«Islamo-gauchisme» à l’université : Vidal n’a diligenté aucune enquête, malgré ses dires

Par Etienne Fauchaire
31 mars 2023 21:52 Mis à jour: 31 mars 2023 21:56

En février 2021, Frédérique Vidal. avait annoncé à l’Assemblée nationale lancer une enquête sur « l’ensemble des courants de recherche » dans les universités en lien avec l’islamo-gauchisme en vue de « distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ». Selon un document ministériel en date du 17 mars, cette enquête n’a jamais été demandée.

Un « bilan de l’ensemble des recherches » afin de « distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion » devait être conduit en février 2021, avait déclaré l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal devant les parlementaires le 16 février de la même année.

Deux jours plus tôt, sur le plateau de CNews, la femme politique faisait part de son intention de demander « une enquête au CNRS » sur « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène » l’université, marchant ainsi sur les traces de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation nationale : dès octobre 2020, ce dernier avait dénoncé les « ravages à l’université » de l’ « islamo-gauchisme ».

Une « demande d’enquête se réduisant à une déclaration d’intention »

Cependant, un document du 17 mars issu du ministère de l’Enseignement supérieur, consulté par Le Monde, révèle que le projet est en réalité resté circonscrit à un effet d’annonce et relevait donc « finalement du registre exclusif de la communication et de la fausse nouvelle », note le journal.

Accusant Frédérique Vidal de commettre un « abus de pouvoir », six enseignants-chercheurs (les sociologues Nacira Guénif, Caroline Ibos, Gaël Pasquier, la géographe Anne-Laure Amilhat Szary, l’historienne Fanny Gallot et le politiste Fabien Jobard) avaient déposé en avril 2021 un recours auprès du Conseil d’État. Rejetée, leur requête avait été ensuite transmise au Tribunal administratif de Paris par l’institution.

Sur demande du juge, la direction des affaires juridiques du ministère de l’Enseignement supérieur a tenté de prouver l’irrecevabilité de la démarche des requérants en faisant valoir que « les propos de la ministre, qui nécessitaient d’être concrétisés par une décision ultérieure adressée à un service afin de le saisir de la réalisation d’une enquête, n’ont été suivis d’aucune demande adressée en ce sens au Centre national de la recherche scientifique, ni à tout autre établissement sous tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Elle précise que « la demande d’enquête se réduisant à une déclaration d’intention » n’a pas été formalisée et qu’aucune enquête n’a été diligentée.

À la suite du déclenchement de la polémique en février 2021, Emmanuel Macron avait infligé un désaveu cinglant à l’initiative de Mme Vidal, critiquée également au sein même de son propre camp.

Si l’affaire est, formellement, close, pour William Bourdon et Vincent Brengarth, avocats des six enseignants-chercheurs, cette annonce a néanmoins engendré « un climat d’intimidation au sein du monde universitaire et dissuadé des études », mais « elle a aussi légitimé intentionnellement le terme d’ “islamo-gauchisme” et amplifié les discours de haine ».

Dans une tribune au Monde, mercredi 29 mars, les requérants affirment quant à eux que depuis lors « les femmes et les minorités sexuelles et raciales doivent montrer patte blanche ».

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