Corrèze : des comédiens jouent les faux patients à l’hôpital de Brive pour éprouver le personnel, un procédé jugé « minable » par la CFDT

Par Emmanuelle Bourdy
6 décembre 2021 21:12 Mis à jour: 6 décembre 2021 21:16

La direction de l’hôpital de Brive (Corrèze) avait employé des comédiens pour tester son personnel de façon anonyme. Mais l’un des acteurs est allé trop loin dans la comédie, mettant à mal le service. Une initiative vraiment mal venue pour certains agents et syndicats, alors que les hôpitaux sont déjà mis à mal en cette période de crise.

Si la direction de l’hôpital de Brive se targue de la méthode qu’elle a utilisée pour tester son personnel dans six de ses services, cette façon de faire n’a pas plu à tout le monde, à commencer par le personnel testé. Deux comédiens ont en effet été embauchés pour tester l’accueil dans le but de s’améliorer, selon la direction, ainsi que le rapporte le quotidien régional La Montagne. Les syndicats n’ont pas caché leur colère face à cette méthode, d’autant plus que l’un des comédiens s’est fait démasquer en semant la zizanie dans le service.

En période compliquée, « on évite de rajouter de la tension »

Les deux faux patients avaient été engagés du 15 au 25 novembre dernier. Mais l’un des deux « manifestait des troubles psychologiques sérieux pour ne pas dire sévères », explique à France Bleu Jean-Pierre Salès, secrétaire de la CFDT. « Un infirmier a dû venir au secours de la secrétaire. Puis un médecin a dû abréger sa consultation pour venir en aide à l’infirmier. C’est une perte de temps. C’est regrettable, lamentable, minable d’agir ainsi », fulmine-t-il.

Le secrétaire de la CFDT a dénoncé la complexité du contexte dans laquelle cette méthode a été utilisée. « Il y a le Covid qui s’ajoute à ça actuellement. L’hôpital de Brive a déclenché le plan Blanc », a-t-il pointé. « Quand une période est compliquée et c’est le cas pour le personnel, on fait tout pour l’améliorer et on évite de rajouter de la tension », affirme-t-il enfin, d’autant plus que c’est le comédien lui-même qui a stoppé le jeu voyant les proportions que prenait sa comédie.

Un agent administratif confronté à ce test remet en cause l’agressivité du procédé et non pas celle du faux patient. « En attendant, de vrais patients ont appelé, je leur ai demandé de rappeler plus tard. Et je sais que nous sommes difficiles à joindre », déplore-t-il.

« La majorité des soignants est écœurée »

Dans cette mise en scène, que la direction assume pleinement, les seules personnes dans la confidence étaient les médecins chefs de pôle et les cadres de service, souligne France Bleu. Selon le directeur adjoint, Michel Da Cunha, « ce programme a été mis en place pour autoévaluer la prise en charge du patient avant la venue d’experts visiteurs en juin 2022 qui permettront au centre hospitalier d’obtenir la Certification 2020. C’est une obligation administrative », rapporte encore La Montagne. Il s’estime satisfait de cette expérience car selon ses propos, « 90 % des interactions entre le personnel et les comédiens se soient bien passées ».

Un avis qui n’est pas du tout partagé par Jean-Pierre Salès qui a expliqué que « les retours négatifs ne sont pas minimes. Ils sont massifs. La majorité des soignants est écœurée. C’est un manque de confiance. La rupture est là. Il faut faire attention ». D’ailleurs, une nouvelle expérience de ce type est d’ores et déjà prévue pour le début de l’année 2022 et le représentant syndical compte bien s’y opposer à l’occasion du prochain Comité Technique d’Établissement, qui se déroulera jeudi 9 décembre prochain. La CGT a elle aussi précisé à La Montagne que le personnel ne souhaitait pas que ces comédiens reviennent.


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