Le fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, reconnu coupable de fraude financière et de blanchiment d’argent

Le gourou des crypto-monnaies risque des dizaines d'années de prison.

Par Kevin Stocklin
5 novembre 2023 05:29 Mis à jour: 5 novembre 2023 05:29

Le gourou des crypto-monnaies, Sam Bankman-Fried, a été reconnu coupable de fraude, de blanchiment d’argent et plus encore.

Un jury new-yorkais composé de 12 membres a reconnu le fondateur de FTX, âgé de 31 ans, coupable des sept chefs d’accusation de fraude et d’association de malfaiteurs en relation avec son rôle dans une opération qui a permis d’escroquer des clients et des investisseurs pour un montant d’au moins 10 milliards de dollars.

Il risque maintenant des dizaines d’années de prison. Le juge américain, Lewis Kaplan, a fixé la sentence de M. Bankman-Fried au 28 mars 2024.

Les avocats de la défense, qui ont soulevé des objections à l’encontre de plusieurs décisions prises par le juge avant et pendant le procès, devraient faire appel du verdict.

M. Bankman-Fried avait plaidé non coupable des sept chefs d’accusation. Cette semaine, il a tenté de convaincre les jurés que, bien qu’il ait commis des erreurs et qu’il se soit peut-être laissé déborder en tentant de diriger FTX, l’une des plus grandes bourses de crypto-monnaies au monde, il n’a pas sciemment escroqué les investisseurs.

Mais lors du contre-interrogatoire mené par les procureurs, il s’est souvent montré évasif et a eu du mal à se souvenir de nombreux événements.

Selon les procureurs, M. Bankman-Fried et d’autres dirigeants de FTX ont sciemment détourné l’argent des clients pour financer les pertes d’Alameda Research, un fonds spéculatif dont il était propriétaire, pour s’offrir un style de vie somptueux avec des maisons en bord de mer, et pour acheter de l’influence auprès des régulateurs grâce à des dons politiques.

Le procès a été marqué par le témoignage des anciens partenaires et employés de M. Bankman-Fried, qui ont tous plaidé coupables d’accusations de fraude et témoignaient pour l’accusation.

Ces témoins, dont l’ancienne directrice générale d’Alameda, Caroline Ellison, l’ancien directeur de la technologie de FTX, Gary Wang, et l’ancien directeur de l’ingénierie de FTX, Nishad Singh, ont attesté que M. Bankman-Fried avait dirigé l’utilisation abusive des fonds ou en avait eu connaissance.

M. Bankman-Fried a cherché à rejeter la responsabilité sur ses anciens collègues, arguant que c’étaient eux qui avaient agi frauduleusement et à son insu.

Il s’est présenté comme un cadre à l’esprit visionnaire, qui n’a souvent pris conscience des mauvaises pratiques de ses subordonnés qu’après coup.

Il se souvient, par exemple, d’avoir dit à Mme Ellison qu’elle avait fait prendre des risques aux investisseurs en ne couvrant pas, ou en ne protégeant pas, ses positions chez Alameda.

« J’ai convoqué Caroline pour lui dire que j’étais très inquiet [au regard de ses agissements] », a témoigné M. Bankman-Fried. « Elle s’est mise à pleurer. Elle a reconnu qu’Alameda aurait dû se couvrir. Elle a admis qu’Alameda n’aurait peut-être pas dû faire certains investissements en capital-risque. Elle a proposé de se retirer. »

Le procureur Nicolas Roos a expliqué aux jurés le 1er novembre que l’empire cryptographique de M. Bankman-Fried était « une pyramide de tromperie construite par l’accusé sur un socle de mensonges et de fausses promesses, le tout pour obtenir de l’argent. L’empire a fini par s’effondrer, laissant d’innombrables victimes dans son sillage ».

L’avocat de la défense, Mark Cohen, a fait valoir que son client avait fait de son mieux pour expliquer aux jurés comment les choses avaient mal tourné, malgré ses meilleures intentions.

« Il a fait de son mieux pour se souvenir, il a exposé ses souvenirs aussi précisément que possible, et il vous a raconté ce qui s’est passé et, surtout, ce qu’il croyait de bonne foi à l’époque », a souligné M. Cohen.

La défense a également fait valoir que les témoins de l’accusation étaient incités à blâmer M. Bankman-Fried, puisque le condamner leur permettait de réduire leur peine.

M. Bankman-Fried a reconnu que ne pas avoir embauché un responsable de la gestion des risques, qui aurait pu permettre d’éviter bon nombre des défaillances de FTX et d’Alameda, constituait l’une des erreurs qu’il avait commises.

L’accusation a toutefois soutenu qu’il ne s’agissait pas d’un oubli, mais plutôt d’un plan élaboré pour s’emparer de l’argent des clients.

« Si vous détournez de l’argent », a souligné l’assistante du procureur Danielle Sassoon, « vous n’avez évidemment pas besoin d’un responsable de la gestion des risques ».

Près de 9 milliards de dollars appartenant à des clients et à des investisseurs ont disparu lors de l’effondrement, en 2022, de la bourse de crypto-monnaies FTX et de son fonds spéculatif affilié Alameda Research.

Aucune procédure n’est prévue pour le 3 novembre, en raison d’un conflit d’horaire impliquant un juré.

Ce qui n’a pas été mentionné dans ce procès, ce sont les plus de 100 millions de dollars de FTX que M. Bankman-Fried a donnés à des hommes et femmes politiques avant l’effondrement de la société.

Il a été le deuxième plus grand donateur de la campagne électorale de Joe Biden en 2020, avec une contribution de plus de 5 millions de dollars, et le deuxième plus grand donateur pour les hommes et femmes politiques du parti démocrate et les comités d’action politique (PAC) lors des élections de mi-mandat en 2022.

Le 16 octobre, M. Singh a confirmé que les dons politiques consentis par les cadres supérieurs de FTX l’ont été à partir des fonds des clients.

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