il.

Avraham Binyamin, 57 ans, vend des kippas depuis 37 ans dans le quartier et juge que c’est « une excellente nouvelle » Photo THOMAS COEX/AFP/Getty Images

De l’autre côté des remparts de la Vieille ville, dans la principale artère du centre à Jérusalem-Ouest, des drapeaux américains et israéliens flottent au vent. Pour Elisa Rak, 31 ans, une mère de deux enfants qui vit à Jérusalem depuis 12 ans, « c’est un jour particulier mais j’aurais préféré que le transfert de l’ambassade soit réalisé par un type qui ne soit pas un raciste homophobe », en référence au président américain Donald Trump. Elle affirme ne pas être inquiète et explique confiante que « la présence de cette ambassade à Jérusalem ne peut que renforcer la sécurité ».

Un juif qui a immigré des États-Unis il y a 25 ans et vit dans la région de Jérusalem. « Si les mots ont un sens, les actes encore plus, donc il s’agira peut-être d’une journée historique », ajoute-t-il. Avraham Binyamin, 57 ans, vend des kippas depuis 37 ans dans le quartier et juge que c’est « une excellente nouvelle ». Parmi sa marchandise, des kippas sur lesquelles sont inscrites « Trump, Make America Great Again » ou d’autres agrémentées d’une photo de Donald Trump ou d’une étoile de David, l’un des symboles d’Israël.

« Trump, certains l’adorent et d’autres le haïssent, personne n’est indifférent, c’est pareil pour sa décision (de transfert de l’ambassade) », résume M. Binyamin. Le vendeur de boissons fraîches voisin, qui lit des psaumes, ne s’interrompt que pour dire en levant le doigt vers le ciel : « Ce n’est pas Trump qui décide, c’est uniquement Dieu. »

DC avec L’AFP

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