En Méditerranée, cétacés, bateaux et touristes ne font pas toujours bon ménage

Par afp
20 juin 2019 09:48 Mis à jour: 12 juillet 2019 14:27

En Méditerranée, navires, touristes et cétacés ne font pas toujours bon ménage: des initiatives sont mises en place pour réduire les risques de collision avec les baleines, dont les populations sont menacées.

Le sanctuaire Pelagos, d’une superficie de 87.500 km2 dans un triangle entre la presqu’île de Giens, le nord de la Sardaigne et Fosso Chiarone en Italie, a été créé en 1999 pour protéger les mammifères marins qui s’y concentrent. Le rorqual commun, deuxième plus gros animal au monde après la baleine bleue, s’y plaît, tout comme le cachalot et quatre espèces de dauphins.

Mais ces animaux, pour certains classés vulnérables sur la liste rouge des espèces menacées, sont confrontés à de multiples menaces: collisions avec des navires, bruit généré par le trafic maritime qui perturbe leur communication, pollutions, captures accidentelles dans des filets, touristes voulant les approcher…

« La Méditerranée est une des zones au monde avec le plus fort trafic maritime », souligne Alain Barcelo, président du comité scientifique pour le sanctuaire Pelagos, citant la « grande activité vers les ports de Gênes, Marseille et la desserte de la Corse et la Sardaigne ». 

Les navires ont parcourus 18 millions de km en 2014, à travers le sanctuaire

Selon une étude du WWF, des navires de commerce, de pêche et de plaisance ont parcouru plus de 18 millions de kilomètres cumulés en 2014 à travers le sanctuaire, soit… 460 fois le tour de la Terre. Avec des conséquences pour les mammifères marins. « Les collisions sont la première cause de mortalité non naturelle pour les cachalots et les rorquals communs au sein de Pelagos », explique Alain Barcelo.

Pour limiter le danger, une association, Souffleurs d’écume, a développé le logiciel Repcet, qui équipe une quarantaine de grands navires. Lorsqu’un grand cétacé est repéré par un équipage, il signale sa position et une alerte est émise aux navires susceptibles de croiser l’animal sur leur route. Depuis 2016, les navires de plus de 24 mètres battant pavillon français et naviguant dans le sanctuaire doivent s’équiper.

Corsica Linea est concernée, avec six navires équipés. « Il faut tout faire pour éviter une collision », indique Jacques Vincent, directeur adjoint de la compagnie maritime. « Ce n’est bon ni pour les baleines, ni pour l’équipage » et un fort impact pourrait créer une avarie s’il touche les stabilisateurs dont sont équipés les bateaux pour réduire le roulis, énumère-t-il.

Réduire la vitesse des navires, en dessous de 10 nœuds il n’y a pas de collision

Une autre solution serait de réduire la vitesse des navires, indique Alain Barcelo. « En dessous de 10 nœuds (18,5 km/h) il n’y a quasiment pas de collisions. Il y a une augmentation exponentielle en fonction de la vitesse, avec des collisions majoritairement mortelles pour les mammifères marins au delà de 13 nœuds (24 km/h) ».

Pour Corsica Linea, dont les bateaux naviguent entre 16 et 21 nœuds, une telle baisse de vitesse « remet en cause le modèle économique » de la compagnie qui transporte de la marchandise entre le continent et la Corse pendant les traversées nocturnes.

Les protecteurs des cétacés veulent aussi réguler l’activité touristique, le « whale watching ». Mal faite, cette pratique peut être assimilée à du « harcèlement », souligne Florence Descroix-Comanducci, secrétaire exécutive d’Accobams (accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacente).

L’association Souffleurs d’écume a mis sur pied un label de bonne conduite: ne pas s’approcher à moins de 100 mètres, avec un seul bateau à la fois, ne pas aller voir les animaux s’il y a des nouveau-nés… Les pratiques à proscrire sont « l’assistance aérienne » pour repérer les animaux et « la nage avec les cétacés », considérées comme perturbantes pour les animaux, explique Morgane Ratel, coordinatrice projet.

La rencontre avec les cétacés ne doit être que la « cerise sur le gâteau », mais pas l’objectif principal d’une découverte de la faune en Méditerranée, confirme Alain Barcelo.

D.C avec AFP

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