Des stages à l’armée pour les mineurs délinquants: « Ces jeunes, ils ont besoin de cadrage, de discipline »

Par Emmanuelle Bourdy
7 février 2023 18:26 Mis à jour: 7 février 2023 18:26

À l’occasion de son déplacement à Montigny-les-Metz (Moselle) le jeudi 2 février dernier, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti s’est exprimé sur la mise en place d’un stage de cinq semaines, destiné aux jeunes mineurs délinquants et encadrés par des militaires. Le but : partager les valeurs de l’armée, pour permettre à ces jeunes une meilleure insertion professionnelle.

Éric Dupont-Moretti et le ministre des Armées Sébastien Lecornu étaient tous deux en déplacement au quartier Colin de Montigny-lès-Metz en Moselle, ce jeudi 2 février. Le garde des Sceaux a annoncé un partenariat entre le ministère de la justice et celui des Armées, dans l’objectif de proposer un stage, effectué chez les militaires et destiné aux jeunes délinquants mineurs ou jeunes majeurs. Des expérimentations, lancées depuis l’été 2021, ont fait leurs preuves.

« Sur la base du volontariat »

Le projet détaillé par Éric Dupont-Moretti concerne des jeunes actuellement placés dans des centres éducatifs renforcés (CER). « Ce sont des jeunes qui sont enfermés dans des centres éducatifs et qui vont sur la base du volontariat aller faire un stage chez les militaires. Ces jeunes, ils ont besoin de cadrage, de discipline et de partager toutes les valeurs qui font l’armée comme le dépassement de soi et la solidarité. On a déjà vu les résultats », a expliqué Éric Dupont-Moretti, ainsi que le rapporte France 3 Grand-Est.

Concrètement, deux semaines sur cinq se feront en pleine nature, avec au menu des activités physiques (marches, courses, escalades, courses d’orientation), mais aussi des bivouacs ou encore du secourisme.

Nombre de ces jeunes « sont à la dérive » et « ont commis un certain nombre d’actes de délinquance », a ajouté le garde des Sceaux, ils vont donc pouvoir bénéficier « de la bienveillante autorité des militaires ». Ce sera pour eux l’occasion de se dépasser par l’effort, mais aussi d’expérimenter des valeurs telles que le respect, la solidarité, et qui manquent cruellement à certain de ces jeunes délinquants.

« Il ne s’agit pas de former des militaires »

Outre ce stage de cinq semaines, deux autres conventions ont été signées ce jeudi par le ministre de la Justice et le ministre des Armées. L’une d’elles permettrait de faciliter l’accès des jeunes délinquants au Service Militaire Volontaire (SMV), celle-ci existant déjà à Montigny-lès-Metz. L’autre convention ayant pour but de développer la possibilité de réaliser des travaux d’intérêt général (TIG) au sein de l’armée. Ces trois dispositifs, qui concerne 1000 jeunes, devraient permettre de faciliter leur insertion professionnelle.

Pour le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV, « il ne s’agit pas de former des militaires ». « Il s’agit de prendre des jeunes qui auront été sélectionnés, en phase avec le ministère de la Justice, qui sont en difficulté, et on va essayer de leur apporter un savoir-être et surtout du collectif », a-t-il expliqué.

Une initiative que salue Céline Boulay-Esperonnier, sénatrice LR et rapporteuse du rapport « Prévenir la délinquance des mineurs – éviter la récidive ». Céline Boulay-Esperonnier souligne en effet que « l’emprisonnement n’est pas toujours la solution », étant donné que « 50% des jeunes mineurs qui ont fait des méfaits sont dans des situations de reproduire ces méfaits, de récidiver dans les 5 ans qui suivent ». Selon elle, il est donc « important de proposer des mesures alternatives qui peuvent remettre le jeune dans la bonne direction, notamment dans la direction de la réinsertion ».

Le bilan des expérimentations déjà réalisées est « très positif »

Le bilan de ces trois expérimentations, lancées depuis juillet 2021 et dont un se trouve à Coëtquidan (Morbihan), s’est révélé « très positif », d’après le ministère de la Justice. Les « parcours d’inspiration militaire » seront donc généralisés à « l’ensemble des centres éducatifs renforcés », et se feront sur la base du volontariat et après accord de protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

Des militaires à la retraite pourront d’ailleurs être sollicités et travailleront aux côtés des professionnels de la PJJ. « Bien sûr ce n’est pas la mission prioritaire des armées, et c’est la raison pour laquelle nous ferons appel à des cadres qui viennent de quitter le service actif, aguerris, et qui ont surtout un sens de la pédagogie », a précisé Jérôme Pellistrandi.

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